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Inflation : des Ontariens se sentent abandonnés par le budget provincial

- Andréane Williams

Des syndicats et des Onta‐ riens déplorent le manque de mesures concrètes pour aider les familles à faire face à l'inflation. Selon eux, la province doit en faire plus pour augmenter les salaires et aider les rési‐ dents à affronter l'aug‐ mentation du coût de la vie.

Comme pour beaucoup d’Ontariens, l'inflation fait mal au portefeuil­le de Grant Cock‐ burn. Le Torontois dit que ses dépenses en épicerie ont dou‐ blé depuis l’année dernière et il aimerait que la province en fasse davantage pour aider les gens à sortir la tête de l’eau.

Ils ont beaucoup d’argent, beaucoup de pouvoir et de contrôle envers la population ontarienne, et rester silen‐ cieux et agir comme si c’était notre problème et pas le leur est le mauvais message, ajoute-t-il.

Selon lui, le gouverneme­nt de Doug Ford manque de vi‐ sion, ce qui a un impact direct sur la santé financière des ménages ontariens.

Doug Ford n’en parle pas parce qu’il n'a pas d’idée [pour régler le problème]

Grant Cockburn, citoyen torontois

Je voudrais qu’ils nous disent quel est leur objectif, et qu’il soit de rendre la vie plus abordable pour les familles et les pauvres.

Cynthia Kryszak réside elle aussi à Toronto. Selon elle, un meilleur contrôle des loyers, des titres de transports en commun et du prix de la nourriture donnerait un coup de pouce aux familles onta‐ riennes.

Je regarde le montant que je dépense sur la nourriture et c’est ahurissant. Ce sont de petites augmentati­ons ici et là et les salaires, par contre, les salaires, eux, n’augmentent pas, raconte la représenta­nte syndicale.

Je ne pense pas que c'est un gouverneme­nt qui est trop trop préoccupé par le bien-être de la classe moyenne.

Cynthia Kryszak, citoyenne torontoise

Un budget pour les amis du gouverneme­nt Ford

Le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario dénonce quant à lui un budget qui finance les amis du gouverneme­nt de Doug Ford au lieu d’aider les Ontariens pour qui les dé‐ penses ne cessent d’augmen‐ ter.

Ils ont annoncé un crédit d’impôt de 780 millions de dollars pour le secteur manu‐ facturier, mais ils ne parlent pas des coûts liés aux pro‐ blèmes auxquels font face les travailleu­rs qui ont de la diffi‐ culté en ce moment même, déplore JP Hornick, qui pré‐ side le syndicat.

La Fédération des ensei‐ gnantes-enseignant­s des écoles secondaire­s de l'Onta‐ rio (FEESO) s’inquiète quant à lui de l’appauvriss­ement de ses membres, dont les sa‐ laires n’augmentent pas au même rythme que l’inflation.

Il n’y avait presque rien pour l’éducation. Le ministre a parlé des autoroutes pendant 30 minutes, mais pas de men‐ tion pour les gens qui tra‐ vaillent dans les écoles et la santé, déplore sa présidente, Karen Littlewood.

Elle ajoute que les écoles peinent à recruter du person‐ nel, ce qui a un impact direct sur la qualité des services aux élèves, notamment en santé mentale.

Même son de cloche du côté du Syndicat canadien de la fonction publique, qui ré‐ clame davantage d’investisse‐ ments dans le secteur public afin de mieux soutenir les tra‐ vailleurs.

Ce serait bien qu’ils an‐ noncent des investisse­ments dans de bons services publics, comme davantage de lits dans les hôpitaux, un meilleur système de service de garde. Nous avons demandé 10 jours de maladie payés, ex‐ plique la secrétaire-trésorière du syndicat, Yolanda Mc‐ Clean, qui croit que le gouver‐ nement dispose des fonds né‐ cessaires pour faire ces inves‐ tissements.

Vers une érosion du sec‐ teur public?

Le ministre des Finances Peter Bethlenfal­vy s’est défen‐ du de ne pas venir en aide aux familles face à l'augmen‐ tation du coût de la vie en ci‐ tant notamment la réduction de la taxe provincial­e sur l’es‐ sence l’an dernier et l’augmen‐ tation du salaire minimum.

Avec ce budget, le gouver‐ nement Ford annonce d’ailleurs des dépenses qui dépassent les 200 milliards de dollars, une première dans l’histoire ontarienne.

Mais pour JP Hornick, ces annonces ne sont que de la poudre aux yeux.

C’est un tour de passepasse. Ils disent qu’ils inves‐ tissent tout cet argent, que c’est le plus gros budget. [Ils disent] : "regardez tout cet ar‐ gent que nous investisso­ns dans la santé". Ce qu’ils ne disent pas c’est qu’ils ont sous-financé de manière chronique ces secteurs depuis leur arrivée au pouvoir [...] ni que leurs décisions per‐ mettent de transférer l’argent du secteur public vers le sec‐ teur privé, dit JP Hornick.

Les partenaria­ts public-pri‐ vé échouent toujours à assu‐ rer les soins, les services de garde et l’éducation gratuite aux gens qui en ont besoin. Voici les investisse­ments qu’ils n’ont pas su faire.

Une annonce pire que prévu pour les infirmière­s

Une déception partagée par l’Associatio­n des infir‐ mières et infirmiers autorisés de l’Ontario (RNAO) pour qui cette présentati­on du budget est pire que prévu.

On nous a fait tellement de promesses et d'engage‐ ments mais nous ne les voyons pas dans le budget, se désole la présidente-directrice générale de la RNAO, Doris Grinspun, qui constate des fi‐ nancements dans le secteur privé, mais rien de signifiant pour la santé publique.

Doris Grinspun déplore notamment le manque de fi‐ nancement pour les infir‐ mières ainsi que pour les pre‐ miers soins et les soins à do‐ micile.

Elle aurait souhaité davan‐ tage de soutien pour le sec‐ teur public de la santé, plutôt que des aides aux investis‐ seurs du milieu de la santé qui ne sont motivés que par l'ar‐ gent, juge-t-elle.

Ce n'est pas ainsi que nous devons construire notre sys‐ tème de santé canadien.

Doris Grinspun, prési‐ dente-directrice générale de la RNAO

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