Fumier humain : la commission des eaux usées à Moncton envisage des tests
La Commission des eaux usées du Grand Moncton, TransAqua, envisage de mener des tests pour dé‐ terminer la concentration de contaminants éternels dans le compost qu'elle produit à partir d’excré‐ ments humains. L'annonce d'importations plus impor‐ tantes de cette matière au Nouveau-Brunswick en provenance du Maine a poussé la commission à prendre cette décision.
Jusqu'à maintenant, on n'a pas eu à le faire. La réglemen‐ tation n'exige pas ce genre de tests, mais depuis que l'enjeu a fait surface, on a entamé des démarches, a expliqué vendredi le président de TransAqua, Michel Desjardins.
Il indique cependant que cet enjeu n’est pas sur le radar des instances gouvernemen‐ tales, et qu’il n’y a en ce mo‐ ment pas de lignes directrices sur cette question spécifique.
Quel est le problème avec les boues d’épuration?
Lorsqu’on fait le traite‐ ment des eaux usées, ce qu’on appelle des boues d’épuration sont produites : ce sont des déchets solides, composés des matières fé‐ cales humaines qui se re‐ trouvent dans les toilettes. Parfois désignées par le terme biosolides, ces matières peuvent être enterrées, brû‐ lées, ou encore épandues dans les champs, comme on le fait avec du fumier animal.
Par mesure préventive, l'État du Maine aux États-Unis a récemment interdit l'épan‐ dage des boues d’épuration municipales sur ses terres agricoles, parce qu’elles contiennent des substances perfluoroalkyliques et poly‐ fluoroalkyliques (PFAS), aussi appelées contaminants éter‐ nels.
Une quantité de biosolides du Maine sont importés, avec l'accord du Nouveau-Bruns‐ wick, par l'entreprise néobrunswickoise Envirem Orga‐ nics. Elle utilise les biosolides américains pour produire du compost pour les pelouses et les jardins. Elle assure cepen‐ dant qu’ils ne sont pas épan‐ dus dans des champs agri‐ coles.
Des contaminants qui ne sont pas sur le radar
Au Nouveau-Brunswick, il n’est pas permis d’épandre des biosolides qui viennent des usines d’épuration des eaux, a affirmé le président de TransAqua, Michel Desjardins.
C'est pour ça que nous, depuis 2005 à TransAqua, on produit du compost. À 100 % des biosolides issus de l'usine de traitement des eaux usées et convertis en compost juste du Grand Moncton, a-t-il indiqué vendredi matin à l’émission La matinale.
TransAqua a été constitué pour traiter les eaux usées des citoyens du Grand Monc‐ ton seulement. Nous, on n'importe pas de biosolides de nulle part, précise-t-il. La commission n’a d’ailleurs pas de permis pour en importer.
Michel Desjardins estime qu’environ 18 000 tonnes de biosolides sont convertis en compost annuellement, plus que jamais depuis la mise à ni‐ veau de l’usine d’épuration.
Depuis deux ans, on traite les eaux usées avec des micro-or‐ ganismes au lieu de produits chimiques, essentiellement. Ç'a augmenté la performance de l'usine, il y a moins de dé‐ chets humains qui sont dé‐ versés dans la rivière.
Il y a une réglementation très rigoureuse en place qui nous force à tester le com‐ post pour des pathogènes, des bactéries, toutes sortes de produits chimiques, et nous on se conforme parfaite‐ ment à tous ces règlements. C'est ce qui nous permet d'af‐ firmer que notre compost est de première qualité, dit-il.
Par contre, les PFAS, que
M. Desjardins qualifie de pré‐ occupation émergente, n’étaient pas sur le radar des instances gouvernementales. Les réglementations n’obligent pas la commission des eaux usées à faire des tests pour les détecter.
Il convient qu’il y a là une absence de consignes claires.
Depuis que cette histoire a fait surface, c’est qu'on va être certainement proactifs, a-t-il déclaré. Ceci dit, même si on testait [pour les PFAS], on ne pourrait pas savoir quels se‐ raient les niveaux considérés comme acceptables.
S'il y en a, quelle serait la concentration et quels se‐ raient les niveaux accep‐ tables?, demande-t-il. Les gouvernements et les autori‐ tés de réglementation ne nous ont pas donné de lignes directrices.
Avec les renseignements de Steve Legault et de Frédé‐ ric Cammarano