Image corporelle : sensibiliser les jeunes au fonctionnement des réseaux sociaux
EN MODE SOLUTIONS « L’arrivée au secondaire est une période de ques‐ tionnement », note l’insti‐ gatrice du projet Change ton algorithme, Anne-So‐ phie Coulombe, qui pro‐ pose des conférences et du contenu web pour mieux comprendre les médias so‐ ciaux.
Les jeunes ont tendance à se comparer davantage et à vouloir changer leur appa‐ rence. Les réseaux sociaux leur donnent accès à des images qui sont modifiées, qui représentent un idéal. Je pense que ça peut venir jouer dans la tête des jeunes très fa‐ cilement, estime l'étudiante au doctorat en psychologie à l'UQTR.
Regroupés dans l'amphi‐ théâtre de l’école Samuel-De Champlain pour entendre sa conférence, les élèves de 1re secondaire connaissent très bien Instragram, TikTok et Snapchat.
Les réseaux sociaux leur permettent de se divertir, s’éduquer et garder contact, répondent-ils à main levée. Mais ils les empêchent aussi de passer du temps à l’exté‐ rieur, les rend accrocs et les incitent à se dévoiler un peu trop, ajoutent-ils, quand les aspects négatifs de leur utili‐ sation sont abordés.
L'objectif est de favoriser le développement d'un regard critique, de leur dire que ce [qu’on leur montre], c'est pas vraiment la réalité ou du moins, c'est une réalité qui est altérée, qui est modifiée.
Anne-Sophie Coulombe, instigatrice du projet Change ton algorithme et étudiante au doctorat en psychologie à l'UQTR
Estime de soi, image cor‐ porelle et troubles alimen‐ taires
Change ton algorithme est une campagne de sensibilisa‐ tion sur l’impact des réseaux sociaux sur l’image corporelle et, dans des cas un peu plus extrêmes, sur le développe‐ ment de troubles alimen‐ taires, explique Anne-Sophie Coulombe. C'est quand même confrontant pour eux, ajoute-t-elle. Vers la fin, on parle plus d'images corpo‐ relles, je vois des petites têtes bouger, mais ils parlent un peu moins [… ] Je pense que c'est des sujets qu’ils connaissent.
Les médias sociaux sont propices à la comparaison so‐ ciale en nous mettant en rela‐ tion avec des gens qui ont grandi dans des conditions socio-économiques diffé‐ rentes des nôtres. La docto‐ rante en psychologie précise qu’on établit des très hauts standards de comparaisons et qu’on est plus à risque de vivre l'insatisfaction par rap‐ port à notre corps et par rap‐ port à notre mode de vie.
Les origines du projet
La Maison L’Éclaircie est un organisme communautaire de Québec qui vient en aide aux personnes vivant avec des troubles du comporte‐ ment alimentaire. Anne-So‐ phie Coulombe y a fait un stage de trois mois à l‘été 2022. C’est là que l'idée est née et que le concept a été développé.
En tant qu’intervenante sociale, j'avais déjà noté quelques préoccupations des participants, participantes de la Maison L’Éclaircie quant aux réseaux sociaux et l'image corporelle.
Anne-Sophie Coulombe, instigatrice du projet Change ton algorithme et étudiante au doctorat en psychologie à l'UQTR
Les proches des per‐ sonnes qui souffrent de troubles alimentaires aussi étaient préoccupés. J'avais beaucoup d'appels à la ligne d'écoute mentionnant que mon jeune ou ma jeune ne mange plus, lui disait-on, ajoutant qu’elle est tout le temps sur son téléphone, qu’est-ce que je peux faire?
Une subvention de 250 000 $ a permis de lancer le projet dans les mois qui ont suivi.
En bref
En 2022, l’écoute des vi‐ déos a été l’activité la plus pratiquée sur Internet par les jeunes âgés de 6 à 17 ans. 67 % des jeunes s’adonnent à l’écoute des vidéos sur Inter‐ net. Les autres activités les plus populaires sur Internet chez ces jeunes sont : jouer en ligne, seuls ou avec des amis (64 %), visionner des séries ou des films sur Internet, comme sur Netflix (47 %), et visiter des sites web de divertisse‐ ment (47 %).
Source : NETendance 2022 - La famille numérique, vo‐ lume 13 numéro 6, page 12
Site web, Facebook, Tik‐ Tok et Instagram
Pour rejoindre les jeunes et les sensibiliser, Anne-So‐ phie Coulombe ne se limite pas aux conférences. Change ton algorithme est aussi pré‐ sent sur le web et… les médias sociaux. On va inciter les jeunes ou les plus vieux à ve‐ nir nous suivre sur nos ré‐ seaux sociaux, explique-t-elle. L'objectif […], c'est de diversi‐ fier le contenu auquel on est exposé, comme quand on sort dans la vie de tous les jours où l'on a vraiment une panoplie de corps différents.
Change ton algorithme semble avoir pris son erre d’aller depuis le mois de fé‐ vrier. De quatre à six confé‐ rences par semaine sont don‐ nées dans des écoles secon‐ daires, des cégeps, des univer‐ sités, à l'éducation des adultes et auprès de nou‐ veaux arrivants. On doit maintenant refuser certaines demandes.
Je crois que les membres de la direction du personnel commencent à voir ces en‐ jeux-là chez les jeunes, ça fait qu'ils cherchent un peu d'aide et Change ton algorithme est un des premiers projets qui abordent vraiment l'utilisa‐ tion des réseaux sociaux et de leur impact direct sur l'image corporelle et sur le dévelop‐ pement d'un trouble alimen‐ taire.
Anne-Sophie Coulombe, instigatrice du projet Change ton algorithme et étudiante au doctorat en psychologie à l'UQTR
Tout en poursuivant ses études pour devenir psycho‐ logue clinicienne, elle souhaite poursuivre le projet pendant encore quatre ans.
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