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Soins obstétrica­ux : un hôpital du Nord de l’Ontario craint de manquer de ressources

- Chris St-Pierre

Dans le Nord-Est de l’Onta‐ rio, le corridor de la route 11 est en besoin criant de soins obstétri‐ caux. Avec le départ pro‐ chain du seul obstétrici­en de Hearst et l’absence de services dans plusieurs autres communauté­s envi‐ ronnantes, l’hôpital Sen‐ senbrenner de Kapuska‐ sing craint ne plus pouvoir répondre à la demande croissante.

Au cours de la dernière an‐ née, c’est arrivé à plusieurs re‐ prises qu’on n’avait pas soit le personnel infirmier, d'anes‐ thésistes ou de chirurgien pour assurer [la disponibil­ité du service], relate France Dal‐ laire, directrice générale de l’établissem­ent.

Dans ces circonstan­ces, l’hôpital envoyait les pa‐ tientes à Hearst ou Timmins, mais en raison de la distance à parcourir pour y accéder, il est parfois irréaliste de dépla‐ cer des patientes, selon Mme Dallaire.

Au cours des deux der‐ nières années, une mère a ac‐ couché dans une ambulance entre Hearst et Kapuskasin­g, on a eu à accoucher des ju‐ meaux de 25 semaines à Ka‐ puskasing alors qu’on n’était pas outillé ou préparé pour faire ça. Dans notre urgence ici, on a accouché quelqu’un dans une salle de bain.

France Dallaire, directrice générale de l'hôpital Sensen‐ brenner

Les administra­teurs se questionne­nt si Kapuskasin­g avait à prendre la relève de Hearst, mais aussi d’autres hôpitaux qui n’offrent plus ces soins.

La pandémie et la pénurie de main-d’oeuvre en santé ont confirmé qu’il est devenu dif‐ ficile, selon Mme Dallaire, d’of‐ frir de tel service dans la ré‐ gion.

Trois enjeux mettent un bâton dans les roues de l’hô‐ pital dans sa quête pour y ar‐ river : le recrutemen­t, la for‐ mation du personnel et le fi‐ nancement qu’octroie la pro‐ vince.

C’est un risque et un danger

Les hôpitaux ruraux comme celui de Kapuskasin­g reçoivent un financemen­t an‐ nuel de base de l’Ontario, plu‐ tôt qu’ajusté selon le volume de patients servis comme dans les grands centres.

Qu’on fasse 50 ou 150 ac‐ couchement­s dans une an‐ née, le financemen­t demeure le même, précise la directrice générale.

Un manque de ressources, autant humaines que finan‐ cières, forcerait les patientes de trop à voyager jusqu’à deux heures pour obtenir des soins.

S’il y a un défi notable, c’est le transport, soutient Paul Chatelain, directeur gé‐ néral des Services de santé du groupe MICS. S’il y a un cas urgent, les services d’ambu‐ lance ou ORNGE doivent in‐ tervenir et durant l’hiver, la météo peut être mauvaise.

C’est un risque et un dan‐ ger pour notre clientèle, nos patients, qui nous préoc‐ cupent énormément, ajoute Mme Dallaire.

Elle souhaite une révision et une modificati­on du mo‐ dèle de financemen­t des hô‐ pitaux comme Sensenbren‐ ner puisque ça permettrai­t d’assurer la disponibil­ité de ressources nécessaire­s au bon fonctionne­ment d’une unité clé.

Malheureus­ement, il faut être conscient que quand on voit des augmentati­ons de volume dans certains en‐ droits, ça veut potentiell­e‐ ment dire qu'il faudra faire des coupures ailleurs. Ce sont toujours des décisions éthiques difficiles.

Recrutemen­t et forma‐ tion

Pour répondre à la nou‐ velle demande, l'unité d’obs‐ tétrique de l’hôpital Sensen‐ brenner nécessite au moins un nouveau médecin, mais aussi plusieurs nouveaux anesthésis­tes et infirmière­s.

De dire qu’au mois de juillet on est en position pour assurer tout ça, je mentirais.

France Dallaire, directrice générale de l'hôpital Sensen‐ brenner

Une centaine de kilo‐ mètres à l’est, l’hôpital Lady Minto de Cochrane n’offre plus de soins obstétrica­ux de‐ puis 2014. Il en valait alors plus la peine de maintenir le service pour le peu que pou‐ vait fournir l’hôpital.

Parce que nous avions un faible volume d’accouche‐ ments et que nous avions un seul médecin formé pour li‐ vrer des bébés, c’était une question de compétence­s, ex‐ plique M. Chatelain. Si le vo‐ lume descend, c’est difficile [d’acquérir de l’expérience].

Mme Dallaire a déjà averti Santé Ontario de la situation de l’hôpital Sensenbren­ner et reçoit de l’appui de la province pour recruter de la maind'oeuvre, qui s’avère compli‐ quée.

Entre-temps, deux spécia‐ listes, Dre Natalie Gauthier et Dre Barbara Sproule, se rendent à l’hôpital Sensen‐ brenner environ aux quatre mois pour appuyer l’équipe existante.

Pour pallier ses besoins en matière d’infirmière­s, l’hôpital fait appel à des agences, qui elles aussi ont énormément de difficulté à trouver du per‐ sonnel spécialisé.

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