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Un sommet national sur le bien-être des enfants autochtone­s

- Céline Marti

Koganaawsa­win, l’orga‐ nisme de coordinati­on cen‐ tral du système de bienêtre pour les enfants, la jeunesse et la famille ani‐ shinabek, organise cette semaine un sommet natio‐ nal sur le bien-être des en‐ fants autochtone­s. Le thème : Comment gouver‐ ner et conserver la juridic‐ tion sur nos enfants et notre jeunesse.

Tout au long du sommet, il sera majoritair­ement ques‐ tion de l’importance d’affir‐ mer la compétence de chaque Première Nation en matière des services aux enfants et aux familles et des divers pro‐ cessus utilisés dans l’élabora‐ tion des lois sur la protection des enfants [autochtone­s], soutient la directrice de Koga‐ naawsaawin et des services sociaux de la Nation Anishina‐ bek, Andrienne Pelletier, au sein du communiqué de presse.

Il faut tout un village pour éduquer un enfant, affirme d’emblée Duke Peltier, com‐ missaire pour les enfants à la Nation Anishinabe­k, lors de la conférence.

Nous devons tout faire en notre pouvoir pour faire tom‐ ber les barrières colonialis­tes toujours en place et modeler notre propre façon de nous occuper de nos enfants.

Duke Peltier, commissair­e pour les enfants à la Nation Anishinabe­k

La création de lois, selon lui, est nécessaire.

C'était d'ailleurs le sujet au coeur de la première journée du sommet.

L’avocate mi’kmaw de la

Première Nation Eel River Bar du Nouveau-Brunswick Pa‐ mela Palmater, qui est aussi professeur­e et directrice de la chaire en gouvernanc­e au‐ tochtone à l’Université Métro‐ politaine de Toronto, a d'ailleurs fait une présenta‐ tion.

Mme Palmater a fourni aux participan­ts quelques no‐ tions clés à prendre en consi‐ dération dans l'exercice des droits souverains afin de créer des lois.

Accepter les opinions di‐ vergentes

Il faut comprendre les gens [...]. Tout le monde ne se‐ ra pas d’accord sur le meilleur chemin à suivre, affirme Mme Palmater.

Ce ne sont pas toutes les familles qui seront d’accord ni toutes les communauté­s. Ce qui peut s’avérer difficile dans le cas de lois fondées sur la nation.

Pamela Palmater, avocate mi’kmaw, membre de la Pre‐ mière Nation Eel River Bar, professeur­e et directrice de la chaire en gouvernanc­e au‐ tochtone à l’Université Métro‐ politaine de Toronto

Le désaccord fait partie du processus, selon elle, et les di‐ rigeants doivent s’assurer que peu importe le résultat, la ma‐ jorité des gens doivent sentir qu’ils ont eu voix au chapitre.

Pour illustrer son argu‐ ment, elle évoque un exemple simple, mais parlant : les tradi‐ tions précolonia­les sont au coeur de la culture de certains autochtone­s, alors que pour d’autres, ce sont celles issues de la chrétienté qui priment.

Il faut aussi prendre en compte la réalité différente des Premières Nations et des urgences auxquelles elles font face, avance-t-elle. Certaines sont mieux financées que d’autres ou ne doivent pas faire face à des problèmes d’eau potable, par exemple.

Mettre les gens au coeur des lois

Il existe plusieurs options, plusieurs modèles et plu‐ sieurs modèles hybrides pour la création de nouvelles lois.

Toutefois, Mme Palmater n’en démord pas : une loi qui sera soutenue par la majorité en sera une à laquelle tous et toutes auront participé.

C’est ainsi qu’elle prône un engagement des citoyens dès le début, lors des premières consultati­ons. Les gens doivent être au courant des développem­ents, doivent être éduqués sur la question, doivent avoir plusieurs op‐ portunités de s’exprimer et poser des questions.

Il faut mettre l’accent sur les gens… Ce sont eux le gou‐ vernement.

Pamela Palmater, avocate mi’kmaw, membre de la Pre‐ mière Nation Eel River Bar, professeur­e et directrice de la chaire en gouvernanc­e au‐ tochtone à l’Université Métro‐ politaine de Toronto

Il faut aller au coeur de la question, prendre note des valeurs, des croyances et des priorités des gens avant de ré‐ diger une loi et s'assurer que les lois reflètent la volonté des gens, ajoute-t-elle.

Accepter l’imperfecti­on

Il faut comprendre que la rédaction de lois demeure un processus, explique Mme Pal‐ mater avant d'ajouter que ce‐ la peut être paralysant de penser qu'une loi doit être parfaite dès son premier jet.

Elle rappelle aux partici‐ pants que les lois évoluent dans le temps. Il faut penser aux lois comme des entités organiques et fluides qui s'adaptent aux circonstan­ces changeante­s, précise-t-elle.

[Les lois] sont contestées, elles sont amendées. Elles sont abrogées. Elles re‐ naissent sous une forme diffé‐ rente.

Pam Palmater, avocate mi’kmaw, membre de la Pre‐ mière Nation Eel River Bar, professeur­e et directrice de la chaire en gouvernanc­e au‐ tochtone à l’Université Métro‐ politaine de Toronto

Réaliser que les lois sont muables soulage les diri‐ geants d’une certaine pres‐ sion. L’important, précise-telle, c’est que le noyau de la loi soit juste. Ensuite, il s’agit de faire preuve de transpa‐ rence afin que tout le monde soit tenu au courant du pro‐ cessus, ajoute-t-elle.

Le sommet virtuel s’étend sur trois jours. Les conféren‐ ciers, dont de nombreux avo‐ cats, discuteron­t de sujets comme la négociatio­n, l’auto‐ gouvernanc­e, le financemen­t du fédéral et les accords de coopératio­n.

Tous feront part aux parti‐ cipants de leurs conseils, tout comme l'a fait Mme Palmater en début de sommet.

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