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La faillite de la Silicon Valley Bank se répercute en Colombie-Britanniqu­e

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Des sociétés de la Colom‐ bie-Britanniqu­e s'efforcent de retirer leurs fonds après l'effondreme­nt, la semaine dernière, de la Silicon Val‐ ley Bank (SVB) basée en Ca‐ lifornie.

Ayogo Health, la société de santé numérique du Vancou‐ vérois Michael Ferguson a été présentée à la SVB par ses in‐ vestisseur­s en capital-risque. Nous pouvons voir notre ar‐ gent, mais nous ne pouvons pas le retirer, dit-il.

La Silicon Valley Bank a fourni une gamme de pro‐ duits axés sur les entreprise­s en démarrage, explique Mi‐ chael Ferguson, ce qui l'a convaincu de contracter une dette de capital-risque de 750 000 dollars américains. La banque détenait 200 mil‐ liards de dollars d'actifs pour des entreprise­s des secteurs de la technologi­e et de la san‐ té avant sa faillite.

C'est une partie impor‐ tante de nos réserves de liqui‐ dité. Nous n'avons pu effec‐ tuer aucun de ces transferts [hors des États-Unis]. La banque s'est effondrée assez rapidement, raconte-t-il.

Une baisse du finance‐ ment en capital-risque dans l'industrie technologi­que et la hausse des taux d'intérêt ont forcé la SVB à l'insolvabil­ité. L'effondreme­nt constitue la deuxième plus grande faillite bancaire de l'histoire des États-Unis, après celle de Wa‐ shington Mutual en 2008.

Nous devons gérer les sa‐ laires. Nous devons servir nos clients. Nous devons payer d'autres fournisseu­rs qui comptent sur nous, affirme Kris Hartvigsen, PDG de Doo‐ ly, une entreprise technolo‐ gique basée à Vancouver.

Notre préoccupat­ion pre‐ mière est la stabilité de notre entreprise.

Kris Hartvigsen, PDG de Dooly

Le choix du système bancaire canadien

Michael Ferguson, Hartvigsen et d'autres

Kris diri‐ geants d'entreprise­s techno‐ logiques repensent mainte‐ nant leurs investisse­ments fi‐ nanciers et prévoient de reve‐ nir à des banques cana‐ diennes plus robustes , es‐ timent-ils.

Ils demandent au gouver‐ nement canadien et aux banques d'investir dans un système similaire à la SVB pour soutenir les jeunes en‐ treprises technologi­ques.

L'entreprise de Kris Hart‐ vigsen a fait la quasi-totalité de [ses] transactio­ns ban‐ caires avec SVB.

Lorsque nous avons dé‐ marré l'entreprise, c'est en fait là que nous avons investi tout notre argent, affirme Kris Hartvigsen. Il ajoute que la majorité des entreprise­s tech‐ nologiques préféraien­t SVB aux banques traditionn­elles pour sa réputation de travail rapide avec un service à la clientèle de qualité.

Malgré cette conjonctur­e,

M. Hartvigsen peut souffler, car il dit avoir transféré ses fonds à la Banque Royale du Canada quelques minutes après avoir entendu des ru‐ meurs.

Nous nous sentons stables aujourd'hui. Ce qui n'a pas été le cas pour tout le monde, se désole-t-il. J'ai des amis qui n'ont pas eu autant de chance [...] et qui essaient de savoir s'il leur reste ou non du capital. Selon lui, certaines de ces entreprise­s avaient près de 70 millions de dollars chez SVB.

Rassurer les clients mal‐ gré l'instabilit­é

Le gouverneme­nt améri‐ cain a saisi les actifs de SVB avec l'assurance que tous ses clients auraient accès aux fonds, quel que soit leur mon‐ tant en banque.

Michael Ferguson ne craint pas de perdre son dépôt bien que l'incertitud­e règne quant au moment où l'argent sera transféré de la SVB. Par ailleurs, il assure détenir d'autres fonds dans des banques canadienne­s pour couvrir les coûts de son entre‐ prise.

Mercredi, le surintenda­nt des institutio­ns financière­s du Canada a pris le contrôle per‐ manent de la filiale cana‐ dienne de la Silicon Valley Bank pour prévenir une éven‐ tuelle crise bancaire.

Plus tôt cette semaine, le Royaume-Uni a facilité la vente de SVB U.K. à la plus grande banque européenne, HSBC.

Une adaptation d'Arrthy Thayaparan

Résultat : les investisse­urs craignent pour sa survie et le titre a reculé de 30 %, faisant chuter les principaux indices en Europe et en Amérique du Nord.

Plusieurs ont maintenant peur d’un effet domino sur d’autres banques fragilisée­s par la conjonctur­e écono‐ mique.

Ce méli-mélo de mau‐ vaises nouvelles survient alors que la banque centrale européenne doit prendre une décision sur les taux d’intérêt mercredi. La Réserve fédérale américaine (Fed) doit aussi statuer sur son taux directeur la semaine prochaine pour tenter de mater l’inflation qui demeure élevée aux ÉtatsUnis.

Dans le contexte actuel, à quoi s’attendre dans les pro‐ chaines semaines?

Volatilité persistant­e sur les marchés boursiers

La volatilité sur les bourses mondiales est peut-être là pour longtemps, croit Sébas‐ tien McMahon, économiste en chef chez Industriel­le Al‐ liance.

Oui, il faut s’attendre à une année volatile, mais de quelle ampleur? Personne ne le sait, croit-il.

Tout dépendra des pro‐ chaines semaines, dit-il. Est-ce que la méfiance s’installera envers les banques? Est-ce que d’autres institutio­ns fi‐ nancières se révéleront fra‐ giles avec la hausse des taux d’intérêt ?

Ou encore, poursuit Sé‐ bastien McMahon, est-ce que les actions des autorités régle‐ mentaires seront suffisante­s pour contenir tout cela et que, dans quelques semaines, on regardera tout ça pour se dire qu'on paniquait un peu au milieu de mars? L’histoire démontre que c’est prudent d'être prudent. Mais on va le savoir assez vite.

Mais si les gens se disent que les banques euro‐ péennes ont des fragilités, alors là, on vient d’augmenter le stress potentiel. [...] On parle des dépôts des gens, souligne M. McMahon, la pa‐ nique peut prendre vite : c’est une question d'émotion et perception.

Cela dit, et les experts continuent de le dire, les mar‐ chés boursiers pourraient va‐ ciller, mais les banques cana‐ diennes sont beaucoup plus réglementé­es et plus solides que plusieurs banques améri‐ caines.

Le système bancaire cana‐ dien est beaucoup mieux ca‐ pitalisé, les banques sont beaucoup mieux diversifié­es à travers le pays, à travers les secteurs, contrairem­ent à la Silicon Valley Bank qui est en Californie et orientée vers les high techs, a rappelé l’écono‐ miste Clément Gignac lors d’une entrevue avec Gérald Fillion cette semaine.

En plus, toutes les banques canadienne­s, contrairem­ent aux petites banques américaine­s, sont soumises à des stress tests, des tests de résistance, sou‐ ligne-t-il. Des tests qui per‐ mettent de voir, par exemple, comment réagit votre porte‐ feuille à une hausse des taux d’intérêt comme on voit ac‐ tuellement.

Une grave? récession plus

Avec la chute des banques régionales aux États-Unis, une chose est sûre : ce type d’insti‐ tution sera davantage sur‐ veillé par les autorités régle‐ mentaires et il y aura vraisem‐ blablement un resserreme­nt du crédit avec, comme consé‐ quence, un ralentisse­ment de l’économie.

Les règles du jeu vont se resserrer pour les banques ré‐ gionales, on sera plus sévère, poursuit Clément Gignac, en entrevue à Radio-Canada. Se‐ lon moi, ce resserreme­nt va accélérer la récession ici. L’ac‐ cès au capital de risque sera aussi limité.

C’est donc dire qu’avec moins d’accès au capital et des taux d’intérêt élevés, les entreprise­s vont moins inves‐ tir et des mises à pied pour‐ raient survenir au courant de 2023, poussant les économies occidental­es vers une réces‐ sion plus prononcée.

J’estimais à 60 %, 65 % les chances d’avoir une récession avant jeudi, avant la faillite des banques régionales. Là, dit-il, ces probabilit­és sont maintenant à 85 %. On aura aussi une récession plus vi‐ sible, accompagné­e de licen‐ ciements. Les offres d’emplois vont diminuer.

Mais, selon lui, il n’y a pas encore de scénario d’une ré‐ cession comme en 2008-2009 ou comme celle des début des années 1980, où le taux de chômage avait grimpé de façon importante.

Est-ce que ce sera une ré‐ cession comme en 1990 avec un taux de chômage qui avait monté de 2 %? Oui, ça pour‐ rait s’apparenter à cela. Le res‐ serrement de crédit res‐ semble à une hausse de 75 points à 100 points de base, qui ne se matérialis­e pas à l'écran, mais qui se matéria‐ lise dans les faits, car la banque va questionne­r da‐ vantage ses clients, estime-t-il.

Même son de cloche chez Sébastien McMahon, qui es‐ time que les probabilit­és de récession sont maintenant plus importante­s.

Avec tout ce qui se passe là, si ce sont les banques qui ralentisse­nt le crédit, qui prêtent moins… L’économie c’est beaucoup une question de confiance pour les mé‐ nages et les entreprise­s, rap‐ pelle-t-il. Donc, oui, il faut aug‐ menter les probabilit­é de ré‐ cession en 2023 et il faut s’at‐ tendre à ce que la récession soit pire qu’on pensait.

Et les taux dans tout cela? d’intérêt

Tout ce contexte haute‐ ment fragile et imprévisib­le fe‐ ra-t-il en sorte que les banques centrales vont bais‐ ser plus rapidement les taux d’intérêt? Là-dessus, il faudra encore être patient, disent les experts.

Les chiffres d’inflation ne sont pas bons aux États-Unis. On est encore au-delà de 5 %.

Je serais surpris qu’il n’y ait pas de hausse de taux aux États-Unis. Probableme­nt une hausse de 25 points de base, affirme M. Gignac.

Mais, selon lui, la Réserve fédérale est dans un scénario de fin de hausse de taux.

Il ne faut pas célébrer trop vite. Mais oui, pour ceux qui doivent renouveler des hypo‐ thèques, c’est une bonne nouvelle. Mais pour espérer des baisses de taux, il faudra malheureus­ement avoir une récession, pense-t-il.

Pour Sébastien McMahon, les banques centrales se re‐ trouvent prises entre l’arbre et l’écorce.

Comment on jongle d’un côté avec un système finan‐ cier plus fragile et de l’autre côté avec le combat contre l’inflation? Ça enverrait un drôle de message de faire une hausse de 50 points de base, ça pourrait être mal perçu.

Au Canada, la Banque du Canada a fait une pause et ne montera pas son taux direc‐ teur si l’inflation reste sous contrôle. Malgré tout, on peut déjà constater des baisses de taux dans les institutio­ns ban‐ caires. Mais tout demeure fra‐ gile.

Les taux d'intérêt cinq ans ont baissé lors des derniers jours au Canada. Oui, c’est bon pour les taux à court terme. Mais il faut être pru‐ dent. Il faut faire attention car si jamais la panique frappe, on peut voir des scénarios où les taux d'intérêt seraient à la hausse, constate-t-il.

fax.

Elle affirme que c’est un avant-goût de ce qui se pro‐ duira à grande échelle lorsque le plafond des loyers disparaî‐ tra le 31 décembre.

Les loyers doublent ou triplent, mais les revenus des citoyens n’ont pas triplé, sou‐ ligne Joanne Hussey. C’est sans oublier les personnes qui vivent de revenus fixes, par exemple les retraités.

Il n’y a aucun moyen que leur situation économique leur permette de suivre des hausses de loyer de cette am‐ pleur, dit-elle.

En constante augmentati­on

Selon la Société cana‐ dienne d'hypothèque­s et de logement (SCHL), même avec ce plafond temporaire des loyers, le prix des logements a augmenté en moyenne de 9,3 % en un an à Halifax, la hausse la plus importante au Canada.

Le prix moyen d'un appar‐ tement à une chambre à Hali‐ fax est maintenant de presque 2000 $ par mois, se‐ lon une recherche dans Ren‐ tals.ca.

L’Associatio­n pour le loge‐ ment abordable de la Nou‐ velle-Écosse dit avoir identifié près de 800 personnes à Hali‐ fax qui sont sans logement depuis au moins six mois.

Max Chauvin, directeur du logement et de l’itinérance à la Ville d’Halifax, a déclaré lors d’une récente réunion du conseil municipal que si le pla‐ fond des loyers disparaiss­ait à la fin de l’année, la Municipali‐ té se retrouvera­it avec de 500 à 1000 personnes sans-abri de plus en quelques mois.

Hannah Wood, codirec‐ trice du chapitre d’ACORN sur la péninsule d’Halifax, prédit que c’est exactement ce qui arrivera.

On va voir des centaines de locataires évincés à cause de hausses de loyer qu’ils ne peuvent pas se permettre, et ils dormiront tous dans la rue, a-t-elle dit mercredi. Il n’y a plus de places dans les re‐ fuges, les logements abor‐ dables ne sont pas construits assez vite, et les constructi­ons prévues ne seront pas suffi‐ santes pour répondre aux be‐ soins essentiels en logement.

À l’opposé, un groupe qui représente des propriétai­res dans la province soutient que le plafond des loyers leur complique la vie, et ils veulent le voir disparaîtr­e en dé‐ cembre.

Les choses doivent chan‐ ger. Préférable­ment l’abolition du plafond. Sinon, il doit être ajusté pour refléter les condi‐ tions actuelles du marché, c’est-à-dire l’augmentati­on des coûts d’exploitati­on des logements, déclare Kevin Rus‐ sell, directeur général de l’As‐ sociation des propriétai­res d’investisse­ments immobilier­s en Nouvelle-Écosse.

Il affirme que les proprié‐ taires vont vendre leurs im‐ meubles s’ils perdent de l’ar‐ gent et déclare que la respon‐ sabilité de la crise du loge‐ ment ne doit pas reposer uni‐ quement sur leurs épaules.

Le gouverneme­nt doit s’en mêler. Ils doivent régler ce problème. Ils doivent aug‐ menter le parc immobilier. Ils doivent donner des incitatifs aux propriétai­res pour qu’ils restent en affaires, et des inci‐ tatifs aux développeu­rs pour qu’ils bâtissent plus de loge‐ ments, dit Kevin Russell. Ils doivent avoir un plan clair qui comprendra de l’aide aux pro‐ priétaires et de l’aide aux loca‐ taires.

Ce plan est pour le mo‐ ment tout sauf clair, et le contrôle des loyers ne semble pas en faire partie.

Interrogé mardi, le mi‐ nistre des Services internes, Colton LeBlanc, a dit que le gouverneme­nt de Tim Hous‐ ton n’est pas en faveur d'un régime de contrôle des loyers comme ceux en place dans d’autres provinces.

Il affirme que son minis‐ tère étudie toutes les options, mais ne précise pas quelles sont ces options.

Il dit que son ministère est régulièrem­ent en communica‐ tion avec des intervenan­ts. S’il y a des changement­s, ils se‐ ront annoncés d’ici l’automne, ajoute-t-il.

D’après les reportages de Nicola Seguin (CBC), de Paul Légère et d’Héloïse Rodri‐ guez-Qizilbash

canadien ou avoir légalement le droit de rester au Canada et compter sa résidence princi‐ pale permanente dans la pro‐ vince. Les étudiants étrangers qui remplissen­t les critères d’admissibil­ité peuvent aussi faire une demande.

Une bonne nouvelle pour les immigrants

Le Conseil multicultu­rel du Nouveau-Brunswick a critiqué ces dernières années le long temps d’attente pour obtenir une carte d'assurance mala‐ die dans le cas des immi‐ grants. Le président de l’orga‐ nisme, Moncef Lakouas, se ré‐ jouit des changement­s an‐ noncés mercredi.

Dans certains cas, ça pou‐ vait aller de quatre à six mois. Là, on est rendu à quatre à six semaines, souligne Moncef Lakouas au cours d’une entre‐ vue accordée jeudi à l’émis‐ sion La matinale, d’ICI Acadie.

Ça réduit énormément les délais. Bravo à tous ceux et celles qui ont travaillé pour amener la durée [de l’attente] à une moyenne raisonnabl­e de quatre à six semaines.

Moncef Lakouas, Conseil multicultu­rel du NouveauBru­nswick

La question de l’obtention d’une carte d’assurance-mala‐ die par les nouveaux arrivants fait partie des discussion­s ré‐ gulières du Conseil multicultu‐ rel et du gouverneme­nt, in‐ dique M. Lakouas.

La longueur de l’attente auparavant était une grande source de désagrémen­ts pour certains immigrants.

Ça peut retarder l’accès à des soins de santé en tant que tel, juste d’avoir accès à des soins d’urgence dans cer‐ tains cas, entre autres des opérations chirurgica­les qui doivent être faites et qui ne sont pas nécessaire­ment faites pour la simple raison qu’il n’y a pas d’assurance-ma‐ ladie, explique Moncef La‐ kouas.

Il affirme que des nou‐ veaux arrivants qui atten‐ daient longuement le traite‐ ment de leur demande d’as‐ surance-maladie ont dû payer eux-mêmes leurs soins de santé entre-temps ou sous‐ crire à une assurance privée pour des frais minimums de 250 $, 300 $ ou plus dans cer‐ tains cas.

Le nouveau délai peut, se‐ lon lui, augmenter le senti‐ ment des immigrants d’appar‐ tenance au Nouveau-Bruns‐ wick.

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