Radio-Canada Info

Catherine Fournier est la victime d’Harold LeBel

- Jean-Philippe Guilbault

L'identité de la victime de l'ex-député Harold LeBel, reconnu coupable d'agres‐ sion sexuelle en novembre dernier, vient d'être dévoi‐ lée. Il s'agit de la mairesse de Longueuil et ex-députée à l'Assemblée nationale Ca‐ therine Fournier.

L’ordonnance de non-pu‐ blication sur l’identité de la victime a été levée à la de‐ mande de Mme Fournier, afin qu’elle puisse prendre la pa‐ role publiqueme­nt dans le cadre d’un documentai­re rela‐ tant son parcours dans le sys‐ tème judiciaire.

La principale intéressée a d'ailleurs fait une publicatio­n sur son compte Instagram mardi matin, en expliquant les raisons qui la poussent à raconter son histoire.

Maintenant que l'identité de Catherine Fournier est dé‐ voilée, certains détails évo‐ qués lors du procès d'Harold LeBel peuvent maintenant être révélés au grand public.

L’agression qu’elle a subie s’est déroulée le soir du 20 oc‐ tobre 2017, dans la foulée d’une tournée régionale me‐ née par Harold LeBel et Ca‐ therine Fournier, alors tous deux députés du Parti québé‐ cois (PQ).

Ils étaient à Rimouski pour y présenter, notamment, le plan de lutte contre la pauvre‐ té de leur parti.

À cette époque, Jean-Fran‐ çois Lisée était le chef du PQ. Catherine Fournier avait été élue députée de Marie-Victo‐ rin lors d’une élection partielle en décembre 2016, après la démission de Bernard Drain‐ ville, qui était retourné tra‐ vailler dans les médias.

Il s’agissait donc des pre‐ miers pas de Mme Fournier à titre d’élue provincial­e, un contexte que la victime a sou‐ ligné dans le cadre de sa dé‐ claration à la fin du procès, en janvier dernier.

Imaginez être agressée sexuelleme­nt par une per‐ sonne avec qui vous devez travailler au quotidien, racon‐ tait Mme Fournier. Une per‐ sonnalité politique respectée, hautement appréciée de tous, qui connaît tout le monde, alors que vous, vous êtes nouvelle dans un milieu où vous cherchez à faire vos preuves.

Vous avez été victime d'une agression sexuelle?

Il est possible d'obtenir de l'aide via les centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CAVACS) au 1 877 717-5252

À la suite de l’agression, Catherine Fournier avait tout de même décidé de pour‐ suivre sa tournée régionale en présence de son agresseur. Elle avait aussi choisi de ne pas parler des gestes posés par Harold LeBel à l’état-major péquiste, par crainte de réper‐ cussions sur sa propre car‐ rière profession­nelle.

Je ne voulais pas parler de ce qui s’était passé à mon par‐ ti politique, aux gens qui tra‐ vaillaient au sein du parti parce que, instinctiv­ement, je me disais que j’étais la petite nouvelle, ça fait quelques mois que je suis élue, j’ai 25 ans. Lui est là depuis 30 ans, tout le monde l’aime, tout le monde l’apprécie. Il n’y avait pas plus figure consen‐ suelle que lui, autant au Parti québécois qu’à l’Assem‐ blée nationale, a-t-elle raconté lors de son témoignage en cour.

Je ne voulais pas de troubles. Je ne voulais pas causer de vagues.

Catherine Fournier, vic‐ time d'Harold LeBel

Aux élections provincial­es de 2018, lorsque le PQ est passé de 28 à 10 députés à l’Assemblée nationale, la proximité des deux élus dans le cadre de leur travail a tou‐ tefois été exacerbée.

Catherine Fournier a nom‐ mé cette élection comme un point tournant dans son pro‐ cessus de dénonciati­on, lors de son témoignage en cour. Elle côtoyait alors beaucoup plus régulièrem­ent Harold Le‐ Bel et a affirmé que des sou‐ venirs de son agression lui sont revenus en tête.

Craintes face à la média‐ tisation du procès

L’arrestatio­n au prin‐ temps 2020 de l’ancien chef du PQ André Boisclair et sa condamnati­on pour agres‐ sion sexuelle ont aussi été des événements qui ont alimenté la réflexion de Mme Fournier. Elle a alors constaté que l'identité de la victime avait été protégée et n’avait pas été diffusée dans les médias.

J’ai commencé à me sentir vraiment mal dans ma peau en me disant que si moi je ne dis rien [sur mon agression], et en plus j’étais sur toutes les tribunes à inviter les gens à dénoncer [...], je ne veux pas avoir ça sur la conscience, a-telle expliqué en cour.

Catherine Fournier a en‐ suite officielle­ment porté plainte contre Harold LeBel à l’été 2020, après avoir obtenu l’assurance que son identité demeurerai­t confidenti­elle. Elle craignait une tempête médiatique puisque Ha‐ rold LeBel, tout comme elle, était une personnali­té pu‐ blique.

Malgré l’interdicti­on de pu‐ blication ordonnée dès l’arres‐ tation d’Harold LeBel en dé‐

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