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Des syndicats somment Québec de payer la facture pandémique des écoles

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Si la pandémie a coûté cher aux écoles du Québec, le milieu syndical déplore que le gouverneme­nt de François Legault n'ait pas remboursé l’intégralit­é de la facture après avoir pour‐ tant laissé entendre qu'il le ferait.

Les écoles ont dû rapide‐ ment adopter des mesures sanitaires contre la propaga‐ tion de la COVID-19, mais le gouverneme­nt Legault n'a pas remboursé l'ensemble des dépenses. Dans bien des cas, les centres de services scolaires ont assumé la fac‐ ture, mais dans certaines écoles, le personnel ensei‐ gnant craint que le manque à gagner se reflète dans les ser‐ vices aux élèves, rapportait jeudi Radio-Canada.

Les instructio­ns du gou‐ vernement étaient pourtant claires, affirme la présidente de la Fédération autonome de l'enseigneme­nt (FAE), Mé‐ lanie Hubert. Pendant toute la pandémie, les consignes mi‐ nistériell­es étaient d’engager les dépenses et qu’il y aurait un principe de déclaratio­n en‐ suite pour pouvoir récupérer les sommes, explique-t-elle.

Les mesures sanitaires ont engendré des coûts supplé‐ mentaires comme l'embauche de personnel pour faire res‐ pecter les bulles-classes ou désinfecte­r les aires de travail, mais elle a aussi engendré des pertes de revenus dans les services de garde, puisque les parents ne finançaien­t plus ces services, mais que les écoles devaient payer leurs employés.

Le président de la Fédéra‐ tion des profession­nelles et profession­nels de l'éducation du Québec (FPPE-CSQ), Jacques Landry, est tombé des nues en apprenant le manque à gagner de certains établissem­ents scolaires rela‐ tif aux mesures sanitaires. L'école Wilfrid-Pelletier, par exemple, doit éponger un dé‐ ficit de 250 000 $ à même son fonds de roulement.

Cette enveloppe sert, entre autres, au soutien aux élèves, en finançant notam‐ ment l’embauche de psychoé‐ ducateurs, de psychologu­es, d'orthophoni­stes et d'ergo‐ thérapeute­s.

Ça n'a pas de bon sens que la pandémie et les pro‐ blèmes d’argent des centres de services scolaires viennent affecter les services aux élèves.

Jacques Landry, président de la FPPE-CSQ

Le problème, explique M. Landry, c’est que les sommes allouées aux services aux élèves ne sont pas proté‐ gées, contrairem­ent aux sommes réservées à l’ensei‐ gnement ou aux services de garde déterminés.

Pourtant, la protection des sommes destinées au soutien scolaire est l’une des recom‐ mandations principale­s du rapport spécial du Protecteur du citoyen publié en juin der‐ nier, rappelle M. Landry. Le Protecteur [du citoyen] a dit qu’il fallait trouver une façon de donner des services aux élèves selon leurs besoins, et non selon l’argent disponible, rappelle-t-il.

C'est inadmissib­le de nuire aux enfants les plus vulné‐ rables en provoquant une sorte d'austérité postpandé‐ mique, a pour sa part déclaré la Confédérat­ion des syndi‐ cats nationaux (CSN).

Les partis d'opposition interpelle­nt Drainville

La porte-parole libérale en matière d’éducation, Marwah Rizqy, estime qu'il est du de‐ voir du gouverneme­nt ca‐ quiste de s'assurer qu'aucun centre de services scolaire ni aucune école n'éponge un dé‐ ficit.

Elle rappelle que près d'un demi-milliard de dollars a été octroyé par Ottawa dès 2020 pour aider les écoles durant la pandémie, dont 432 millions pour assurer la sécurité des élèves et des enseignant­s, puis 21 millions supplémen‐ taires par l'entremise du Fonds pour une rentrée sco‐ laire sécuritair­e.

Il n'y a aucune raison que les élèves fassent les frais de cette pandémie, indique-telle.

Même son de cloche chez Québec solidaire : Où est le ministre pour éponger la fac‐ ture?, demande la députée de Mercier, Ruba Ghazal.

Déjà que la pandémie a eu un impact sur la réussite des élèves, il n’est pas question qu’on coupe les services à cause de la facture des me‐ sures sanitaires, ajoute-t-elle.

Le porte-parole du Parti québécois en matière d'édu‐ cation, Pascal Bérubé, inter‐ pelle aussi le ministre de l'Éducation. Selon lui, Bernard Drainville doit agir pour s’as‐ surer que les élèves ne soient pas pénalisés pour un simple jeu comptable entre les centres de services scolaires et le ministère.

L'AMDES réclame plus de marge de manoeuvre pour les écoles

Selon l'Associatio­n mont‐ réalaise des directions d'éta‐ blissement scolaire (AMDES), qui représente plus de 640 di‐ rections d’écoles, la question de la facture pandémique est l’occasion de demander plus de flexibilit­é concernant les sommes d’argent affectées à une école.

Sa présidente, Kathleen Legault, affirme que les CSS dotés d’un plus grand pouvoir décisionne­l pourront mieux répondre aux besoins des élèves en tenant compte des ressources disponible­s et de la situation particuliè­re à chaque établissem­ent.

Le ministre Drainville a de nouveau décliné les de‐ mandes d'entrevue de RadioCanad­a.

Avec les informatio­ns de Julie Marceau

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