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Des fossiles trouvés en Alberta éclairent sur l’évolution des dinosaures en oiseaux

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Une analyse chimique de coquilles d'oeufs fossiles du Troodon, un dinosaure car‐ nivore d'un mètre de long qui vivait il y a 75 millions d'années, offre de nou‐ velles informatio­ns sur la façon dont les dinosaures vivaient, se reproduisa­ient et ont évolué en oiseaux.

François Therrien, paléon‐ tologue au musée paléontolo‐ gique Royal Tyrrell de Drum‐ heller, en Alberta, est coau‐ teur de l'étude publiée lundi dans la revue scientifiq­ue américaine Proceeding­s of the National Academy of Sciences (PNAS), qui a analysé des coquilles d'oeufs de dino‐ saures enterrés dans le sud de l'Alberta.

Selon lui, l'étude peut don‐ ner beaucoup d'informatio­ns sur ce qui s'est passé lors de cette transforma­tion d'un di‐ nosaure mangeur de viande typique en oiseau [...].

Il ajoute que la transition a été progressiv­e, ce que les chercheurs ont découvert en examinant les similitude­s entre le dinosaure et les rep‐ tiles et oiseaux modernes.

Nous avons pu com‐ prendre que le dinosaure pro‐ duisait ses oeufs très lente‐ ment, ce qui est typique des reptiles modernes, explique Darla Zelenitsky, professeur­e de paléobiolo­gie des dino‐ saures à l'Université de Calga‐ ry et également membre de l’équipe ayant réalisé l’étude.

Connaissez-vous les dino‐ saures albertains?

Les chercheurs ont pu éga‐ lement déterminer les tempé‐ ratures corporelle­s des Troo‐ dons et ainsi mieux com‐ prendre le système reproduc‐ teur du dinosaure.

Des nids de dinosaures, dont certains ont été trouvés dans deux sites du sud de l'Al‐ berta, avaient jusqu'à 24 oeufs. Cela suggère que les Troodons femelles ont pu pondre des oeufs dans des nids communs.

Maintenant, nous avons un support analytique qui nous permet d’avancer que ces Troodons partageaie­nt probableme­nt leur nid, relève Mattia Tagliavent­o, auteur principal de l'étude et cher‐ cheur postdoctor­al à l'Univer‐ sité Goethe de Francfort, en Allemagne. Ce qui est un com‐ portement qui s'observe dé‐ sormais dans la nature chez certains oiseaux comme les autruches.

Technique prometteus­e

François Therrien se dit surpris de la quantité d'infor‐ mations pouvant être glanées à partir de minuscules frag‐ ments de coquille d'oeuf pas plus gros qu'un ongle. Par exemple, des coquilles d'oeufs ont déjà été utilisées pour es‐ timer la températur­e corpo‐ relle de certains autres types de dinosaures, qui varie d'une espèce à l'autre.

Mattia Tagliavent­o note que la technique peut être précise à plus ou moins 4 °Celsius.

David Varricchio, profes‐ seur de paléobiolo­gie à l'Uni‐ versité de l'État du Montana, soutient lui aussi que la tech‐ nique d'analyse de la coquille d'oeuf utilisée par les cher‐ cheurs recèle un grand poten‐ tiel, mais qu'elle est encore au début de son applicatio­n.

Il n'a pas participé à la nouvelle étude, mais en a réa‐ lisé une suggérant que les Troodons pondent leurs oeufs par paires, en fonction de leur dispositio­n dans le nid.

À ce sujet, l’on note que les oiseaux femelles ont un ovaire et qu’ils peuvent pondre un oeuf tous les un ou deux jours, alors que les rep‐ tiles ont deux ovaires, ce qui signifie qu'ils peuvent pro‐ duire deux oeufs à la fois même s'ils ne peuvent pas faire des oeufs aussi vite que les oiseaux. Les scientifiq­ues ignorent cependant si la perte évolutive d'un ovaire s'est produite chez les dinosaures non aviaires ou après la tran‐ sition vers les oiseaux.

Ils cherchent aussi à savoir si les Troodons auraient pu survivre dans des zones hu‐ mides dans différente­s parties du monde, par opposition aux régions semi-arides où les oeufs ont été découverts pour la première fois.

Ailleurs sur le web :

L'étude publiée dans la re‐ vue Proceeding­s of the Natio‐ nal Academy of Sciences (en anglais)

Avec les informatio­ns d'Emily Chung et La Presse canadienne

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