Des médecins spécialistes de l’Outaouais lancent un cri du coeur
Dans une série de lettres adressées au Centre inté‐ gré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Ou‐ taouais, des médecins spé‐ cialistes dressent un sombre portrait de la situa‐ tion des soins de santé dans la région.
Ces médecins, qui oeuvrent dans différents ser‐ vices comme la chirurgie, la dermatologie ou encore la neurologie, demandent à nouveau davantage de res‐ sources pour exercer leur tra‐ vail et répondre aux besoins des patients.
À l’Hôpital de Hull, par exemple, dans une lettre da‐ tée du 20 mars, des neuro‐ logues ont notamment rap‐ pelé avoir demandé depuis 18 mois deux appareils d’élec‐ tromyogramme (EMG) fonc‐ tionnels et fiables. Ils ré‐ clament aussi, immédiate‐ ment, des mesures incitatives pour favoriser l’attraction et la rétention des technologues en électrophysiologie.
La cheffe du service de dermatologie du CISSS de l’Outaouais, Dre Janie Ber‐ trand, pour sa part, réitère notamment sa demande d’améliorer la prise de mes‐ sages provenant des patients à Hull, d’accroître le personnel infirmier en clinique externe et déplore être toujours en at‐ tente de la clinique de derma‐ tologie.
De leur côté, des représen‐ tants du service d’obsté‐ trique-gynécologie de‐ mandent, dans leur missive, de procéder à la réouverture d’un étage dédié de chirurgie (actuellement inexistant) de manière à augmenter le nombre de lits dédiés à la chi‐ rurgie et ainsi augmenter le nombre de chirurgies nécessi‐ tant une admission et faire un minimum de deux admissions par lignes opératoires.
Le CISSS de l’Outaouais dit faire tout ce qu’il peut
En entrevue avec RadioCanada jeudi soir, en marge de la réunion du conseil d’ad‐ ministration du CISSS de l’Ou‐ taouais, son président-direc‐ teur général intérimaire, Yves St-Onge, a indiqué que l’envoi de ces lettres s’inscrit, selon lui, dans une démarche concertée au niveau provin‐ cial et que d'autres médecins ont envoyé des lettres simi‐ laires à d'autres CISSS.
Moi, personnellement, je n’ai pas vraiment entendu de plaintes de médecin spécia‐ liste qui dise : "là, je ne suis pas capable de pratiquer, je n’ai pas de ressources". [...] Ça ne pose pas de crise existen‐ tielle du tout à l’interne. On n’a pas de chicane. On s’en parle. Ils m’écrivent. Je ne prends pas mal du tout la lettre qu’ils m’envoient. Je me dis : "ok, on va répondre".
M. St-Onge affirme avoir donc écrit à ces spécialistes qu'il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour corriger la situation, vu la pénurie de main-d'oeuvre actuelle.
On fait déjà tout ce qui est nécessaire pour [leur] fournir les ressources pour [qu’ils puissent] exercer leurs fonc‐ tions, mais je ne peux pas in‐ venter des infirmières au bloc opératoire, je ne peux pas in‐ venter des techniciens en ra‐ diologie, déplore-t-il. Je ne dis pas que c’est parfait, je dis simplement qu’on fait ce qu’on peut pour satisfaire les médecins, car des médecins satisfaits vont rester chez nous.
Eux et nous partageons les mêmes difficultés, eux dans leur pratique, et nous dans notre responsabilité de don‐ ner les services.
Yves St-Onge, président-di‐ recteur général intérimaire du CISSS de l’Outaouais
Le président-directeur gé‐ néral intérimaire du CISSS de l’Outaouais reconnaît toute‐ fois que les outils informa‐ tiques dans les établisse‐ ments de santé de l'Ou‐ taouais sont archaïques et af‐ firme qu'il y a du retard à rat‐ traper par rapport à d'autres établissements du réseau.
C’est certain que si un mé‐ decin me dit : "vos systèmes sont archaïques", et bien il a raison. On travaille très fort pour se moderniser, on a un plan de transformation nu‐ mérique, [...] mais je ne peux pas rattraper 10, 15, 20 ans de désuétude. [...] On se rend compte qu’on a du retard par rapport à d’autres établisse‐ ments du réseau.
Avec les informations de Fiona Collienne