Connectivité des zones éloignées : un « fossé numérique persistant », dénonce la VG
Alors que l’accès aux ser‐ vices Internet haute vi‐ tesse et de téléphonie mo‐ bile cellulaire s'améliore partout au pays de‐ puis 2019, les collectivités rurales et éloignées ainsi que les réserves des Pre‐ mières Nations restent coincées dans un « fossé numérique persistant ».
Ce constat ressort d'un rapport de la vérificatrice gé‐ nérale, Karen Hogan, déposé lundi à la Chambre des com‐ munes.
La Stratégie canadienne pour la connectivité de 2019 n'a donc pas tenu ses pro‐ messes envers les résidents isolés, épingle-t-elle en appe‐ lant le gouvernement Tru‐ deau à agir pour amener une connectivité à Internet abor‐ dable et à haute vitesse à toute la population cana‐ dienne, partout au pays.
Nos constats font ressortir le fossé numérique persistant entre les personnes qui ha‐ bitent dans les réserves des Premières Nations et les col‐ lectivités rurales et éloignées, comparativement aux per‐ sonnes qui résident en zone urbaine.
Karen Hogan, vérificatrice générale
Présentée comme un en‐ gagement historique, la stra‐ tégie 2019 promettait alors de brancher chaque Canadien à un réseau Internet haute vi‐ tesse abordable, peu importe où il réside, mais aussi d'amé‐ liorer l'accès à la téléphonie mobile cellulaire dans tout le pays.
Quatre ans plus tard, l'éga‐ lité est toujours loin d'être at‐ teinte, selon le rapport. En 2021, quasiment l’en‐ semble des ménages cana‐ diens était connecté à Inter‐ net (90,9 %), mais la connecti‐ vité dans les collectivités ru‐ rales et éloignées ainsi que dans les réserves des Pre‐ mières Nations n'atteignait respectivement que 59,5 % et 42,9 %.
Une plète stratégie incom‐
Dans son audit, la vérifica‐ trice générale dénonce le fait que la stratégie fédérale n’éta‐ blit aucune cible, ni aucun échéancier pour la connectivi‐ té aux services de téléphonie mobile cellulaire.
Mme Hogan relève des re‐ tards dans la mise en oeuvre d’un certain nombre d’initia‐ tives fédérales et dénonce qu’un faible pourcentage du financement (ait été) dépensé dans le cadre de ces initia‐ tives.
Au chapitre des manque‐ ments budgétaires, on ap‐ prend que seuls 40 % du fi‐ nancement ont été utilisés en date de janvier 2023 sur l'aide disponible à la connectivité pour l’exercice 2022‐2023.
Malgré les recommanda‐ tions du précédent audit de 2018, Ottawa n'a toujours pas déterminé le montant du financement nécessaire pour que toute la population ait un accès abordable et de qualité à l’Internet haute vitesse d’ici 2030, comme promis.
En outre, la stratégie ne tient pas compte des revenus de la population pour évaluer le caractère abordable des services, un critère pourtant indispensable pour en valider le principe. Pour mesurer le caractère abordable, le Minis‐ tère et le Conseil de la radio‐ diffusion et des télécommuni‐ cations canadiennes (CRTC) ont adopté une approche axée uniquement sur le prix, pointe le rapport.
Innovation, Sciences et Dé‐ veloppement économique Canada, par exemple, ne sur‐ veille que certaines dimen‐ sions de la qualité et du carac‐ tère abordable des services Internet et de téléphonie mo‐ bile, selon le rapport.
La connectivité n’est plus un luxe, mais bien un service essentiel pour la population canadienne.
Extrait du rapport « La connectivité des régions ru‐ rales et éloignées »
Si les services offerts sont de piètre qualité ou ne sont pas abordables, des per‐ sonnes se retrouvent exclues de l’économie numérique, de l’accès à l’éducation, aux soins médicaux et aux services gou‐ vernementaux en ligne, ou encore du travail à distance, rappelle aussi l'audit.