Radio-Canada Info

12 heures de déplacemen­t pour faire réparer sa voiture : des Madelinots en colère

- Marie-France Bélanger

L’an dernier, Line Leblanc, roule en direction des Îlesde-la-Madeleine, où elle re‐ vient s’établir après des an‐ nées d’exil. En chemin, elle entend une vibration étrange provenant de son véhicule Hyundai.

Dès son arrivée aux Îles, elle tente de faire inspecter sa Kona 2019 qui est toujours sous garantie. Mais elle dé‐ couvre que Hyundai n’a plus de point de service aux Îles. Line Leblanc contacte alors le service à la clientèle du constructe­ur. Moi, j'ai appelé Hyundai Canada pour me faire dire que pour faire répa‐ rer mon auto, il faut que j'aille à l'Île-du-Prince-Édouard à mes frais, explique la Madeli‐ nienne, contrariée par la si‐ tuation.

En fait, le concession­naire Hyundai le plus près se trouve à Charlottet­own, un trajet de 5 heures de traver‐ sier et d’une heure de route, et ce, seulement pour l’aller.

En raison des horaires du bateau, sauf exception, im‐ possible de faire réparer le vé‐ hicule et de revenir la même journée. Dans le meilleur scé‐ nario, le retour se fait le lende‐ main. Il faut donc prévoir des frais d’hébergemen­t et de re‐ pas. Par ailleurs, en cas de tempête, le départ est re‐ poussé.

Pour Line Leblanc, pas question de faire un tel dépla‐ cement. Je ne peux pas partir comme ça. En plus, je ne serai jamais capable d'expliquer mon problème. Je ne parle pas anglais, précise-t-elle.

Pour l’instant, elle de‐ mande que sa garantie soit respectée sans qu’elle ait à dé‐ bourser quoi que ce soit. À défaut d’un changement, elle entend se départir de sa voi‐ ture. Je l'aime, mon auto. Mais si ça continue comme ça, je monte à Montréal, puis je vends l'auto. J'ai pas le choix. Tu peux pas garder une auto Hyundai avec pas de service, dit la Madelinien­ne.

Line Lafrance et son conjoint, Steve Turbide, pos‐ sèdent eux aussi un véhicule Hyundai. Quand ces Madeli‐ nots apprennent que leur Santa Fe 2021 est visé par un rappel, ils se résignent à faire la grande traversée. Mais plu‐ tôt que d’aller à l’Île-du-PrinceÉdou­ard, ils choisissen­t le concession­naire Hyundai de Matane pour être servis en français et parce qu’ils ont de la famille dans le secteur qui pourra les héberger.

Leur trajet dure une di‐ zaine d’heures, et leur périple s’étale sur une dizaine de jours parce qu’ils doivent at‐ tendre une pièce. Les coûts de ce voyage forcé s’élèvent à environ 1300 $, selon le couple. Mais impossible alors d’obtenir un remboursem­ent.

Line Lafrance est mécon‐ tente, d’autant plus que leur véhicule a été acheté aux Îles avant la fermeture du point de vente Hyundai. Ce qui me fâche là-dedans, c'est qu'on achète une voiture avec une garantie. On avait un conces‐ sionnaire ici qui s'occupait de tout ça. On avait l'esprit tran‐ quille. Et puis d'avoir à dé‐ bourser pour aller ailleurs, je trouve ça choquant, nous ra‐ conte-t-elle. Face à une grosse compagnie comme Hyundai, Line Lafrance dit se sentir comme une petite goutte d’eau dans l’océan.

Sara Martinet est l’heu‐ reuse propriétai­re d’une Hyundai Sonata. Tout va pour le mieux jusqu’à ce que son véhicule soit l’objet d’un rap‐ pel de sécurité. Le service à la clientèle de Hyundai Canada lui tient le même discours, soit qu’elle doit se rendre à Îledu-Prince-Édouard pour le rappel.

Pour Sara Martinet, ça n’a aucun sens. Elle refuse de quitter les Îles pour faire répa‐ rer son véhicule en raison des coûts. Elle se rend chez son garagiste local, qui ne peut rien faire faute de pièces et d’autorisati­on de la part du Hyundai.

Comme bien d’autres Ma‐ delinots, elle se sent prise en cage et demande à Hyundai Canada d’agir. Je veux avoir du service. C'est pas parce qu'on est insulaire et qu'on vit aux Îles-de-la-Madeleine qu'on ne peut pas être des‐ servi par une compagnie aussi grosse que Hyundai, fait va‐ loir Sara Martinet.

La marque, qu’elle adorait, a perdu de son lustre à ses yeux. Je n'ai pas en tête de ra‐ cheter un produit Hyundai, ça, c'est certain. Même si je quittais les Îles, je pense que pour moi, c'est terminé parce que j'ai un bris de confiance, ajoute Sara Martinet.

836 véhicules en circula‐ tion Hyundai aux Îles-de-laMadelein­e Source : SAAQ, 31 décembre 2022 Les droits des automobi‐ listes - les obligation­s de Hyundai

Hyundai a déjà eu des points de vente et de services aux Îles-de-la-Madeleine. Mais, depuis l’an dernier, ce n’est plus le cas. Résultat : des centaines de clients sont de‐ venus orphelins. En effet, plus de 800 véhicules Hyundai sont en circulatio­n aux Îles, dont ceux de Line Leblanc, Line Lafrance et Sara Marti‐ net.

L’avocat Hubert Lamon‐ tagne, conseiller juridique à l’Associatio­n pour la protec‐ tion des automobili­stes (APA), comprend très bien la grogne de ces Madelinots. Pour lui, il est insensé de demander aux propriétai­res de véhicules Hyundai des Îles-de-la-Made‐ leine de se rendre à l’Île-duPrince-Édouard pour faire ré‐ parer leur véhicule. C'est l'équivalent de demander à un Montréalai­s de se rendre à Toronto pour aller faire un rappel. Est-ce qu'on accepte‐ rait ça? Je crois que non, dit-il.

Pour lui, il est clair que Hyundai Canada a des obliga‐ tions envers :

les propriétai­res de véhi‐ cules Hyundai qui ont acheté leur véhicule aux îles et qui sont toujours sous garantie; les propriétai­res de véhicules Hyundai visés par un rappel, peu importe le lieu d’achat.

Selon l’APA, à défaut d’offrir le service après-vente aux Îles-de-la-Madeleine, Hyundai doit offrir une prise en charge au quai de Cap-aux-Meules, d’où part le traversier, fournir un véhicule de remplaceme­nt aux clients et leur ramener le véhicule. Le consommate­ur n’a pas à prendre le traversier pour faire exécuter un rappel ou une garantie convention‐ nelle, précise Me Hubert La‐ montagne de l’APA.

Hyundai : troisième marque la plus populaire au palmarès des ventes en 2022 au Québec Source : AutoMédia Hyundai cherche active‐ ment une solution

Hyundai Canada a refusé notre demande d’entrevue à la caméra. Par écrit, l’entre‐ prise dit travailler activement pour trouver une solution qui respecte ses standards. Nous sommes optimistes que les clients de Hyundai aux Îlesde-la-Madeleine auront à nouveau accès à un point de service local dans les pro‐ chaines semaines, nous a fait savoir le constructe­ur dans sa déclaratio­n.

Hyundai Canada s’engage aussi à rembourser ses clients madelinots :

qui ont dû sortir des Îles pour un rappel ou profiter de leur garantie; qui ont payé de leur poche pour faire exécu‐ ter, aux Îles, les travaux cou‐ verts par leur garantie.

Une annonce d’entente avec un garagiste des Îles-de

la-Madeleine devrait être faite incessamme­nt.

Le reportage de MarieFranc­e Bélanger et Jean-Fran‐ çois Vézina est diffusé à La facture le mardi à 19 h 30 et le

samedi à 12 h 30 à ICI Télé.

non récurrent.

Ce que dit la science

La chercheuse Véronique Daneault est très claire : Je pense qu'il faut transmettr­e à l'ensemble de la population qu'à ce jour, il n'y a pas de consensus scientifiq­ue non plus que d'études cliniques qui démontrent l'efficacité de la lumière rouge sur la qualité et la quantité de sommeil.

D’ailleurs, le scientifiq­ue en chef du Québec, Rémi Qui‐ rion, affirme que la lumière rouge ne favorise pas le som‐ meil. Et le Centers for Disease Control and Prevention amé‐ ricain déclare que la lumière rouge n’a aucun effet sur l’horloge circadienn­e.

En réaction au fait qu’il n’a pas de preuves scientifiq­ues catégoriqu­es sur l’impact po‐ sitif de la lumière rouge sur le sommeil, Greg Bonnier ré‐ pond : C'est plate à dire, mais finalement ce qui est impor‐ tant pour nous, c’est que ça a un effet positif ou pas. Et là, force est de comprendre que oui.

La directrice du Centre He‐ light, Jasmine Lebeau, sou‐ ligne quant à elle que la science n’a pas encore dé‐ montré que la lumière rouge favorise le sommeil, mais qu’éventuelle­ment ce sera peut-être le cas.

L’ensemble des publica‐ tions soumises et surtout notre expérience avec plus de 50 000 clients nous four‐ nissent des bases solides pour reconnaîtr­e l’existence des effets bénéfiques de la lu‐ mière rouge sur le sommeil. [...] La réponse obtenue des consommate­urs-utilisateu­rs nous confirme que nous sommes sur la bonne voie.

Greg Bonnier, vice-pré‐ sident d’Helight Canada

Des scientifiq­ues fran‐ çais impliqués avec Helight

Greg Bonnier nous dirige vers deux scientifiq­ues fran‐ çais avec qui ils ont collaboré pour l’élaboratio­n du Helight. Claude Gronfier, chercheur en neuroscien­ce et co-inventeur du Helight, selon le brevet eu‐ ropéen. Puis Olivier Caselles, un physicien médical à l’Insti‐ tut Universita­ire du Cancer de Toulouse.

Nous les avons contactés. Claude Gronfier nous écrit qu’il n’a pas échangé depuis longtemps avec Helight et qu’il n’a pas vu les résultats des études menées par He‐ light. En tant que scientifiq­ue, je ne peux donc pas me pro‐ noncer sur l’effet de la lumière rouge [...]. À ce stade, nous avons besoin de plus d'études bien menées chez l’humain.

L’autre scientifiq­ue aussi mentionné sur le site web d’Helight, Olivier Caselles, nous a dit : Il n'y a pas de base scientifiq­ue sérieuse. Là, je vous rejoins, mais à 200 pour cent. [...] Je dis juste qu'on ne sait rien. Que toutes mes re‐ cherches que je continue à faire me montrent qu'il y a certaineme­nt un truc avec la lumière et que ça vaut le coup d'y aller.

Il a aussi souligné qu’il a fait essayer le Helight à une cinquantai­ne de personnes de son entourage, et il a obte‐ nu une majorité de commen‐ taires favorables.

Greg Bonnier d’Helight soutient aussi que : Les résul‐ tats obtenus donnent espoir et qu’il est important de pour‐ suivre la recherche chez les humains.

Comment mieux mir? dor‐

Pour mieux dormir, il n’y a rien de miraculeux, comme l’explique Mme Daneault.

Les recommanda­tions in‐ ternationa­les sont claires. Trente minutes avant le cou‐ cher, on s'éloigne des écrans, on minimise l'éclairage. On au‐ ra tendance à avoir de l'éclai‐ rage plus chaud en soirée dans nos maisons plutôt qu'un éclairage froid.

Véronique Daneault, asso‐ ciée de recherche, Centre d’études avancées en méde‐ cine du sommeil (CEAMS) de l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal

Nous sommes retournés rencontrer M. Derosby, trois semaines plus tard, pour sa‐ voir si le Helight avait amélio‐ ré son sommeil. Dans mon cas à moi. Ça n'a pas fonction‐ né. Ça n’a rien changé.

Le reportage de Melissa Pelletier et de Martin Jolicoeur est diffusé à La facture le mar‐ di à 19 h 30 et le samedi à 12 h 30 à ICI Télé.

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