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Des défenseurs de réfugiés au Manitoba craignent les conséquenc­es de l’entente frontalièr­e

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Les défenseurs de réfugiés au Manitoba craignent qu’un récent changement dans la politique fronta‐ lière entre le Canada et les États-Unis ne nuise davan‐ tage aux personnes fuyant la persécutio­n au lieu de réduire les dommages.

À la fin de la semaine der‐ nière, Ottawa a négocié un nouvel accord avec les ÉtatsUnis qui permettrai­t au Cana‐ da de refouler les migrants aux points de passage irrégu‐ liers, tels que la frontière entre le Manitoba et le Minne‐ sota, près de la municipali­té d’Emerson-Franklin.

Des changement­s ont aus‐ si été apportés à l’Entente entre le Canada et les États‑U‐ nis sur les tiers pays sûrs qui ne permettent plus aux mi‐ grants en provenance des États-Unis de faire des de‐ mandes d'asile à leurs arri‐ vées à l’ensemble de la fron‐ tière entre les deux pays.

Les autorités canadienne­s qui effectuent des patrouille­s à la frontière canado-améri‐ caine peuvent maintenant renvoyer des demandeurs d’asile aux États-Unis s’ils sont retrouvés avant 14 jours de‐ puis leur arrivée au Canada.

L’avocat spécialisé en im‐ migration à Winnipeg, Alastair Clarke, estime que cette me‐ sure poussera certains mi‐ grants à se cacher et pourrait mener à plus de mouvement clandestin.

« Cela va conduire les de‐ mandeurs d’asile à se cacher après leur arrivée au Cana‐ da », précise-t-il.

Il ajoute que cela va égale‐ ment créer un stress extrême pour les patrouille­s ainsi que pour les personnes qui pour‐ raient vouloir les aider pen‐ dant cette période de 14 jours .

L’accord suscite des ré‐ actions mitigées

La membre de la coalition Immigratio­n Matters in Cana‐ daCoalitio­n, Louise Simban‐ dumwe, estime que le Canada aurait dû simplement annuler l’accord plutôt que de l’appli‐ quer à l’ensemble de la fron‐ tière avec les États-Unis.

Si l’Entente entre le Cana‐ da et les États‑Unis sur les tiers pays sûrs n’existait pas, les demandeurs d’asile pour‐ raient simplement se présen‐ ter à un poste frontalier ordi‐ naire, déposer une demande d’asile et suivre les procédures en place pour déterminer s’ils craignent légitimeme­nt d’être persécutés ou non, expliquet-elle.

Selon elle, cet accord est à l’origine de la situation ac‐ tuelle. Avec l’amendement et la peur que des gens ne soient refoulés, on craint qu’ils ne se tournent davan‐ tage vers les passeurs et qu’ils essaient de traverser dans des endroits encore plus éloi‐ gnés .

Mme Simbadumwe, qui a fui le génocide au Burundi alors qu’elle était enfant, in‐ dique que certains Canadiens ne se rendent peut-être pas compte que les réfugiés sont déjà exposés à des dangers.

Selon elle, le Canada n’ac‐ cueille qu’une petite partie des réfugiés du monde et pourrait absorber davantage de personnes, notamment en raison de la pénurie de maind’oeuvre et de la faible crois‐ sance démographi­que du pays.

De son côté, le préfet de la municipali­té d’EmersonFra­nklin, Dave Carlson, a ac‐ cueilli favorablem­ent cet ac‐ cord. Selon lui, cela devrait dé‐ courager les passages irrégu‐ liers de la frontière entre les États-Unis et le Canada et vice versa.

Nous avons toujours considéré cela comme dange‐ reux, en particulie­r à certaines périodes de l’année où il fait très froid , précise-t-il. Je pense simplement que c’est plus sûr pour toutes les personnes concernées .

Une entente critiquée

L'Entente entre le Canada et les États‑Unis sur les tiers pays sûrs est entrée en vi‐ gueur en 2004.

Elle stipule que les deman‐ deurs d’asile doivent déposer leur demande dans le premier pays sûr qu’ils atteignent. Cela permet également aux autori‐ tés américaine­s de refouler les demandeurs d’asile qui se rendent aux États-Unis depuis le Canada.

Il a été fortement critiqué pour avoir encouragé les réfu‐ giés et autres migrants à en‐ treprendre des voyages dan‐ gereux, loin des points d’en‐ trée.

Deux hommes originaire­s du Ghana ont perdu leurs doigts à cause d’engelures en

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