Radio-Canada Info

Explosion des demandes d’admission d’étudiants étrangers au cégep

- Fannie Bussières McNicoll

Bon an, mal an, pandémie ou pas, le Service régional des admissions au collégial de Québec (SRACQ) reçoit environ 2000 demandes d’admission d’étudiants étrangers. Mais cette an‐ née, il en a reçu plus de 13 000, une véritable avalanche.

C’est du jamais vu! Les der‐ niers mois ont été infernaux, lance Marc Viens, le directeur général du SRACQ, dont sont membres environ le tiers des cégeps de la province, tous hors de la région de Montréal.

En général, explique Marc Viens, les étudiants français représente­nt environ 50 % des demandes d’admission et ceux d’Afrique francophon­e constituen­t une grande partie des demandes restantes. Cette année, il y a eu presque dix fois plus de candidatur­es africaines, au point de repré‐ senter près de 80 % de l’en‐ semble des demandes.

En fait, les demandes d’ad‐ mission d’étudiants étrangers ont plus que quadruplé dans les cégeps hors Montréal entre 2022 et 2023. Et cette tendance se manifeste dans presque tous les programmes techniques. Tant en éducation à l’enfance qu’en génie, en passant par des techniques d’animation 3D ou de gestion d’entreprise­s agricoles, le nombre de demandes a bon‐ di de manière exponentie­lle.

Ce phénomène est limité aux cégeps en région, ce qui est très clairement prouvé par les chiffres du Service régional d’admission de Montréal (SRAM). Si le nombre de de‐ mandes d’admission d’étu‐ diants étrangers dans les cé‐ geps de la région métropoli‐ taine de Montréal (RMM) est demeuré essentiell­ement le même entre 2022 et 2023, ce nombre est passé de 1385 à 5379 pour les établisse‐ ments à l'extérieur de la RMM membres du SRAM.

Une annonce plète qui fait de neige incom‐ boule

Pour Marc Viens, la cause de ce phénomène ne fait au‐ cun doute : cet engouement découle d’une annonce faite au printemps 2022 par le mi‐ nistre de l’Emploi de l’époque, Jean Boulet, d’un investisse‐ ment de 80 millions de dollars sur quatre ans pour favoriser l’attraction d’étudiants étran‐ gers en région.

Cette mesure prévoit l’ajout d’exemptions de frais de scolarité, c’est-à-dire que davantage d’étudiants étran‐ gers paient les mêmes droits de scolarité au cégep et à l’université que les étudiants québécois. Cela représente une économie annuelle par étudiant de 17 000 $ au ni‐ veau collégial et d’environ 24 000 $ au premier cycle uni‐ versitaire.

Pour être admissible­s, les candidats doivent étudier à temps plein dans un établis‐ sement d’enseigneme­nt supé‐ rieur en région, à l’extérieur de la Communauté métropoli‐ taine de Montréal. Et ils doivent être inscrits à un pro‐ gramme d’études en français ciblé par l’Opération maind’oeuvre, donc dans des sec‐ teurs qui souffrent de manque de travailleu­rs, par exemple ceux de l’enseigne‐ ment, des technologi­es de l’in‐ formation ou encore du gé‐ nie.

Bernard Tremblay, le PDG de la Fédération des cégeps, l’institutio­n responsabl­e de la gestion de l’attributio­n de ces exemptions au collégial, le confirme. L’informatio­n au su‐ jet de l’exemption des droits de scolarité a fait boule de neige à l’internatio­nal et les demandes pour les pro‐ grammes techniques, ayant bonne presse, ont explosé, écrit-il.

Les étudiants français bé‐ néficiant déjà de l’entente France-Québec, cette an‐ nonce est rapidement deve‐ nue particuliè­rement at‐ trayante dans une autre par‐ tie du monde : l’Afrique fran‐ cophone.

Ça a été beaucoup relayé en Afrique francophon­e sur les réseaux sociaux, sur You‐ Tube, par des gens qui ont fait la promotion de cette me‐ sure-là, précise Marc Viens. Cependant, plusieurs de ces vidéos laissaient entendre à tort que le cégep serait désor‐ mais gratuit pour tous les étu‐ diants étrangers. Or, à aucun moment lors de l’annonce du ministre Boulet il n’était préci‐ sé combien d’étudiants pour‐ raient en bénéficier, déploret-il.

Une petite de chanceux minorité

Lorsqu’il a entendu l’an‐ nonce du ministre Boulet en mai dernier, Denis Des‐ champs, le directeur général du Cégep de Victoriavi­lle, a été ravi. On trouvait que c’était une excellente nou‐ velle. Les besoins en emploi sont immenses. Et les cégeps sont un véhicule d’intégratio­n formidable. Donc, les étu‐ diants étrangers sont les bien‐ venus chez nous!

Il a toutefois déchanté en décembre dernier lorsqu’il a appris que, dans les faits, ce ne serait qu’une poignée de candidats de l’étranger, parmi les centaines qui ont présenté une demande d’admission, qui pourraient bénéficier de cette aide financière. Avant, c’était trois ou quatre étu‐ diants étrangers qui rece‐ vaient cette exemption. L’au‐ tomne prochain, ce sont entre six et huit étudiants qui vont en bénéficier.

La Fédération des cégeps confirme que la mesure per‐ mettra de distribuer, pour l’ensemble du réseau collégial à l’automne prochain,

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada