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D’autres sites de consommati­on supervisée pourraient voir le jour à Québec

- Raphaël Beaumont-Drouin

Deux ans après l’ouverture du centre de consomma‐ tion de drogues supervisée l’Interzone dans le quartier Saint-Roch, la demande pour ce service est si forte que les autorités sanitaires songent à ouvrir de nou‐ veaux locaux-satellites ailleurs dans la région de Québec.

Les petits bureaux satel‐ lites c'est déjà une réflexion qu'on a. Il y a déjà des travaux en cours pour [en] avoir in‐ dique Anne-Frédérique Lam‐ bert-Slythe, médecin spécia‐ liste en santé publique et en médecine préventive au CIUSSS de la Capitale-Natio‐ nale.

Deux raisons expliquent ce désir d'expansion. D'une part, les locaux inaugurés en 2021 sur la rue Saint-Vallier ne suf‐ fisent pas à répondre à la de‐ mande.

À l'Interzone il y a cinq cu‐ bicules constate Dr LambertSly­the. C'est trop petit pour le nombre de personnes qu'on accueille.

Ensuite, l'Interzone peine à joindre une clientèle située à l'extérieur du centre-ville, dans Portneuf et en périphé‐ rie, par exemple.

Le CIUSSS de la CapitaleNa­tionale et la coopérativ­e de solidarité SABSA (Service à bas seuil d'accessibil­ité), qui di‐ rigent le centre de consom‐ mation de la rue Saint-Vallier, se penchent sur la question.

On ignore quelle forme prendraien­t ces nouveaux centres, s'ils seraient mobiles ou situés à un endroit fixe.

Obtenir une exemption auprès de Santé Canada, qui permet aux utilisateu­rs de consommer des drogues sans craindre d'être arrêtés par la police, est un processus long et complexe, précise Dr. Lam‐ bert-Slythe.

Il y a des comités de ré‐ flexion qui sont en place pré‐ sentement pour évaluer les besoins de la clientèle et se pencher sur l'évolution de [la situation] dans la Ville de Qué‐ bec explique Emmanuelle La‐ pointe, directrice par intérim de la coopérativ­e SABSA. Pru‐ dente, elle précise toutefois qu’il est trop tôt à ce stade-ci pour déterminer si le tout ira de l’avant.

Situation « inquié‐ tante »

Chose certaine, depuis l'ouverture du centre au prin‐ temps 2021, les besoins n'ont cessé d'augmenter selon les intervenan­tes.

En 2022, 36 personnes ont perdu la vie à Québec en rai‐ son de surdoses mortelles, ce qui frôle le record de 37 décès de 2020. L’Interzone affirme avoir reçu plus de 20 150 vi‐ sites l’an dernier. À titre com‐ paratif, le centre avait reçu 8 450 visites lors des huit pre‐ miers mois d’activité en 2020. C’est donc dire que l'achalan‐ dage a plus que doublé de‐ puis.

C’est 18 surdoses qu’on a depuis le début de l’année. C’est énorme. On a jamais vu ça

Anne-Frédérique LambertSly­the, médecin spécialist­e en santé publique au CIUSSS de la Capitale-Nationale.

Outre la prévention des surdoses, les intervenan­ts l’in‐ terzone offrent du soutien mental, psychosoci­al, ils font un pont entre d’autres ser‐ vices. Ils permettent de ré‐ duire les méfaits, c’est-à-dire des cas où des gens consom‐ meraient de la drogue en pu‐ blic ou laisseraie­nt des se‐ ringues souillées dans des parcs et sur les trottoirs.

Personne n'a perdu la vie dans les locaux de l'interzone depuis son ouverture, mais les lieux ont été le théâtre de 17 surdoses non-mortelles.

Un centre d’injection et de consommati­on supervisée­s était réclamé dans la Capitale Nationale depuis plusieurs années, par les consomma‐ teurs de drogues, mais égale‐ ment par les intervenan­ts.

On est super contents de les avoir dans le paysage de‐ puis deux ans, affirme Mario Gagnon, directeur de l’orga‐ nisme Point de Repères, qui vient en aide notamment au‐ près de la clientèle aux prises avec des problèmes de toxi‐ comanie à Québec. Toutefois, dans un contexte de fortes demandes: quelque chose de plus mobile pourrait aussi permettre de répondre [aux besoins] l’idée de diversifie­r plusieurs sites pourrait être une bonne idée songe-t-il.

Voisinage

Malgré quelques incidents, la cohabitati­on entre les usa‐ gers de l'Interzone et rési‐ dents du quartier Saint-Roch se passe plutôt bien selon Emmanuelle Lapointe.

L'arrivée d'un centre de consommati­on supervisée à Québec avait suscité de vives opposition­s de la part de rési‐ dents au cours des dernières années.

Le président du conseil de quartier Saint Roch, Louis Campagna, parle d'un long parcours du combattant entre la légalisati­on des centre d'injection supervisés au pays en 2011, et l'ouver‐ ture de l'Interzone.

Au niveau des gens qui ré‐ sident dans le secteur, nous le son de cloche qu'on a c'est que y'a pas vraiment eu d'en‐ jeux, d'attroupeme­nts, de nuisances publiques ou de cri‐ minalité. De ce côté-là, c'est un succès. constate-t-il.

L'endroit est quand même discret pour aller chercher des services (...) La formule semble fonctionne­r.

Louis Campagna, pré‐ sident du conseil de quartier Saint Roch

Avec les informatio­ns de Pascale Lacombe

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