Le projet minier Horne 5 en péril
Le ministère de l’Environ‐ nement bloque présente‐ ment le projet de mine Horne 5 de Ressources Fal‐ co en raison de la présence déjà trop importante de métaux dans l’air à RouynNoranda.
Le ministère applique ainsi un règlement sur l'assainisse‐ ment de l'atmosphère qui sti‐ pule qu’un projet ne peut être autorisé s’il est susceptible d’ajouter des contaminants dans l’air, dont la concentra‐ tion est déjà supérieure aux normes en vigueur. L’air am‐ biant à Rouyn-Noranda dé‐ passe déjà les normes d’arse‐ nic, de baryum, de cuivre, de nickel, de cadmium et de plomb.
Avec son projet de mine souterraine, Ressources Falco veut produire de l’or et des minéraux critiques et straté‐ giques grâce à un gisement polymétallique.
Ressources Falco estime que le ministère est beaucoup trop sévère dans l’application du règlement, puisque selon les plus récentes modélisa‐ tions, leur mine émettra 0,00127 nanogramme d'arse‐ nic par mètre cube dans l'air en moyenne, sur une base an‐ nuelle, alors que la norme est de 3 nanogrammes.
L’entreprise estime que pour une personne exposée à cet air ambiant pendant 43 ans, ce serait l’équivalent de fumer une seule cigarette.
Falco ajoutera notamment des filtres sur son système de ventilation et prévoit même réduire la concentration de contaminants dans l’atmo‐ sphère.
On arrive avec des émis‐ sions qui sont extrêmement petites, par exemple, plus de 2000 fois plus petites que la norme pour l'arsenic. Et mal‐ gré tout, le ministère ne nous a toujours pas donné la rece‐ vabilité de notre étude d’im‐ pact pour nous permettre d’aller à la prochaine étape des audiences publiques sur l’environnement.
Hélène Cartier, vice-prési‐ dente environnement pour Ressources Falco
Un revirement de situa‐
tion?
En août 2018, le ministère de l’Environnement avait de‐ mandé à Ressources Falco de faire la démonstration que l’apport devait être nul, mais qu’un apport négligeable pourrait potentiellement être acceptable.
Par courriel, le ministère nous répond maintenant que tout promoteur qui soumet une demande d’autorisation au ministère doit démontrer qu’il respecte la loi et les règle‐ ments, dont le Règlement sur l'assainissement de l’atmo‐ sphère.
La présence de concentra‐ tions élevées de certains mé‐ taux dans l’air ambiant dans certains secteurs de RouynNoranda représente un enjeu potentiel pour la réalisation de nouveaux projets qui émettraient ces métaux dans l’air, ajoute le ministère, tou‐ jours par courriel.
Dans une lettre datée du 25 novembre 2022, le minis‐ tère lance un ultimatum à Ressources Falco en récla‐ mant des solutions pour que la réalisation du projet Horne 5 puisse se faire dans le respect du Règlement sur l'as‐ sainissement de l’atmosphère au plus tard le 10 janvier 2023.
En cas de défaut de fournir les renseignements deman‐ dés, dans le délai et dans les conditions fixées, le ministre pourra transmettre une re‐ commandation défavorable au gouvernement, et ce, même avant la fin de l’évalua‐ tion environnementale.
Extrait d'un courriel Un délai a finalement été accordé jusqu’au 1er mai, mais Ressources Falco craint que ce scénario puisse se ma‐ térialiser. C’est que la compa‐ gnie minière assure qu’il est impossible de répondre à cette demande, puisqu’une entreprise ne peut pas avoir un bilan massique totalement nul. Selon Falco, elle émettrait 50 grammes d’arsenic par an‐ née, alors que son système en capterait pourtant davantage, soit 450 grammes.
Ça fait déjà trop d’années qu’on attend, que le ministère nous demande d’ajouter des mesures pour réduire de plus en plus nos émissions dans l’atmosphère. Le temps est compté, c’est extrêmement important que dans les pro‐ chaines semaines, le ministère soit capable de se positionner et de nous donner un go pour passer à la prochaine étape. Ce sera essentiel pour qu’on puisse continuer et aller cher‐ cher du financement, affirme Hélène Cartier.
La mairesse réclame un BAPE
La mairesse de Rouyn-No‐ randa, Diane Dallaire, sou‐ haite que la compagnie mi‐ nière puisse se présenter de‐ vant le Bureau d’audiences publiques sur l’environne‐ ment (BAPE) afin de per‐ mettre aux citoyens de se prononcer.
On peut comprendre les préoccupations du ministère dans les circonstances. Par contre, ce qu’on sait de l’entre‐ prise Falco, c’est que les émis‐ sions seraient minimes. Nous, on croit que ce serait impor‐ tant que le ministère lui per‐ mette d’aller au BAPE, ex‐ plique-t-elle.
Un impact sur de futurs projets?
La mairesse Dallaire s’in‐ quiète aussi du fait que l’appli‐ cation de ce règlement pour‐ rait freiner d’autres projets.
On aura des questions à adresser au ministère à savoir si ça met en péril d'autres pro‐ jets, car selon ce qu’on en comprend, aucun dépasse‐ ment ne serait permis. Alors, qu’est-ce que ça veut dire concrètement pour la Ville de Rouyn-Noranda et qu’est-ce qui se fait ailleurs en province aussi?, se demande-t-elle.
Si un projet comme Horne 5 ne peut pas voir le jour malgré toutes les me‐ sures mises en place et des ré‐ sultats extrêmement petits, quel est le plan du gouverne‐ ment pour le développement des projets à Rouyn-Noran‐ da? C’est la question qu’on se pose, signale Hélène Cartier.