Fonderie Horne : une zone tampon sera créée, quelque 200 ménages seront relogés
De grands bouleverse‐ ments se préparent à Rouyn-Noranda. L'entre‐ prise Glencore rachètera environ 80 immeubles si‐ tués près de la Fonderie Horne, dans le nord du quartier Notre-Dame, afin de créer une zone tampon autour de l'usine, montrée du doigt pour ses émana‐ tions d'arsenic et d'autres polluants.
L'information, d'abord dif‐ fusée par le quotidien La Presse, a été confirmée mercredi matin par Radio-Ca‐ nada.
Quelque 200 familles se‐ ront relogées, leurs rési‐ dences démolies, ce qui per‐ mettra le verdissement des terrains. Le gouvernement Le‐ gault en fera l'annonce jeudi, allongeant lui-même pas moins de 85 M$, notamment pour permettre l'aménage‐ ment d'un nouveau quartier et appuyer la diversification économique de la municipali‐ té.
Québec en profitera pour présenter les prochains objec‐ tifs de la Fonderie en matière d'émissions polluantes.
Il sera notamment exigé que l'usine atteigne un pla‐ fond d'émissions d'arsenic de 15 nanogrammes (ng) par mètre cube (m3) d'ici cinq ans. Mais l'entreprise devra aussi se doter d'un plan à long terme pour atteindre la norme provinciale de 3 ng/m3.
Le ministre de l'Environne‐ ment et de la Lutte contre les changements climatiques, Be‐ noit Charette, se rendra à Rouyn-Noranda pour l'occa‐ sion. C'est lui qui dévoilera le plan d'action du gouverne‐ ment. Il présentera aussi à la presse la nouvelle autorisa‐ tion ministérielle, qui a déjà été transmise à Glencore.
Les ménages visés par ce grand plan de réaménage‐ ment habitent dans 191 loge‐ ments, eux-mêmes répartis dans 90 unités, dont 80 à vo‐ cation résidentielle.
Le déplacement des im‐ meubles les plus proches de
la Fonderie Horne était envi‐ sagé depuis quelque temps déjà. Le chiffre avait été évo‐ qué l'été dernier dans un re‐ portage de Radio-Canada.
Il était également acquis depuis janvier que le déplace‐ ment des résidents du nord du quartier Notre-Dame se‐ rait inclus dans la nouvelle au‐ torisation ministérielle de l'usine, qui sera présentée jeu‐ di.
Les maisons qui seront dé‐ molies s'étaient agglutinées à la Fonderie Horne au fil du temps, le quartier s'étant bâti progressivement autour de l'industrie.
Une limite d'émissions d'arsenic loin de faire l'una‐ nimité
Quant à la limite de 15 ng/m3 d'arsenic dans l'air, Québec ira de l'avant en dépit du fait que la majorité des ré‐ sidents de Rouyn-Noranda la juge trop élevée.
Même si la santé publique a estimé que ce seuil était ac‐ ceptable en attendant l'at‐ teinte de la cible de 3 ng/m3, 57 % de la population s'y op‐ pose, ont révélé les résultats d'une consultation publique menée l'an dernier. Dans le quartier Notre-Dame, le rejet d'une telle cible atteint 70 %.
Or, la société Glencore et le gouvernement du Québec conviennent que l'atteinte de la norme de 3 ng/m3 de‐ meure hors de portée à court terme.
Jusqu'ici, la Fonderie Horne avait le droit d'émettre un maximum de 100 ng/m³ d'arsenic dans l'air, soit 33 fois la norme québécoise. On sau‐ ra jeudi si un seuil transitoire lui sera imposé en attendant l'atteinte de la cible de 15 ng/m3 d'ici cinq ans.
Une décision inaccep‐ table, selon QS
Québec solidaire (QS), qui a perdu la circonscription de Rouyn-Noranda–Témisca‐ mingue au main de la CAQ de François Legault aux der‐ nières élections, souligne que la population locale n'a jamais été consultée concernant ce déplacement planifié.
Le parti exige maintenant qu'elle le soit. Et que, si au terme de ces consultations, la solution d’un déplacement apparaît inévitable et qu’elle fait consensus auprès des ci‐ toyens, la Fonderie Horne as‐ sume la totalité de la facture.
Le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, a fait part de sa surprise et de son agacement à la Tribune de la presse de l'Assemblée nationale, mercredi matin. Au lieu de mettre au pas la multinationale, la CAQ va de‐ mander à 200 familles de faire ses boîtes, a-t-il déploré. Et en plus on va mettre de l'argent public dans l'opération, comme si Glencore Interna‐ tional n'avait pas les moyens de respecter les obligations environnementales du Qué‐ bec.
C'est inacceptable comme décision, et ça démontre les vraies priorités de la CAQ dans ce dossier-là, a lancé le député.