Radio-Canada Info

La réalité virtuelle transforme l’enseigneme­nt des soins paramédica­ux

- Aya Dufour

Les casques de réalité vir‐ tuelle du Collège Boréal transporte­nt leurs utilisa‐ teurs vers des situations d’urgence pour que ces derniers puissent mettre en pratique leurs compé‐ tences en soins paramédi‐ caux.

Crises, malaises, défibrilla‐ teurs : les étudiants de cet établissem­ent nord-ontarien doivent agir rapidement pour venir en aide aux person‐ nages qui peuplent cette réali‐ té virtuelle.

C’est un bon endroit pour faire les erreurs qu’on sait qu’on va faire à un moment ou un autre, explique Erika Gi‐ roux, étudiante en première année dans le programme de soins paramédica­ux du Col‐ lège Boréal à Sudbury.

Sa collègue, Alexis Amyotte, raconte qu’il est fa‐ cile de s’immerger dans cette simulation. Quand t’as un pa‐ tient en détresse respiratoi­re, et tu peux voir les muscles bouger, ça fait plus réaliste que quelqu’un qui fait sem‐ blant dans le cadre d’un scé‐ nario de pratique.

L’utilisatio­n de la réalité vir‐ tuelle aide également Emma Brochu, une autre étudiante du programme, à se projeter dans le futur. Je peux visuali‐ ser mon avenir, et com‐ prendre comment je pourrai éventuelle­ment aider les gens.

Je n’ai jamais eu peur d’es‐ sayer quelque chose de nou‐ veau, surtout si ça peut pi‐ quer l’intérêt des étudiants, relate Luc Perreault, qui en‐ seigne le programme depuis 20 ans.

Miser sur sage interactif l’apprentis‐

Pour M. Perreault, le dé‐ ploiement de cette nouvelle technologi­e changera la façon d’enseigner les soins paramé‐ dicaux.

Quand j’ai commencé à en‐ seigner au début des an‐ nées 2000, on utilisait des pré‐ sentations PowerPoint qui étaient parfois longues, ar‐ dues, et somnolente­s, confie M. Perreault en riant. Mainte‐ nant, on évolue vers l'interac‐ tivité.

Avec les dialogues, les ef‐ fets sonores et l’espace 3D, le programme VR patient en réalité virtuelle ressemble à un jeu vidéo.

C’est le futur, affirme Mela‐ nie Burke, qui gère les projets de réalité virtuelle du Collège Boréal.

C’est la façon dont les jeunes jouent. La plupart ont des casques de réalité vir‐ tuelle à la maison, et se sentent très confortabl­es avec ça.

Melanie Burke, techno‐ logue spécialist­e en simula‐ tion pour le Collège Boréal

M. Perreault est du même avis qu’elle. Les génération­s changent, et il faut garder nos méthodes d’enseigneme­nt à jour, opine-t-il.

Même si cette technologi­e est utilisée depuis quelques mois seulement, elle joue déjà

un rôle dans toutes les diffé‐ rentes phases de l’enseigne‐ ment du programme en soins paramédica­ux, de l’introduc‐ tion théorique jusqu’au stage sur le terrain.

C’est particuliè­rement pra‐ tique pour ceux et celles qui iront compléter un stage dans une région éloignée, où l’accès aux ressources est limité, commente M. Perreault. On pourra continuer de pratiquer et enseigner à distance grâce à la réalité virtuelle.

Pour sa part, Mme Burke espère que d’autres pro‐ grammes en santé pourront tirer profit de cette nouvelle technologi­e.

On fait présenteme­nt des essais de logiciels adaptés aux soins infirmiers, offre-t-elle à titre d’exemple. Il y a beau‐ coup de logiciels déjà prêts, il faut simplement acheter les li‐ cences, les mettre sur les casques et puis, go!

À écouter :

Jonction 11-17 | Collège Boréal : Une diplômée du Col‐ lège Boréal au service de sa communauté Matin du Nord | Jean Carrière: un quart de siècle de services paramédi‐ caux Jonction 11-17 | Choisir la carrière d’hygiéniste den‐ taire au Collège Boréal

Une technologi­e pour complément­er les stages

Le but, ce n’est pas de rem‐ placer l’expérience en per‐ sonne, dit Mme Burke d’en‐ trée de jeu.

La technologi­e est plutôt utilisée pour mieux préparer les élèves qui doivent complé‐ ter un stage de plusieurs mois au sein d’un service ambulan‐ cier pour obtenir leur di‐ plôme.

J’ai hâte de voir l’impact que la réalité virtuelle va avoir sur la performanc­e de nos élèves dans leurs stages, ex‐ plique M. Perreault. Est-ce qu’ils seront plus confor‐ tables, dans ces premières sorties en ambulance, puis‐ qu’ils ont été immergés en réalité virtuelle au préalable? On va voir.

Je trouve qu’on s’améliore chaque fois qu’on fait des exercices en réalité virtuelle, dit Emma Brochu, qui doit en‐ core faire quelques mois en classe avant de sortir sur le terrain.

Le directeur et chef des services d’urgence santé du district de Cochrane, Jean Car‐ rière, estime que la technolo‐ gie est prometteus­e, même si elle comporte quelques limi‐ tations.

Il manque une partie des sensations importante­s, comme les odeurs, rappelle-til. Mais ça donne une chance de pratiquer des scénarios ou traiter des blessures qui ar‐ rivent plus rarement dans la vraie vie.

Il conclut que, si cette technologi­e aide à remplir les programmes de soins para‐ médicaux, ce serait une mé‐ thode d'enseigneme­nt à privi‐ légier. On doit avoir plus de diplômés en Ontario. Cette année, nous en aurons seule‐ ment 400, alors qu'on a be‐ soin de plus de 550 ambulan‐ ciers à travers toute la pro‐ vince, souligne M. Carrière.

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