Radio-Canada Info

Un étudiant dénonce la censure de son numéro à Secondaire en spectacle

-

Un élève de l’école secon‐ daire des Pionniers à TroisRiviè­res n’a pas pu réciter l’intégralit­é du célèbre poème Speak White de Mi‐ chèle Lalonde pour sa pres‐ tation à Secondaire en spectacle, car il contient le « mot en n ». Pour l’élève, cela représente de la cen‐ sure.

Quelques jours après l’au‐ dition régionale de Secon‐ daire en spectacle, Alexis Le‐ tarte a été avisé par l’orga‐ nisme que le poème qu’il sou‐ haitait réciter contrevena­it à ses règles qui interdisen­t de tenir des propos haineux ou violents. Il faut rappeler que l’auteure Michèle Lalonde a utilisé le mot en n dans son poème pour comparer la si‐ tuation des Canadiens fran‐ çais dans les années 60 à celle des esclaves noirs qui ont tra‐ vaillé sur des plantation­s américaine­s.

Secondaire en spectacle a demandé à Alexis Letarte de remplacer ce mot par une autre, ce qu’il a fait. Il a rem‐ placé le mot en n par le mot maigre. L’étudiant dit l’avoir fait à contrecoeu­r et il dé‐ nonce ce qu’il qualifie de cli‐ mat de peur qui règne au sein des établissem­ents d’ensei‐ gnement. Il souligne que l’oeuvre de Michèle Lalonde s’attaque à l’oppression sous toutes ses formes et au colo‐ nialisme. C’est vraiment un texte qui est fortement enga‐ gé antiracist­e, engagé natio‐ naliste. Et changer ce mot comme ça, un mot qui a une importance, une connotatio­n historique, qui fait partie de l’histoire, je crois que c’est de la censure. C’est de censurer le passé, fait valoir l’étudiant.

Une réflexion deman‐ dée

Secondaire en spectacle dit avoir besoin de balise, car le débat qui entoure le mot en n dépasse largement son mandat. L’organisati­on veut éviter de heurter les sensibili‐ tés des personnes afrodes‐ cendantes, mais souhaite aus‐ si promouvoir la liberté d’ex‐ pression. Pour jouer de pru‐ dence, l’organisati­on s’est adressée au ministère de l’Éducation ainsi qu’à la Fédé‐ ration des centres de services scolaires pour recevoir un avis.

La directrice de Secondaire en spectacle, Hélène Martin, soutient que tous étaient d’accord pour retirer le mot en n de sa prestation. L’utilisa‐ tion de ce mot aurait pu créer des lendemains qui sont peut-être difficiles. Pas néces‐ sairement pour l’artiste. Alexis Roy-Letarte était prêt à dé‐ fendre son argumentai­re. Mais pour les gens aussi qui sont dans la salle et qui en‐ tendent ce mot-là, qui n’ont pas assez de recul pour dire : "OK, ça s’inscrit dans un contexte historique." Nous on est prêt à s’asseoir avec les instances, de faire partie de la réflexion, mais ce n’est pas nous qui trancheron­s sur cette situation.

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville était de passage à Trois-Rivières. Son point de vue est en décalage avec celui de son ministère. Il est plutôt d’avis qu’il faut pré‐ server l'intégrité d'oeuvres comme Speak white quitte à les diffuser avec un avertisse‐ ment. Le poème a été écrit il y a longtemps, c’est une oeuvre culturelle, artistique, majeure dans l’histoire du Québec. Je pense que quand c’est bien contextual­isé, je pense qu’on devrait garder l’oeuvre intacte, fait valoir le ministre.

Avec les informatio­ns de Jacob Côté

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada