CBC/Radio-Canada : Twitter supprime la mention « média financé par le gouvernement »
Twitter a supprimé jeudi soir la mention « financé par le gouvernement » du compte de CBC et d'autres médias internationaux.
Le réseau social a suppri‐ mé les controversées men‐ tions média affilié à l'État et média financé par des fonds gouvernementaux des pages de grands médias, dont l'amé‐ ricain NPR.
Plusieurs comptes de mé‐ dias occidentaux, de Russie, de Chine et d'autres pays qui portaient cette mention ne l'ont plus, selon ces constata‐ tions.
Outre NPR et CBC, l'agence officielle chinoise Xinhua (Chine nouvelle) ou le russe RT ne portaient plus cette mention dans la nuit de jeudi à vendredi.
Les médias affiliés à un État sont définis comme des médias dont le contenu édito‐ rial est contrôlé par cet État par le biais de ressources fi‐ nancières, de pressions poli‐ tiques directes ou indirectes et/ou d'un contrôle sur la pro‐ duction et la distribution, pouvait-on lire sur le centre d'aide de Twitter.
Les organisations de mé‐ dias financées par un État et dotées d'une indépendance éditoriale, comme la BBC au Royaume-Uni ou NPR aux États-Unis, ne sont pas défi‐ nies comme des médias affi‐ liés à un État aux fins de cette politique, poursuivait ce texte.
Des médias leur voix unissent
Plus tôt dans la journée, le Groupe de travail mondial pour les médias publics a ex‐ horté Twitter à corriger le li‐ bellé apposé à quatre de ses membres, dont CBC/RadioCanada, qui ont reçu l’éti‐ quette « média financé par le gouvernement », et ce, sans préavis ni consultation.
Un média australien, un média sud-coréen et un autre néo-zélandais sont également ciblés par la sortie de l’organi‐ sation internationale. Il s’agit de l’Australian Broadcasting Corporation (ABC), du Korean Broadcasting System (KBS) et de Radio New Zealand (RNZ).
Selon le groupe de travail, le libellé actuel induit le public en erreur au sujet de l’indé‐ pendance éditoriale et opéra‐ tionnelle de ces diffuseurs à l’égard des gouvernements, peut-on lire dans un commu‐ niqué.
La politique de Twitter dé‐ finit les médias financés par le gouvernement comme des cas où le gouvernement peut intervenir à divers degrés dans le contenu éditorial, ce qui n’est clairement pas le cas pour l’ABC, CBC/Radio-Cana‐ da, KBS et RNZ.
L’indépendance éditoriale de ces quatre diffuseurs pu‐ blics est protégée par la loi et encadrée par leurs politiques éditoriales.
Extrait du communiqué du Groupe de travail mondial pour les médias publics
Lundi, lorsque CBC/RadioCanada a pris la décision de suspendre ses activités sur Twitter, l'organisation a spéci‐ fié être financée par des fonds publics au moyen d'un crédit parlementaire voté par tous les députés.
Radio-Canada ajoute que son indépendance éditoriale est protégée par la Loi sur la radiodiffusion et que son tra‐ vail est soumis à des Normes et pratiques journalistiques –
un guide de standards éthiques et déontologiques strict et transparent – ainsi qu'à un processus de plainte indépendant par l'intermé‐ diaire des ombudsmans de Radio-Canada et de CBC.
Les comptes Twitter d’ABC, qui dit être en discussion avec la direction du réseau social, sont toujours actifs, mais les publications s’y font plus rares depuis le 18 avril. Le mé‐ dia a cependant affirmé dans un communiqué publié lundi être financé par des fonds pu‐ blics et gouverné par une charte inscrite dans la législa‐ tion australienne.
Depuis plus de 90 ans, ABC a toujours été, et demeure aujourd’hui, une organisation médiatique indépendante, libre de tout intérêt commer‐ cial et politique.
RNZ n’a, quant à elle, rien publié sur son compte Twitter depuis le 18 avril.
Reformulation
Plus tôt ce mois-ci, Twitter avait apposé l’étiquette média financé par le gouvernement‐ sur plusieurs comptes de la BBC, avant de la remplacer par média à financement pu‐ blic devant l’opposition du dif‐ fuseur public. À noter que la BBC est aussi membre du Groupe de travail mondial.
Le réseau social a égale‐ ment accolé au compte de la NPR (National Public Radio), aux États-Unis, la mention de média affilié à l'État, l'affu‐ blant de la même étiquette que les médias détenus par les gouvernements chinois ou russe.
La NPR a alors rapidement quitté la plateforme, le même jour où Twitter a finalement changé son étiquette pour média financé par le gouver‐ nement. La NPR n’a pas pour autant fait un retour sur le ré‐ seau social dirigé par Elon Musk.
L’approche de Twitter consistant à étiqueter les mé‐ dias sur la base de leur finan‐ cement fait fi d’un principe fondamental des médias de service public : ce sont des médias financés par des fonds publics et indépen‐ dants de par la loi, peut-on lire dans le communiqué du Groupe de travail mondial pour les médias publics.
Ce modèle, ajoute-t-il, a permis de servir les auditoires de pays démocratiques pen‐ dant la majeure partie du siècle dernier.
Si Twitter doit apposer une de ses étiquettes existantes à l’ABC, CBC/Radio-Canada, KBS et RNZ, celle qui serait la plus précise et appropriée est "mé‐ dia à financement public".
Extrait du communiqué du Groupe de travail mondial pour les médias publics
Le Groupe de travail mon‐ dial pour les médias publics est actuellement présidé par Catherine Tait, la dirigeante de CBC/Radio-Canada.
Les autres membres de l’organisation sont :
David Anderson, directeur général, ABC (Australie)
Tim Davie, directeur géné‐ ral, BBC (Royaume-Uni)
Delphine Ernotte, prési‐ dente-directrice générale, France Télévisions (France)
Norbert Himmler, direc‐ teur général, ZDF (Allemagne)
Kim Eui-chul, président-di‐ recteur général, KBS (Corée du Sud)
Jim Mather, président du conseil d’administration, RNZ (Nouvelle-Zélande)
Hanna Stjärne, directrice générale, SVT (Suède)