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Qui dit printemps dit saison des nids-de-poule

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C’est un secret de polichi‐ nelle. Les pneus de véhi‐ cules souffrent chaque printemps en Alberta comme dans la plupart des villes canadienne­s. Et pour cause : les nids-de-poule. Comment ces grands creux se forment-ils sur la chaus‐ sée après chaque hiver?

Une combinaiso­n de fac‐ teurs occasionne des nids-depoule, explique Ali Bayat, pro‐ fesseur au Départemen­t de génie civil et environnem­ental de l’Université de l’Alberta.

Il cite la qualité du ciment bitumineux utilisé pour construire la route et la charge de la circulatio­n comme deux principaux fac‐ teurs qui favorisent des fis‐ sures qui s'aggravent en temps d’hiver sur la route.

Pendant l’hiver, l’eau se fraye un chemin à travers ces fissures [...] la situation s’ag‐ grave et nous assistons à la formation de nids-de-poule.

Ali Bayat, professeur, Dé‐ partement de génie civil et en‐ vironnemen­tal, Université de l’Alberta

En bref :

La neige et la pluie s’in‐ filtrent dans les fondations de la route fissurée, diminuant sa résistance Au fur et à me‐ sure que l’eau gèle et dégèle, s’élargit et rétrécit, elle s’in‐ filtre davantage et affaiblit la route La route affaiblie ne peut plus supporter le poids de la circulatio­n, et les nidsde-poule se forment presque instantané­ment Alors que de plus en plus de véhicules cir‐ culent à la surface, le pro‐ blème continue de croître de manière exponentie­lle.

Construire les routes qui durent

Simon Hesp, professeur de chimie à l’Université Queen’s en Ontario soutient que ce n'est ni le rythme de fréquen‐ tation ni les variations de températur­e qui influencen­t le développem­ent des fis‐ sures sur les routes, mais le choix du bitume.

L’expert souligne que de nombreuses impuretés dont la cire se retrouvent dans le ci‐ ment bitumineux des routes asphaltées. Durant l'hiver, ajoute-t-il, ce produit liant se sépare du goudron, ce qui en‐ traîne l'apparition de fissures lors du dégel printanier.

Nous avons besoin des routes qui durent plus long‐ temps, dit Simon Hesp. Le brut de l’Alberta et le brut

lourd vénézuélie­n sont très bons pour paver des routes qui durent généraleme­nt de 40 à 50 ans, ce qui est beau‐ coup plus long que les routes typiques d’aujourd’hui construite­s à base de bruts plus légers.

Simon Hesp pense que les gouverneme­nts qui paient pour l’asphalte ne com‐ prennent pas les spécifica‐ tions requises, ne récom‐ pensent généraleme­nt pas la bonne qualité et la testent de la mauvaise façon.

Ils partent chercher ailleurs des liants avec une te‐ neur élevée en cire et difficiles à recycler, alors que les solu‐ tions sont tout près de nous, croit l’expert.

Il y a suffisamme­nt de pé‐ trole brut sous les sables bitu‐ mineux de l’Alberta pour pa‐ ver toutes les routes de la pla‐ nète pendant 100 à 200 ans et ensuite les recycler quatre à cinq fois. Nous parlons de 1000 ans, c’est donc une im‐ mense bonne nouvelle que beaucoup de gens ignorent.

Simon Hesp, professeur de chimie à l’Université Queen’s en Ontario

Pour s'assurer de ne plus avoir de nids-de-poule, ces ex‐ perts invitent les autorités compétente­s à miser sur les matériaux de qualité et l'amé‐ lioration des normes de la constructi­on routière.

Avec les entrevues de Lounan Charpentie­r

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