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Faire fortune en promenant des chiens

- Frédéric Arnould

Avec ses 600 000 chiens, la ville de New York repré‐ sente un eldorado pour un métier de plus en plus en vogue et, surtout, de plus en plus lucratif : prome‐ neur de chiens.

Dans le parc Prospect de Brooklyn, Michael Josephs promène deux chiens : le sien et Remi, qui appartient à un couple de jeunes profession‐ nels qui travaillen­t de chez eux, non loin de là, mais qui sont débordés par leur rou‐ tine quotidienn­e.

Michael Josephs l’avoue, devenir promeneur de chien, c’est la meilleure décision qu’il ait prise il y a trois ans, lui qui venait d’obtenir sa licence d’agent immobilier dans la Grosse Pomme.

J'ai commencé en juillet 2019, juste avant la pan‐ démie. On a vraiment grandi très vite, et puis j'ai eu 95 % de ma clientèle qui a quitté New York pendant les confi‐ nements. Tout s’est arrêté, ra‐ conte-t-il.

Petit à petit, ses clients ont repris contact et, en 2022, lorsque tout le monde a com‐ mencé à réintégrer les bu‐ reaux, son entreprise a rebon‐ di fortement.

Aujourd’hui, au sein de son entreprise Parkside Pups, il gère une équipe de neuf pro‐ meneurs de chiens. Il espère même créer un système de paie complet et offrir des avantages sociaux à ses pro‐ meneurs.

Combien coûte ce service? La demi-heure est à 20 $ US, l’heure, à 25 $ US et les deux heures, à 35 $ US. Les gens me demandent toujours pour‐ quoi il faut payer 5 $ US de plus pour les 30 minutes sup‐ plémentair­es. Je pense que tous les chiens méritent de passer du temps dehors, même s'ils ne veulent mar‐ cher que 30 minutes. Ils veulent probableme­nt rester dehors pendant 30 minutes de plus, s'ils ont l'option, af‐ firme-t-il.

200 000 $ US par an?

Au fait, promener des chiens à 20 $ US la demiheure, est-ce que c’est payant?

Michael Josephs répond avec un grand sourire : J’ai fait 120 000 $ US en 2022. Les deux dernières années, nous avons connu une croissance de 250 %. L'année dernière, nous avons augmenté de 150 %. Je pense que cela vous montre que nous sommes sur la bonne voie et je prévois que, cette année, mon objec‐ tif est d'atteindre entre 180 000 $ et 200 000 $ US.

Les maîtres de Remi, Pra‐ shanth Selvam et Lucy Seery, n’ont pas hésité à utiliser les services de Michael Josephs pour sortir leur chien de 2 ans. Ils l’ont adopté pendant la pandémie, dit Prashanth, et depuis qu’ils ont déménagé à Brooklyn, c’est plus facile de faire promener leur chien.

Il aime juste voir d'autres chiens et il aime tellement faire ces promenades. Regar‐ dez comme il est heureux, ex‐ plique Lucy Seery.

Un service personnali­sé

Bethany Lane est devenue promeneuse de chiens il y a 12 ans, en créant sa compa‐ gnie Whistling Wag. J'avais be‐ soin de payer mes factures, mon loyer, mes prêts étu‐ diants. J’ai publié une petite annonce et j'ai vu que quel‐ qu'un était prêt à me payer pour promener des chiens, ce qui, dans mon esprit, était la chose la plus folle dont j'ai en‐ tendu parler, parce que j'aime promener des chiens pour le plaisir, gratuiteme­nt, se rap‐ pelle-t-elle.

Depuis, elle a embauché six employés et fait surtout de la gestion d’entreprise. J'ai dû prendre un peu de recul par rapport aux promenades. Ce qui est un peu dommage, parce que c'est en fait la par‐ tie du travail que je préfère, dit Bethany Lane.

Elle s’est concentrée sur un service très personnali­sé, avec un ou deux chiens maximum pour chaque promenade. Son taux horaire demeure confi‐ dentiel, dit-elle, parce que tout dépend des besoins et de la personnali­té du chien et de ses maîtres.

Selon la Société américaine pour la prévention de la cruauté envers les animaux, plus de 23 millions de foyers américains – soit près d'un sur cinq à l'échelle nationale – ont adopté un chien ou un chat pendant la pandémie. Avec le retour des Américains au bureau, quelqu'un doit bien promener tous ces chiots de la pandémie.

Pas étonnant, donc, que le métier ait attiré énormément de monde. Mais, selon Betha‐ ny Lane, il faut être très fiable, parce que c’est un travail très exigeant. Il faut être prêt à sortir tous les jours, peu im‐ porte le climat.

Un avenir plus que pro‐ metteur

Michael Josephs et sa femme, avec qui il travaille au sein de Parkside Pups, dé‐ bordent de projets. Nous voulons ouvrir une garderie pour chiens à New York, et on rêve d'ouvrir un chenil sur dix hectares de terre au New Jer‐ sey pour pouvoir y amener ma clientèle de New York, pour des séjours plus longs, explique-t-il.

Bethany Lane, elle, a amas‐ sé assez d’argent pour s’ache‐ ter une maison au New Jersey, pour y passer ses week-ends. Son autre vache à lait de‐ meure la garde de chiens pour ceux qui partent en va‐ cances. Avec ces deux atouts, elle s’assure une bonne crois‐ sance de revenus, même si elle souhaite que son entre‐ prise reste à échelle humaine.

Quand on lui demande si elle pensait un jour en faire son gagne-pain, Bethany Lane répond sans ambages : C'était mon rêve. C'est ce que je vou‐ lais. Un rêve avec, à la clé, le succès financier.

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