Mobilisation contre la réforme des retraites : Macron « pense qu’on va s’épuiser »
ANNONAY, France – « Au‐ jourd’hui, on ne parle que des poubelles à Paris, mais les mouvements sont par‐ tout », nous dit Raphaël Foïs devant une usine d’au‐ tobus dont des employés sont en grève.
Mercredi, ce syndicaliste de la ville d’Annonay, secré‐ taire général de l’union locale du syndicat CGT, en était à sa huitième journée de mobilisa‐ tion contre la réforme des re‐ traites.
Signe que le projet du gou‐ vernement ne soulève pas de l’opposition qu'à Paris, des foules records ont participé aux dernières manifestations dans sa ville, tout comme dans d’autres municipalités plus petites à travers le pays.
La CGT assure que 12 000 personnes ont défilé dans les rues d'Annonay le 7 mars. Le bilan de la préfec‐ ture de police est plus mo‐ deste avec une foule estimée à 5500 personnes. Peu im‐ porte les chiffres, la mobilisa‐ tion demeure importante dans cette ville dont la popu‐ lation est d’environ 16 500 ha‐ bitants.
Selon Raphaël Foïs, le sym‐ bole est d’autant plus fort que cette petite ville de l’Ardèche a déjà été dirigée par Olivier Dussopt. L’ancien maire et dé‐ puté socialiste est aujourd’hui ministre du Travail d'Emma‐ nuel Macron, responsable de piloter la réforme des re‐ traites.
Quand on demande aux gens de venir à Annonay, c’est parce que c’est la ville du mi‐ nistre. C’est important de montrer que même dans sa ville natale, les gens sont mo‐ bilisés.
Raphaël Foïs, secrétaire gé‐ néral de l’union locale de la CGT à Annonay
Semaine décisive
Mercredi, la foule réunie dans les rues d’Annonay était moins imposante que la se‐ maine précédente (6000 selon les syndicats, 1800 selon la police), mais néanmoins dé‐ terminée à faire reculer le gouvernement sur sa volonté de faire passer l’âge légal du départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Le président, la première ministre et les ministres campent sur cette position, assurant qu’elle est nécessaire pour assurer la pérennité du système français de retraites.
Pour l’instant, le gouverne‐ ment est très sourd. J’espère qu’il n’attend pas qu’il y ait des débordements pour nous écouter, lance Estelle, qui a participé à plusieurs manifes‐ tations.
À l’approche d’un vote à l’Assemblée nationale sur le projet de loi destiné à devenir cette réforme des retraites, la réflexion est incontournable. Le mouvement de contesta‐ tion se poursuivra-t-il même si la loi est adoptée? Si oui, quelle forme prendra-t-il?
Le mouvement ne peut que se durcir, parce qu’au‐ jourd’hui, on a un gouverne‐ ment qui n’écoute pas la France, croit le syndicaliste Raphaël Foïs, qui assure que malgré les semaines qui passent, les opposants à la ré‐ forme des retraites sont tou‐ jours aussi motivés.
Fabienne, une employée du secteur de la santé qui était de la manifestation mer‐ credi, s’est montrée déçue par le peu d’avancées face au gou‐ vernement. C’est dommage, parce que je pense qu’il y avait quelque chose à faire, lance-t-elle.
Elle reconnaît qu’il n’est pas évident pour tout le monde de participer réguliè‐ rement au mouvement de grève, vu la perte de revenu occasionnée par une absence du travail. Mais la manifes‐ tante croit que ce sacrifice en vaut la peine pour tenter d’éviter la retraite à 64 ans.
Un récent sondage de la firme ELABE, mené pour la chaîne de télévision BFMTV, avançait que les deux tiers des Français approuvent le mouvement d'opposition à la réforme des retraites et même que 67 % d’entre eux souhaitent qu’il se poursuive en cas d’adoption de la législa‐ tion.
Les grands syndicats du pays, tous unis dans leur op‐ position à la réforme, ont pro‐ mis de se réunir à l’issue de l’examen du projet de loi.
C’est à ce moment qu’on pourrait avoir une meilleure idée du plan qu’ils décideront d’adopter pour faire face à la stratégie du gouvernement qui, selon Estelle, manifes‐ tante d’Annonay, pense qu’on va s’épuiser, s’essouffler, qu’on n'aura pas assez de ca‐ pacité.