Hunger Games : les jeux du cirque de demain
Une franchise, peut-être, mais avec du style, du fond et de la personnalité.
Bienvenue à Panem, an‐ ciennement connue sous le nom d’Amérique du Nord, en‐ tité géographique mons‐ trueuse divisée en 12 districts – chacun ayant sa spécialité de production – et gérée d’une main de fer par Snow depuis Le Capitole, repaire d’une aristocratie chouchou‐ tée et décadente…
C’est là que se tiennent chaque année les Hunger Games, équivalent rétrofutu‐ riste des jeux du cirque, où chaque district est dans l’obli‐ gation d’envoyer un garçon et une fille, entre 12 et 18 ans. Le but? Se débarrasser des autres et être le dernier ou la dernière à survivre.
Un best-seller pour ados devient une superproduc‐ tion? Depuis Twilight et Harry Potter, on connaissait la chan‐ son. En 2012, c’était donc au tour de l’oeuvre imaginée par Suzanne Collins de se voir ain‐ si transformée, sous la hou‐ lette de Garry Ross (Pleasant‐ ville). Il faut dire que les ingré‐ dients pour une métamor‐ phose cinéma réussie étaient là : une héroïne et un héros beaux et valeureux, de l’ac‐ tion, des aventures, de l’amour et de la cruauté.
Mais Hunger Games a aus‐ si ce petit truc en plus, c’est-àdire qu’on s’y sert comme toile de fond de deux élé‐ ments qui depuis longtemps font leurs preuves : les mythes grecs – en particulier celui de Thésée et du Mino‐ taure (la jeunesse sacrifiée pour le bon plaisir des puis‐ sants) –, et la télé-réalité qui fait de chaque parcelle de la vie humaine un spectacle plus ou moins racoleur.
Car oui, nous ne l’avions pas encore dit, mais ces Hun‐ ger Games sont aussi une émission de télévision que la production épice à son goût quand le sang ou le sexe viennent à manquer.
Certes, on pourra se dire que rayon cruauté et irres‐ pect de la vie humaine, rien n’a vraiment évolué depuis l’Antiquité. Mais de glisser cette réflexion puissante do‐ pée à la critique sociale dans un si gros divertissement est déjà une sacrée belle nou‐ velle.
Quand en plus le film a la bonne idée de se servir du fu‐ tur (Panem) et du passé (les districts montrés selon une imagerie évoquant la vie en camps de concentration) pour mieux nous parler du présent et dénoncer l’aliéna‐ tion et l’autoritarisme sous toutes ses formes, ça ne fait qu’ajouter à la surprise et au plaisir.
Et si on pourra bien regret‐ ter la mise en scène parfois épileptique et épuisante des scènes de bataille, ou que le personnage central de Katniss n’évolue pas d’un iota du dé‐ but à la fin (l’excellente Jenni‐ fer Lawrence avait certaine‐ ment davantage à donner au rôle),
reste tout de même un exemple de film destiné aux ados qui les prend pour des êtres doués de recul, d’intelli‐ gence et de fond, sans leur donner de leçons, ce qui, en soi, est déjà suffisant pour dire : Vive les jeux .
Hunger Games,
à voir sur
ICI Tou.tv Extra
À noter, les suites (L’em‐ brasement, La révolte partie 1 et La révolte partie 2) sont également sur Tou.tv Extra.
La bande-annonce (source : YouTube)