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La superclini­que Médigo à Gatineau met fin aux consultati­ons sans rendezvous

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À compter du 1er avril, la superclini­que Médigo à Ga‐ tineau cessera d’accorder des rendez-vous aux pa‐ tients qui n’ont pas de dos‐ sier. Il ne sera donc plus possible pour les personnes orphelines de médecin de famille d’obtenir une consultati­on médicale sans préalablem­ent passer par le Guichet d'accès à la pre‐ mière ligne (GAP) mis en service par le gouverne‐ ment québécois.

En plus des 27 000 patients inscrits à la clinique, Médigo avait pour mandat d’offrir 20 000 consultati­ons sans ren‐ dez-vous par année, un volet que la clinique laisse tomber. Il est à noter que le fonction‐ nement du GAP diffère dans la mesure où il s’agit d’une prise en charge de patients.

Une décision difficile

La Dre Anne Gervais, direc‐ trice médicale de la clinique Médigo, confirme que les dé‐ marches étaient entreprise­s depuis le printemps 2022 et assure avoir discuté avec tous les paliers décisionne­ls avant d’en arriver à cette conclu‐ sion.

Elle explique ce choix par un essoufflem­ent des méde‐ cins d’assurer à la fois la prise en charge de patients et les consultati­ons sans rendezvous combinées à l’ajout des services du GAP.

On a eu plusieurs discus‐ sions pour essayer de voir si on ne pouvait pas avoir de l’aide pour poursuivre le volet population­nel, pour ceux qui étaient orphelins au niveau de la clinique Médigo. On n’a malheureus­ement pas réussi à aller chercher de l’aide dans ce sens-là. À un moment don‐ né, on a dû faire un choix.

Dre Anne Gervais, direc‐ trice médicale de la clinique Médigo

Même si elle assure que la décision n’a pas été des plus faciles, la Dre Gervais croit que le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l'Outaouais s’attendait depuis quelque temps à la suppres‐ sion des 20 000 consultati­ons annuelles offertes par la cli‐ nique.

Pas d’inquiétude chez les omnipratic­iens

Le président de l’Associa‐ tion des médecins omniprati‐ ciens de l’Ouest du Québec (AMOOQ), le Dr Guillaume Charbonnea­u, ne s’inquiète pas outre mesure de la fin des opérations sans rendez-vous de Médigo.

Il rappelle que l’Outaouais a connu une importante aug‐ mentation des services offerts aux patients orphelins depuis l’arrivée du Guichet d’accès à la première ligne (GAP).

La perte de Médigo fait en sorte qu’il y a à peu près 20 000 plages de sans rendezvous qui disparaiss­ent. D’un autre côté, depuis l’implanta‐ tion du [GAP] et de l’inscrip‐ tion collective, les médecins de famille dans l’Outaouais ont donné plus de 42 000 plages pour des patients qui n’ont pas de médecins de fa‐ mille [...]. Malgré tout, en terme global, il y a plus de plages disponible­s pour les patients qui n’ont pas de mé‐ decin de famille dans l’Ou‐ taouais aujourd’hui qu’il n’y en avait il y a un an ou deux.

Dr Guillaume Charbon‐ neau, président de l’Associa‐ tion des médecins omniprati‐ ciens

Accessible sur Internet ou par le moyen de la ligne télé‐ phonique 811, le GAP permet d’effectuer un triage en réfé‐ rant les patients à d’autres profession­nels de la santé lorsque l’utilisatio­n d’une plage médicale n’est pas né‐ cessaire, explique le médecin.

Idéalement, on voudrait que tout le monde ait son médecin de famille, convientil. Le constat est que malheu‐ reusement il n’y a pas de res‐ sources suffisante­s. [...] Il fal‐ lait trouver une nouvelle fa‐ çon d’offrir des services [...], mais en étant sûr d’utiliser la ressource médicale quand elle est vraiment nécessaire. À écouter :

L'entrevue du Guillaume Charbonnea­u l'émission Sur le vif

Un désastre total

Dr

à

Sur la scène politique, le député libéral de Pontiac, An‐ dré Fortin, estime que cette nouvelle est un désastre total .

Il y a des dizaines de mil‐ liers de patients en Outaouais qui n’ont pas de médecins de famille et pour eux, Médigo, c’était un peu la seule avenue vers laquelle se tourner outre l’urgence. Alors, avec la ferme‐ ture de Médigo au sans-ren‐ dez, tous ces patients-là se re‐ trouvent sans aucune oppor‐ tunité de consulter un profes‐ sionnel de la santé si ce n’est que de se tourner vers l’ur‐ gence.

André Fortin, député libé‐ ral de Pontiac

Il accuse les primes accor‐ dées par le gouverneme­nt provincial aux médecins qui pratiquent auprès du Guichet d’accès d’être à l’origine de l’in‐ capacité d’une clinique comme Médigo de continuer d’offrir des consultati­ons sans rendez-vous. Ce dernier sou‐ ligne que le GAP est avanta‐ geux pour les médecins.

Dans une déclaratio­n écrite, le ministre responsabl­e de la région et député de Pa‐ pineau, Mathieu Lacombe, déclare pour sa part avoir pris connaissan­ce « de la décision de la clinique qui est de se rat‐ tacher au Guichet d'accès à la première ligne (GAP) pour la prise de rendez-vous. » Il ré‐ itère que les premiers résul‐ tats de la mise en place du GAP sont encouragea­nts et qu’il faut faire connaître da‐ vantage ce service.

Inquiétude­s l'accès au GAP quant à

Le président d’Action-San‐ té Outaouais, Denis Marche‐ terre, qualifie cette décision d'« inquiétant­e » et de déce‐ vante. Le manque d’accessibi‐ lité de la plateforme en ligne du GAP l’inquiète, notamment pour une tranche plus vulné‐ rable de la population.

En ce qui concerne la redi‐ rection des patients vers les urgences, il ne s’agit pas d’une solution pour lui. Pendant ce temps-là, le CISSS de l’Ou‐ taouais doit trouver une solu‐ tion pour désengorge­r les ur‐ gences. On ne les aide pas beaucoup quand on ferme les cliniques sans rendez-vous évidemment. C’est dommage, c’est difficile à gérer pour le CISSS de l'Outaouais aussi, se désole-t-il.

La directrice médicale de la clinique Médigo, la Dre Anne Gervais, reconnaît elle aussi la complexité et la lourdeur du fonctionne­ment de la plate‐ forme. Je ne vous cacherai pas que c’est une façon de faire qui est un peu lourde. Ça va être aux autorités de travailler sur les mécanismes pour avoir des soins en Outaouais.

Avec les informatio­ns de Rémi Authier et de Mohamed Tiéné

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