Les prix des billets d’avion explosent… et ne sont pas près de redescendre
Si vous envisagez de prendre l’avion pour vos va‐ cances cet été, il va falloir vous attendre à une fac‐ ture particulièrement sa‐ lée. Pour certaines destina‐ tions, comme l’Europe, le prix de certains billets a doublé par rapport à l’an‐ née dernière. Et on ne s’at‐ tend pas à ce que cette tendance s’estompe bien‐ tôt.
Sans surprise, comme tout secteur d'activité écono‐ mique, l'inflation a joué [...] dans le secteur du tourisme, souligne Michel Archambault, professeur émérite en tou‐ risme et fondateur de la chaire de tourisme Transat de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), à l’émission Les faits d’abord.
Par exemple, il faut dé‐ bourser environ 1200 $ pour un vol Montréal-Porto contre 750 $ en mars 2022.
Selon lui, la hausse du prix du mazout, la rareté de la main-d'oeuvre et le nombre li‐ mité de sièges ont entraîné de lourdes pertes pour les trans‐ porteurs aériens qui doivent
gonfler leurs prix.
Une demande en sur‐ chauffe
Malgré des tarifs qui grimpent en flèche, la de‐ mande est au rendez-vous, selon Jacques Nantel, profes‐ seur émérite à HEC Montréal. Les ménages, qui ont été pri‐ vés de voyages pendant la pandémie, sont prêts à re‐ nouer avec leurs habitudes.
C'est un peu comme si les consommateurs avaient été mis dans un presto pendant trois ans [...] et là, on com‐ mence à ouvrir le couvercle et on voit que ça explose.
Jacques Nantel, professeur émérite à HEC Montréal
Dans ce contexte, les aéro‐ ports fonctionnent à plein ré‐ gime pour pouvoir accueillir les nombreux voyageurs. La capacité des aéroports est complètement dépassée, c'est pour ça que tous les aé‐ roports du monde annulent des vols, note Mehran Ebrahi‐ mi, directeur de l'Observa‐ toire de l'aéronautique et de l'aviation civile et professeur à l’UQAM.
Toute l'infrastructure est surexploitée, notamment car des compagnies aériennes ont dû remiser une partie de leur flotte par manque de personnel.
Il faut à peu près 15 à 20 pilotes par avion. Alors si vous intégrez 5 avions, ça fait à peu près 75 pilotes. Ces pi‐ lotes-là, on ne les a pas.
Mehran Ebrahimi, direc‐ teur de l'Observatoire de l'aé‐ ronautique et de l'aviation ci‐ vile et professeur à l’UQAM Conjoncture particu‐ lière au Canada
En Europe et aux ÉtatsUnis, les voyageurs peuvent toujours se tourner vers les compagnies aériennes à bas prix, comme EasyJet ou Sou‐ thwest. La situation est bien différente au Canada, qui est un tout petit marché sur le plan international, ce qui fa‐ vorise une concentration du marché, comme le relève Jacques Nantel.
Malheureusement la régle‐ mentation n’a pas été favo‐ rable pour l'implantation d'un véritable low-cost au Canada, déplore M. Archambault.
M. Ebrahimi abonde dans le même sens : les conditions ne sont pas réunies à l’heure actuelle pour permettre à de nouveaux joueurs d’émerger sur le marché. Pourtant, le rôle du gouvernement est de faire en sorte que la concur‐ rence puisse avoir lieu, selon le professeur.
Interrogé sur la récente approbation par le gouverne‐ ment fédéral de l’achat de la compagnie Sunwing par WestJet, il évoque une fusion scandaleuse ayant lieu malgré les craintes exprimées par le Bureau de la concurrence.
On vient de créer deux duopoles, donc Westjet-Sun‐ wing dans l'Ouest et Air Cana‐ da dans l'Est et à ce momentlà toutes les autres compa‐ gnies vont souffrir.
À lire et à écouter :
Voici comment l’inflation agit sur votre portefeuille « On n’est pas près de dispa‐ raître » : le retour en vogue des agences de voyages AU‐ DIO - Les faits d'abord : Explo‐ sion des prix des billets d’avion