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Les bureaux continuent de se vider au Canada

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Le taux d’inoccupati­on des espaces de bureaux au Ca‐ nada a atteint un seuil his‐ torique de 17,7 % au pre‐ mier trimestre de 2023, se‐ lon CBRE, une firme-conseil en immobilier commercial.

Dans les trois derniers mois, 2,7 millions de pieds car‐ rés d’espace de bureaux sont devenus vacants à travers le pays. Plus de 80 % de cet es‐ pace inoccupé supplémen‐ taire se trouve à Toronto.

Le total national a été prin‐ cipalement influencé par To‐ ronto, où les locataires redi‐ mensionnen­t leurs bureaux à mesure qu'ils clarifient leurs besoins d'espace, peut-on lire dans un rapport publié mardi.

Dans la Ville Reine, 17,5 % des espaces de bureau sont vacants. Ce taux a quadruplé depuis la fin de l'année 2019. Il s'établissai­t alors à 4,2 %.

Mark Meehan, le directeur de recherche de CBRE, attri‐ bue cette hausse du taux d’in‐ occupation à plusieurs fac‐ teurs.

De nombreux employeurs continuent de jongler avec leur politique de télétravai­l, explique-t-il, et ceux qui y voient un modèle durable di‐ minuent leurs espaces de bu‐ reaux.

Certaines entreprise­s dé‐ cident également de réduire leurs dépenses en vue d’un potentiel repli économique.

Le secteur des technolo‐ gies a par ailleurs connu une période trouble dans les der‐ niers mois alors que de nom‐ breuses entreprise­s ont pro‐ cédé à des licencieme­nts, re‐ marque M. Meehan.

Mais le facteur le plus im‐ portant de la hausse du nombre de bureaux vacants est la nouvelle offre d’espaces récemment construits, sou‐ tient-il.

Fin janvier, Shopify a par exemple remis sur le marché près de 350 000 pieds carrés d’espace de bureaux que l’en‐ treprise tente de sous-louer après avoir renoncé à démé‐ nager une partie de son per‐ sonnel dans un tout nouveau complexe à Toronto.

Sans les bureaux nouvelle‐ ment construits, détaille M. Meehan, le taux d’inoccu‐ pation au centre-ville de To‐ ronto serait de 8,2 %. Le taux actuel est de 15,3 %.

Des employeurs en ré‐ flexion

Le groupe Altus recense également une hausse des bureaux vacants au pays. Son vice-président aux solutions de données, Ray Wong, sou‐ tient que plusieurs entre‐ prises évaluent encore la place qu’elles souhaitent ac‐ corder au travail à distance.

Veulent-ils ramener les employés au bureau? Et si oui, quelle forme ça prend? Est-ce que c’est trois ou quatre jours par semaine? illustre-t-il.

M. Wong estime que cette réflexion pourrait s’étendre pour les six prochains mois, ou même quelques années dans certains cas.

La question pourrait se poser pour la prochaine dé‐

cennie aux yeux de M. Mee‐ han.

Ajuster la manière dont une entreprise utilise son es‐ pace de bureaux est assez dif‐ ficile, explique-t-il. Les baux commerciau­x sont souvent de longue durée, ce qui em‐ pêche les employeurs de mo‐ difier la grandeur de leur es‐ pace à leur guise.

Plusieurs entreprise­s se‐ raient aussi réfractair­es à pas‐ ser vers un modèle où les em‐ ployés n’auraient pas de places assignées.

Quoi qu’il en soit, les em‐ ployeurs chercherai­ent da‐ vantage de flexibilit­é en at‐ tendant de formuler officielle‐ ment leur politique de télétra‐ vail.

Je pense que la flexibilit­é était l’élément le plus sous-es‐ timé dans les baux commer‐ ciaux avant la pandémie, sou‐ tient M. Meehan. Aujourd’hui, sa valeur est indéniable.

Selon les chiffres de CBRE, seul Montréal a enregistré une diminution substantie­lle de ses espaces de bureaux va‐ cants. Edmonton, Toronto et Ottawa ont tous atteint des records d’inoccupati­on dans leur région métropolit­aine.

Avec 29,9 %, Calgary de‐ meure la ville canadienne avec le plus haut taux d’inoc‐ cupation de ses bureaux.

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