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Les compagnies aériennes à rabais se multiplien­t, peuvent-elles toutes survivre?

- Gabriel Garon

L’industrie du transport aé‐ rien au Canada vit des mo‐ ments de gloire. Le nombre de compagnies aériennes a bondi au cours des der‐ nières années. Mais dans un vaste pays où le volume de passager est bas, autant de transporte­urs peuventils cohabiter, voire même, survivre? Le différend com‐ mercial ayant entrainé l’annulation de plusieurs vols chez Flair la fin de se‐ maine dernière est-il un avant-gout de ce qui at‐ tend les voyageurs?

Après de longs mois cloués au sol en raison de la pandé‐ mie, le tourisme redécolle, ap‐ portant avec lui des milliers de touristes avides de décou‐ vertes. Uniquement dans les 12 derniers mois, deux trans‐ porteurs à bas prix, Lynx Air et Canada Jetlines, ont com‐ mencé à offrir des vols inté‐ rieurs réguliers.

C’est très excitant. Je crois que cette arrivée des trans‐ porteurs à bas prix est une transforma­tion au Canada se réjouit Merren McArthur, pré‐ sidente-directrice générale de Lynx Air.

Lynx n’est d’ailleurs pas le seul transporte­ur a avoir adopté un modèle de trans‐ port aérien à très bas prix. Au cours des cinq dernières an‐ nées, Swoop et Flair Airlines ont aussi commencé à offrir des vols au Canada.

L’exemple de l’Europe

Les vols à bas prix ont la côte en Europe. Tous les jours, des compagnies comme Rya‐ nair et EasyJet opèrent des centaines de vols pour quelques dizaines d’euros seulement. Avec une popula‐ tion dense et des grandes villes à profusion, le marché européen des vols à bas prix a su prouver sa pertinence.

Pour survivre, les compa‐ gnies aériennes à bas prix ré‐ duisent leurs coûts d’opéra‐ tion en n’incluant presque rien dans le prix de base. Ba‐ gage à main, carte d’embar‐ quement, collation, sélection des sièges : tout est facturé au passager. Pratique courante dans l’industrie, plusieurs transporte­urs préfèrent aussi louer des aéronefs neufs et économes en carburant.

Lors d’un défaut de paie‐ ment, ce sont toutefois les passagers qui se retrouvent coincés.

Dans une déclaratio­n écrite, le président-directeur général de Flair Airlines, Ste‐ phen Jones, souligne que la compagnie a mis en service quatre avions supplémen‐ taires [...] et ne prévoit aucune autre perturbati­on de notre feuille de route.

Malgré tout, ce modèle de transport à rabais pourrait entraîner des turbulence­s dans un marché comme le Ca‐ nada.

On a déjà vécu cette même hausse de capacité dans le passé. On peut penser à Canada 3000, JetsGo. Et ça garantit pour moi deux choses : la guerre de prix va continuer, mais aussi, c’est presque une garantie qu’il y a quelqu’un qui va tomber sur le côté , explique John Gradek, chargé de cours au pro‐ gramme en aviation à l’Uni‐ versité McGill.

Selon cet expert, en plus des grandes compagnies comme Air Canada et WestJet, seulement quelques trans‐ porteurs à bas prix peuvent survivre et en ce moment. Le nombre de transporte­urs est beaucoup trop élevé , estimet-il.

Les transporte­urs opti‐ mistes

Les compagnies aériennes demeurent toutefois opti‐ mistes, surfant sur l’intérêt des Canadiens pour le voyage après les confinemen­ts à ré‐ pétition.

On doit adapter notre mo‐ dèle d’affaires à ce qui nous entoure, à la démographi­e et à ce que le consommate­ur veut. Et c’est ce que nous fai‐ sons en adaptant le modèle Lynx à la demande des Cana‐ diens , renchérit Merren McArthur.

John Gradek souligne que la pénurie de personnel af‐ fecte aussi l’industrie du

transport aérien. Ces compa‐ gnies ambitieuse­s, qui multi‐ plient les achats d’aéronefs et les nouvelles routes à desser‐ vir, devront aussi trouver des pilotes, des agents de bord et des technicien­s pour entrete‐ nir ces avions.

Un autre défi de taille pour une industrie en pleine évolu‐ tion.

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