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Emplois d’été Canada : des budgets réduits qui inquiètent en AbitibiTém­iscamingue

- Martin Guindon

Les députés fédéraux de la région dénoncent la réduc‐ tion des budgets du pro‐ gramme Emplois d’été Ca‐ nada.

La députée d’Abitibi - BaieJames - Nunavik - Eeyou, Syl‐ vie Bérubé, et son collègue bloquiste d’Abitibi - Témisca‐ mingue, Sébastien Lemire, af‐ firment que l’enveloppe pour leur circonscri­ption respective a été amputée de 34 % et de 27 % pour cette année. Le programme permet de cou‐ vrir une partie ou la totalité du salaire d’étudiants pen‐ dant huit semaines.

En plus de ne pas renouve‐ ler l’aide additionne­lle allouée durant la pandémie, le gou‐ vernement fédéral n'aurait in‐ dexé les budgets que de 4 % depuis 2020. C'est bien loin de l'inflation et de la hausse de 12,5 % du salaire minimum, qui est passé de 13,10 $ à 15,25 $ de l’heure au Québec.

Selon les deux élus, cette décision aura un impact sur les étudiants de 15 à 30 ans qui peuvent bénéficier de ce programme, mais aussi sur les organismes communauta­ires, les attraits touristiqu­es, les entreprise­s et les municipali‐ tés de la région qui comptent sur ce programme chaque été.

Comme l’enveloppe est d’un montant et non en fonc‐ tion d’un nombre d’emplois, l'augmentati­on du salaire mi‐ nimum va avoir un impact sur le nombre d’emplois qui pour‐ ra être attribué. Donc oui, c’est quelque chose qui fait mal dans la région et qui ne sera pas sans conséquenc­es. Sébastien Lemire

On est dans un contexte où nos entreprise­s touris‐ tiques vont avoir besoin de main-d’oeuvre pour maintenir leurs activités, où les orga‐ nismes à but non lucratif qui oeuvrent auprès des per‐ sonnes vulnérable­s ont be‐ soin de ressources aussi afin de pouvoir donner un peu d’air durant l’été. C’est aussi à ça que sert le programme, poursuit M. Lemire. J'aurais souhaité que l’on maintienne ces fonds supplément­aires et que ça devienne la norme, parce que le besoin sur le ter‐ rain se retrouve partout dans la région. Donc, ces coupures sont inacceptab­les.

Difficile pour les agricul‐ teurs

Le milieu agricole régional accueille aussi plutôt mal ces compressio­ns. Les agricul‐ teurs ont des besoins impor‐ tants de main-d'oeuvre durant l’été, notamment pour les tra‐ vaux de récolte et les foins. D’autant plus que le contexte économique actuel est très difficile pour plusieurs d’entre eux.

C’est sûr qu’on trouve ça déplorable. Il y a plusieurs en‐ treprises agricoles et agroali‐ mentaires qui se servent de ces programmes parce qu’ils sont bien adaptés pour avoir des étudiants pendant l’été. On sait en plus qu’on est vrai‐ ment en crise, au niveau du coût des intrants et de la hausse des taux d’intérêt. Souvent, ça peut mettre cer‐ taines entreprise­s en péril si elles n’ont pas ces aides-là pour avoir des étudiants pen‐ dant l’été. Il y a quand même plusieurs petits producteur­s maraîchers qui ont besoin de cette aide et leur marge est extrêmemen­t serrée, signale Pascal Rheault, président de la Fédération de l’UPA de l’Abi‐ tibi-Témiscamin­gue.

Pression sur le commu‐ nautaire

Les organismes commu‐ nautaires font aussi beau‐ coup appel à ce programme fédéral pour embaucher des étudiants, que ce soit pour développer des projets ou s’offrir un répit sans réduire les services durant la saison estivale.

La situation du sous-finan‐ cement fait en sorte que la pression est énorme sur les équipes de travail des orga‐ nismes communauta­ires pour répondre aux besoins pré‐ sents. Souvent, les orga‐ nismes ont la chance d’avoir un Emploi d’été Canada qui va peut-être pallier aux vacances d’été, permettre de se reposer et se préparer pour repartir l’année en neuf, explique Ma‐ rie-Ève Duclos, coordonna‐ trice de la Concertati­on régio‐ nale des organismes commu‐ nautaires de l’Abitibi-Témisca‐ mingue.

C’est d’autant plus vrai pour les plus petites organisa‐ tions, plaide-t-elle.

Quand c’est une petite équipe de travail de deux ou trois personnes, et qu’il y a des gens qui partent en va‐ cances, s’il n’y a pas d’emploi d’été pour prendre la relève, ils sont obligés d’arrêter les services, les activités. Quand ce sont de plus grosses équipes, ils réussissen­t à pal‐ lier autrement, mais dans de toutes petites équipes, l’Em‐ ploi été Canada peut repré‐ senter un quart de ta force de travail durant l’été, souligne Marie-Ève Duclos.

Inquiétude­s risme en tou‐

La nouvelle soulève aussi beaucoup d’inquiétude­s dans le milieu touristiqu­e, où plu‐ sieurs attraits et événements ont besoin de cette maind'oeuvre qui cadre parfaite‐ ment avec les besoins saison‐ niers de ces organisati­ons.

Souvent, on a besoin d’employés saisonnier­s .On va donc faire appel à ce pro‐ gramme qui nous permet aussi, en même temps, d’inté‐ grer des jeunes au marché du travail. On est saisonnier­s, les moyens sont limités. C’est donc une très grande menace pour des régions rurales comme la nôtre, où les petits, les très micro attraits néces‐ sitent cette forme de pro‐ gramme, fait valoir Randa Napky, directrice générale de Tourisme Abitibi-Témisca‐ mingue.

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