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Emplois perdus chez Olymel ValléeJonc­tion : 1 travailleu­r sur 5 a plus de 60 ans

- Guylaine Bussière

La course à l'emploi est lan‐ cée pour les quelque 1000 travailleu­rs d'Olymel Val‐ lée-Jonction qui perdront leur travail à la fin de l'an‐ née. Les travailleu­rs qui se‐ ront licenciés ont en moyenne entre 40 et 45 ans, mais 180 d'entre eux ont plus de 60 ans.

J'aurais jamais pensé à la fermeture de Vallée-Jonction. Jamais !, lance d'entrée de jeu Mario Boily, employé à l'abat‐ toir de Vallée-Jonction depuis près de 50 ans.

L'annonce de cette ferme‐ ture est un choc pour l'homme qui fêtera ses 65 ans en mai, et pour qui il s'agit du seul emploi qu'il ait occupé depuis son entrée sur le mar‐ ché du travail.

Rencontré au casse-croûte Ti-Paul, à quelques centaines de mètres de l'usine Olymel, Mario Boily est accompagné de son épouse Carole Tur‐ cotte. Elle aussi perd son em‐ ploi.

Carole Turcotte a rejoint l'usine de Vallée-Jonction, il y a 11 ans après avoir perdu son emploi de couturière. À 63 ans, elle occupe un poste d'emballeuse sur le quart de travail du soir. Si elle est triste de perdre son propre emploi, elle trouve que cette ferme‐ ture est déplorable surtout pour des travailleu­rs comme son mari qui ont passé leur vie sur place.

À eux deux, ils cumulent plus de 60 ans d'ancienneté.

Au-delà du stress causé par ce bouleverse­ment dans leur vie, Mario et Carole consi‐ dèrent que le plus difficile de‐ puis l'annonce de la ferme‐ ture c'est le moral des troupes.

Ça pleurait vendredi ma‐ tin, rapporte M. Boily, qui ajoute que deux psycho‐ logues sont sur place depuis l'annonce afin de discuter avec les travailleu­rs. Les jeunes c'est pire que nous, les jeunes, les femmes qui sont seules avec des enfants aussi.

Mario Boily et Carole Tur‐ cotte ne sont pas les seuls à former un couple dans l'usine. Plusieurs travailleu­rs sont dans une situation similaire.

Travailler au même en‐ droit depuis toujours

Assis côte à côte sur la banquette du restaurant avec sa conjointe, Mario Boily ra‐ conte avec le sourire qu'il a commencé à travailler à l'abattoir, alors qu'il n'avait que 16 ans.

On était 74 employés quand je suis entré, se sou‐ vient-il. […] On aimait la gang, puis les chums, puis là on se verra plus personne, regrette l'employé.

Mario Boily ne le cache cet aspect lui brise le coeur, la perte de cette deuxième fa‐ mille. Déjà cinq ou six col‐ lègues et amis lui ont annon‐ cé qu'ils quittaient dès la se‐ maine prochaine pour occu‐ per un emploi dans une en‐ treprise, située à une dizaine de kilomètres de Vallée-Jonc‐ tion.

Et ils seront certaineme­nt plusieurs à partir avant la fer‐ meture officielle prévue en décembre. Des employeurs mènent des opérations sé‐ duction chaque jour dans la cour de l'abattoir.

Mardi lors du passage de Radio-Canada, une recruteuse du groupe Bimbo, proprié‐ taire de la pâtisserie Vachon de Sainte-Marie, était sur place.

Myriam Lalonde profitait du changement de quart de travail pour distribuer des gâ‐ teaux et des emplois. À

Sainte-Marie, dit-elle, la pâtis‐ serie Vachon a besoin d'une centaine d'employés d'ici la fin de l'année.

Repartir à zéro

Le président du syndicat des travailleu­rs d'Olymel Val‐ lée-Jonction, Martin Maurice, craint que la course à l'emploi ne soit pas égale pour tous, même si le taux de chômage est à moins de 2 % en Beauce.

Martin Maurice prend l'exemple des employés de 60 ans et plus qui représente 20 % des employés licenciés.

Il indique aussi que les sa‐ laires ont été réduits de presque 40 % pour sauver l'abattoir, en 2007.

Plusieurs sont forcés de re‐ tarder leur départ à la retraite. Plusieurs se demandent qui va les embaucher. […] Ils ont passé leur vie dans un abat‐ toir, il y en a beaucoup qui sont maganés, on ne s'en ca‐ chera pas.

Martin Maurice, président du syndicat des travailleu­rs d'Olymel Vallée-Jonction

Carole et Mario ne baissent toutefois pas les bras, même s'ils auront 63 et 65 ans dans les prochaines se‐ maines. Les deux comptent bien se trouver un nouvel em‐ ploi.

Carole Turcotte ne se cache toutefois pas pour le dire, à notre âge recommen‐ cer à zéro, c'est pas évident mais il faut travailler on n'a pas le choix. Mario Boily non plus n'est pas prêt pour la re‐ traite, il souhaite trouver un travail pour trois à quatre jours par semaine.

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risque de se poursuivre en‐ core pour plusieurs années à moins qu'on ait un autre boom où il y a une très forte demande de main-d'oeuvre.

Avec les informatio­ns du

Le café show

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