Une légère fièvre peut aider à éliminer les infections plus rapidement, selon une étude
Il serait peut-être préfé‐ rable de laisser une légère fièvre suivre son cours plu‐ tôt que de se dépêcher à prendre des médicaments, selon ce que suggère une nouvelle étude de l’Univer‐ sité de l’Alberta.
Les chercheurs ont décou‐ vert que la fièvre modérée non traitée aidait les poissons à éliminer rapidement l'infec‐ tion de leur corps, à contrôler l’inflammation et à réparer les tissus endommagés.
Daniel Barreda, Amro Soli‐ man, Farah Haddad et leur équipe – dont Ryan Heim‐ roth, de l'Université Emory, à Atlanta – ont fait ce constat à l'aide d'un aquarium person‐ nalisé dans lequel se trou‐ vaient les poissons.
Nous avons laissé la na‐ ture faire ce que la nature fait, et, dans ce cas, c’était une chose très positive, explique l’immunologiste Daniel Barre‐ da, auteur principal de l’étude (en anglais) et professeur en immunologie et santé ani‐ male à l'Université de l'Alber‐ ta.
En attente de confirma‐ tion sur l'humain
La fièvre modérée se ré‐ sout d’elle-même, ce qui signi‐ fie que le corps peut à la fois l’induire et l’arrêter naturelle‐ ment sans médicament, comme le souligne le cher‐ cheur.
Les avantages pour les hu‐ mains doivent encore être confirmés, mais les cher‐ cheurs disent qu'étant donné que les mécanismes qui conduisent et maintiennent la fièvre sont partagés entre les animaux, il est raisonnable de s’attendre à ce que des avan‐ tages similaires se produisent chez les humains.
La recherche est en cours, et il est important de recon‐ naître qu’il faudra du temps pour confirmer tous les résul‐ tats chez les humains, comme l'explique Daniel Barreda. Ce‐ pendant, ce dernier ajoute que les résultats obtenus à ce jour sont très encourageants.
Nous voyons qu’une lé‐ gère fièvre favorise une meilleure clairance des agents pathogènes. Une infection bactérienne a été éliminée en 7 jours au lieu de 14, soit la moitié moins du temps habi‐ tue;. La fièvre contribue à un meilleur contrôle de l’inflam‐ mation et améliore les méca‐ nismes qui réparent les tissus endommagés.
Daniel Barreda, immunolo‐ giste, Université de l'Alberta
Cela suggère qu’il faut ré‐ sister à l’idée de prendre des médicaments contre la fièvre en vente libre – également connus sous le nom d’anti-in‐ flammatoires non stéroï‐ diens – dès les premiers signes d’une légère tempéra‐ ture, selon l'expert.
Ils enlèvent l’inconfort res‐ senti avec la fièvre; toutefois, vous détruisez probablement certains des avantages de la réponse naturelle, fait-il valoir.
Des poissons fatigués
Pour les besoins de l’étude, les poissons ont reçu une infection bactérienne, et leur comportement a ensuite été suivi et évalué à l’aide de l’apprentissage automatique. Les symptômes extérieurs étaient semblables à ceux qui ont été observés chez les hu‐ mains fiévreux, y compris l’im‐ mobilité, la fatigue et un ma‐ laise.
L’étude aide à faire la lu‐ mière sur les mécanismes qui contribuent aux avantages de la fièvre modérée, qui, selon M. Barreda, a été conservée au cours de l’évolution dans le règne animal pendant 550 millions d’années. Chaque animal examiné a cette ré‐ ponse biologique à l’infection, dit-il.