Incendie dans le Vieux-Montréal : un processus rigoureux pour identifier les victimes
Des pathologistes du Labo‐ ratoire des sciences judi‐ ciaires et de médecine lé‐ gale sont sur le terrain et participent activement à l’enquête sur l’incendie qui a fait pour l’instant un mort et six disparus dans le Vieux-Montréal. Leur mis‐ sion : déterminer les causes du décès et l’identi‐ té des victimes à l'aide d'un processus scientifique ri‐ goureux.
Suzanne Marchand, direc‐ trice générale principale du Laboratoire des sciences judi‐ ciaires et de médecine légale, était présente mardi matin lors du point de presse quoti‐ dien des autorités sur l’en‐ quête entourant l’incendie pour y expliquer la mission de son équipe.
Récupérer les corps dans le respect et la dignité
Son premier mandat se si‐ tue sur le terrain même de l’incendie afin de préserver l’intégrité de la scène et de ré‐ cupérer sur la scène selon les protocoles scientifiques éta‐ blis les corps des victimes, le tout dans le respect et la di‐ gnité qui s’imposent.
Ce n’est pas chose facile, puisque le degré de destruc‐ tion de l’immeuble est consi‐ dérable, a expliqué David Shane, inspecteur au Service de police de la Ville de Mont‐ réal (SPVM), également pré‐ sent au point de presse.
De la toiture aux étages in‐ férieurs, ça s’est effondré en portefeuille. Il y a des endroits où les étages sont empilés les uns par-dessus les autres.
David Shane, inspecteur au SPVM
Les équipes du SPVM et du Service sécurité incendie de Montréal (SIM) ne peuvent toujours pas, mardi, pénétrer dans le bâtiment en raison du risque d'effondrement. Comme la veille, elles devront utiliser une grue, un camionnacelle, des perches et des ca‐ méras pour fouiller dans les décombres dans des endroits ciblés par l'enquête [grâce à] la reconstitution [du bâtiment pour savoir] où étaient les ap‐ partements.
Les travaux [à ce jour] ont permis de confirmer instabili‐ té de la structure et le plan de travail que nous allons mettre en place aujourd'hui, a expli‐ qué le chef de division du SIM, Martin Guilbault.
Des normes scienti‐ fiques internationales à respecter
Le travail des patholo‐ gistes se poursuit en labora‐ toire, a expliqué Mme Mar‐ chand, afin de déterminer les causes des décès ainsi que l’identité des victimes.
Pour déterminer les causes, ils devront procéder à des expertises sur les corps, entre autres des autopsies médicolégales.
Pour l’identification, les pa‐ thologistes procèdent par analyse et comparaison d’ADN, ou par analyse et com‐ paraison dentaire, précise Mme Marchand.
Dans le cadre d’événe‐ ments où plusieurs victimes sont impliquées, comme c’est le cas en ce moment, les normes internationales en matière d’identification obligent l’utilisation de deux méthodes d’identification, dont une doit obligatoire‐ ment être scientifique pour éviter les erreurs d’identifica‐ tion.
Je tiens à assurer aux fa‐ milles qu’on va tout mettre en oeuvre au laboratoire pour donner des réponses le plus rapidement possible. À cet ef‐ fet, on a déployé la ligne ra‐ pide de traitement de l’ADN, ce qui nous permet d’avoir des résultats dans un délai de 48 heures. On va travailler sans relâche pour identifier l’ensemble des victimes.
Suzanne Marchand, direc‐ trice générale principale du Laboratoire des sciences judi‐ ciaires et de médecine légale
Dans le cas présent, le fait que le SPVM ait déjà pu iden‐ tifier sept personnes man‐ quant à l’appel aidera à l’iden‐ tification des victimes, notam‐ ment pour les comparaisons d’ADN et de fiches dentaires.
C’est important que les po‐ liciers puissent récupérer des échantillons d’ADN, soit des échantillons de la famille ou des objets ayant appartenu aux victimes, a expliqué Mme Marchand. Également, c’est important qu’ils puissent ré‐ cupérer les chartes dentaires ante mortem pour permettre des comparaisons.
La coroner pourrait être appelée à faire des recom‐ mandations
La coroner permanente Géhane Kamel, chargée de l’enquête, était également présente au point de presse. Lorsque l’identité, la date ou la cause du décès est incon‐ nue, ou quand le décès sur‐ vient dans des circonstances violentes, obscures ou à la suite de ce qui semble être une négligence, il est [enquê‐ té] de manière générale par un coroner, a-t-elle expliqué.
Dans le cas qui nous oc‐ cupe, mon rôle sera de tra‐ vailler avec les policiers pour déterminer les causes et les circonstances des décès. L’ob‐ jectif principal de mon rôle est de fournir des réponses aux familles et éventuellement des recommandations.
Elle devra également confirmer l’identification des victimes potentielles. Elle tra‐ vaillera donc en étroite colla‐ boration avec les patholo‐ gistes.