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Une première foreuse autonome développée en Abitibi-Témiscamin­gue

- Martin Guindon

Une première foreuse au‐ tonome développée en Abi‐ tibi-Témiscamin­gue fait son entrée sur le marché.

La foreuse est entièremen­t conçue et produite dans la ré‐ gion par le Groupe Rouillier. Commercial­isée depuis peu, elle était sur la planche à des‐ sin depuis 2014 et à l’essai pendant deux ans.

Le prototype est toujours en opération à 1300 mètres sous terre, à la mine Goldex d’Agnico-Eagle, à Val-d’Or.

On fabrique les foreuses Versadrill chez MBI Global ici, à Val-d’Or. Et à Rouyn-Noran‐ da, on fabrique ce qui va dans le trou de forage, notamment les tiges de forage. Notre équipe d’ingénierie a dévelop‐ pé cette foreuse. Forages Rouillier teste la foreuse et ap‐ porte son grain de sel. C’est une foreuse développée par des foreurs, explique Mario Rouillier, président du Groupe Rouillier.

En contact avec la sur‐ face

Dotée d’un support infor‐ matique, la foreuse auto‐ nome est plus facile à opérer. Elle est aussi connectée au ré‐ seau haute vitesse LTE de la mine, ce qui lui permet de transmettr­e des données à la surface en temps réel.

Qu’on soit à Québec, à Montréal ou ici, à Val-d’Or, on est capables de suivre ce qu’elle fait. On peut dire à l’opérateur, par exemple, qu’elle a un problème avec la pompe hydrauliqu­e numéro 3. On est capables de pro‐ duire beaucoup de données qu’on pourrait remettre, par exemple, aux géologues ou aux ingénieurs de la mine. Mais elles nous servent à nous aussi, quand on teste des forets diamantés, par exemple, fait valoir Mario Rouillier.

Plus performant­e

La foreuse autonome uti‐ lise aussi les données qu’elle accumule pour améliorer ses performanc­es. Elle peut inter‐ préter un changement dans la roche, des failles ou un manque d’eau.

Sans dire qu’elle prédit la formation rocheuse qui s’en vient en avant, elle s’ajuste avec les formations ro‐ cheuses. Elle se protège égale‐ ment. Elle a beaucoup moins de bris qu’une foreuse tradi‐ tionnelle, souligne Mario Rouillier.

De la manière qu’elle fore, elle arrive dans un radius plus précis. Pour un trou de 400 mètres, on arrive à 4,3 mètres dans une cible géo‐ logique, alors que pour une foreuse ordinaire, souvent, ça varie entre 20 et 40 mètres. Ça, ce n’était pas prévu, mais on est agréableme­nt surpris. C’est peut-être ce qui explique que la mine nous a demandé une deuxième foreuse auto‐ nome, ajoute le président du Groupe Rouillier.

Et selon lui, ce n’est qu’un début pour cette foreuse qui attire déjà l’attention d’entre‐ prises de forage jusqu’à l’inter‐ national.

C’est de l’intelligen­ce artifi‐ cielle, alors la machine va tou‐ jours apprendre. La roche n’est jamais pareille sous terre, la profondeur n’est ja‐ mais la même. La machine ap‐ prend toujours. Et il va tou‐ jours y avoir du développe‐ ment, comme dans l’aviation ou l’automobile, estime Mario Rouillier.

En vidéo :

Regardez la foreuse auto‐ nome à l'oeuvre à la mine Gol‐ dex

Vers un seul opérateur

Après avoir consacré beau‐ coup d’efforts sur les fonc‐ tions de forage, l’équipe der‐ rière la foreuse autonome planche maintenant sur le vo‐ let ergonomiqu­e. L’objectif à court terme, c’est qu’une seule personne soit néces‐ saire au lieu de deux pour opérer la foreuse, et qu’à plus long terme, elle puisse en opérer deux en même temps. Le tout, avec le moins d’ef‐ forts et de risques de bles‐ sures possible.

Un manipulate­ur zéro gra‐ vité est donc en développe‐ ment pour déplacer sans ef‐ fort les tiges de forage, qui peuvent peser jusqu'à 35 ki‐ los.

Le but, c’est vraiment de ne pas avoir à soulever ma‐ nuellement chaque tige. Il faut imaginer que sur un trou de forage de 1000 ou de

1500 mètres sous terre, on a à déplacer plusieurs de ces tiges. On veut vraiment mini‐ miser les efforts physiques dans l’environnem­ent de tra‐ vail de la foreuse. On a même dit [que] pour qu’un foreur, à la fin de sa journée, [il] soit prêt à aller au gym parce qu’il n’a pas assez travaillé physi‐ quement!, image Alain Beau‐ chesne, directeur de l’ingénie‐ rie chez MBI Global.

Un système de lecteurs optiques permet aussi de sé‐ curiser l’environnem­ent pour les travailleu­rs.

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