Le coût estimé de l’oléoduc Trans Mountain augmente à nouveau et passe à 30,9 milliards $
La société de la Couronne responsable de l'expansion de l’oléoduc Trans Moun‐ tain a annoncé que le coût estimé du projet est main‐ tenant de 30,9 milliards de dollars. Il y a un an, cette estimation était plutôt de 21,4 milliards de dollars.
Trans Mountain Corpora‐ tion affirme que les coûts plus élevés de ce projet sont attri‐ buables à l’inflation, aux pro‐ blèmes de chaînes d’approvi‐ sionnement, et aux inonda‐ tions survenues en ColombieBritannique en no‐ vembre 2021.
Le projet Trans Mountain consiste en l’élargissement d’une ligne de transport de pétrole entre la région d’Ed‐ monton, en Alberta, et le ter‐ minal pétrolier maritime de Burnaby, en Colombie-Britan‐ nique.
La ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, affirme que ce n’est pas le gouvernement fédéral qui paiera la facture de ces aug‐ mentations de coûts.
Conformément à l’engage‐ ment que nous avons pris en‐ vers les Canadiennes et les Canadiens l’an dernier, nous n’investirons pas de fonds pu‐ blics supplémentaires dans ce projet alors que la construc‐ tion s’achève, affirme-t-elle par écrit, en ajoutant que le gouvernement fédéral n’a pas l’intention de demeurer pro‐ priétaire du projet à long terme et lancera un processus de dessaisissement en temps voulu.
Le gouvernement fédéral a racheté le projet, en 2018, pour la somme de 4,5 mil‐ liards de dollars.
Des coûts élevés qui rendent la revente plus dif‐ ficile
Pour Richard Masson, un ancien cadre du secteur pé‐ trolier maintenant affilié à l'École de politiques publiques de l'Université de Calgary, cette forte hausse du coût de construction du projet rendra plus difficile sa revente éven‐ tuelle.
Il explique que, selon l’en‐ tente conclue avec les compa‐ gnies pétrolières qui utilise‐ ront l’oléoduc pour exporter leur production, ces dépasse‐ ments de coûts ne pourront pas tous être compensés par des frais d’utilisation plus élé‐ vés.
Il est très probable que le gouvernement fédéral devra procéder à une forte dépré‐ ciation de la valeur de son in‐ vestissement parce qu'il n'est pas en mesure d'en tirer des revenus. C'est donc une situa‐ tion très difficile.
Richard Masson de l'École de politique pu‐ blique de l'Université de Calgary Une preuve d'un mau‐ vais investissement, dit une environnementaliste
Du côté des environne‐ mentalistes, on souligne l’am‐ pleur des sommes impliquées dans ce projet. Pour Aliénor Rougeot, de l’organisme Envi‐ ronmental Defence Canada, ces milliards auraient dû être investis dans l’efficacité et la transition énergétique, au lieu de servir à exporter des éner‐ gies fossiles.
« Ça devrait être très déce‐ vant pour les Canadiens, que le gouvernement ait fait un tel faux-pas économique. Ça n'a pas de sens et je pense que c'est le moment de l'avouer, que ça n'avait pas de sens, et de reconnaître son erreur au lieu de continuer à s'enfon‐ cer », soutient-elle.
C'est une folie environne‐ mentale pour la biodiversité, c'est une folie pour le climat, c'est une folie pour les droits autochtones. [...] Et puis main‐ tenant, voilà, il y a ces coûts économiques qui se ra‐ joutent.
Aliénor Rougeot, respon‐ sable des programmes climat et énergie chez Environmen‐ tal Defence Canada
L’écologiste souligne égale‐ ment l’ironie d’une situation dans laquelle des inondations en Colombie-Britannique, qui pourraient être liées aux changements climatiques, font augmenter les coûts d’un projet qui permettra d’aug‐ menter l’exportation de pé‐ trole provenant des sables bi‐ tumineux.
La société de la Couronne Trans Mountain Corporation met de l’avant l’impact écono‐ mique de la construction de ce projet, notamment sur les entreprises autochtones, qui auraient bénéficié du quart des contrats octroyés à ce jour.
Par voie de communiqué, Trans Mountain affirme égale‐ ment que le projet devrait être achevé d’ici la fin de l’an‐ née et le réseau devrait être fonctionnel au début de 2024.