Vers la fin des tests de cosmétiques sur les animaux au Canada
Guillaume Lepage, Alexis Gacon Le gouvernement Trudeau est sur le point d’interdire les tests de cosmétiques sur les animaux, une me‐ sure symbolique, selon l’in‐ dustrie, qui a été unani‐ mement saluée par des groupes de défense des ani‐ maux. Une fois adoptée, elle viendrait clore un dé‐ bat qui dure depuis presque 10 ans.
S’il y a une manière de faire souffrir les animaux inutile‐ ment et qui n’a même pas l’appui de la population, ce sont les essais de cosmé‐ tiques sur les animaux, dé‐ clare en entrevue Valéry Gi‐ roux, docteure en philosophie et directrice adjointe du Groupe de recherche en éthique environnementale et animale.
Lors du dépôt de son bud‐ get en mars, le gouvernement fédéral a indiqué qu'il comp‐ tait interdire les essais de cos‐ métiques sur les animaux. Une nouvelle étape a été fran‐ chie il y a quelques jours, par la publication des modifica‐ tions prévues à la Loi sur les aliments et drogues.
Outre les tests, Ottawa en‐ tend interdire la vente des cosmétiques qui s'appuient sur de nouvelles données d'expérimentation animale pour établir la sécurité du produit, ainsi que l'étiquetage faux ou trompeur concernant l'expérimentation des cosmé‐ tiques sur les animaux.
Des exceptions sont toute‐ fois prévues. L’interdiction ne s’applique pas si les données sont tirées d’essais conduits avant l’interdiction ou si le cosmétique a été vendu au Canada avant cette date.
Ces mesures doivent en‐ trer en vigueur six mois après la sanction royale de la loi, prévue ce printemps. Entretemps, des amendements pourraient venir modifier le texte.
Le Canada en retard
L'engagement d'Ottawa a été salué par des groupes de défense des animaux, dont l’Alliance animale du Canada et l’organisation Humane So‐ ciety International, qui ont travaillé de concert avec le gouvernement. À la SPCA de Montréal, on applaudit aussi à cette grande victoire pour les animaux.
Il est grand temps que le Canada emboîte le pas à la quarantaine de pays qui ont déjà légiféré en la matière. On espère que l’interdiction sera adoptée rapidement.
Erin Martellani, respon‐ sable de campagne pour la défense des animaux à la SP‐ CA de Montréal
La Norvège, le Guatemala et tous les pays membres de l’Union européenne inter‐ disent déjà les essais de cos‐ métiques sur les animaux. Aux États-Unis, l’État de New York est devenu, en dé‐ cembre, la dixième législature à bannir de tels tests. Le Hu‐ mane Cosmetics Act, qui in‐ terdirait les cosmétiques à l’échelle du pays, est encore à l’étude devant le Congrès.
Selon les experts consul‐ tés, l’industrie cosmétique conduit des tests sur les ani‐ maux pour vérifier si leur pro‐ duit ou un ingrédient n’est pas toxique, irritant ou nui‐ sible pour l’humain. Pour ce faire, on emploie surtout des souris, des rats et des lapins.
La SPCA de Montréal dé‐ nonce depuis longtemps la cruauté de ces tests, notam‐ ment lorsqu’ils consistent, par exemple, à appliquer une crème sur la peau rasée d'un animal ou directement dans ses yeux, pendant plusieurs jours, sans anesthésie.
Des tests rares et in‐ utiles
Contrairement à certaines recherches médicales sur des animaux qui sont très utiles et nécessaires, les essais de cosmétiques ne le sont pas, juge de son côté la Dre Caro‐ line Kilsdonk, vétérinaire spé‐ cialisée en bioéthique.
La sécurité de milliers d’in‐ grédients est déjà connue, et si une compagnie désire inno‐ ver, des méthodes alterna‐ tives ont été développées pour évaluer la sécurité des nouveaux composés, ex‐ plique-t-elle, comme l’utilisa‐ tion de cellules cultivées en la‐ boratoire ou le recours à des tests in vitro.
D’autant plus, ajoute-t-elle, que les laboratoires du pays où sont menés ces essais ne sont pas tenus d’être agréés par le Conseil canadien de protection des animaux (CC‐ PA), ce qui laisse entendre, de