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Qui est en piste pour la présidenti­elle de 2024?

- Frédéric Arnould

Avec l’annonce d’un match revanche plus que pro‐ bable entre Biden et Trump pour 2024, où en sont ces courses démo‐ crates et républicai­nes à la présidenti­elle? Petit rappel de la liste de celles et ceux qui sont en piste et des autres qui se tâtent encore avant de se lancer dans ces courses effrénées, gour‐ mandes en temps, en ar‐ gent et parfois en dignité politique. Joe Biden, le vétéran

Après une trentaine d’an‐ nées passées comme séna‐ teur et huit ans comme viceprésid­ent de Barack Obama, Amtrak Joe, comme il s’est plu à se nommer lui-même en rai‐ son de son utilisatio­n abon‐ dante du train, est l’actuel dé‐ tenteur du record du plus vieux politicien à entrer à la Maison-Blanche et du plus vieux président en exercice. Avec sa candidatur­e attendue pour 2024, il brise encore une fois un autre record, celui de se présenter à plus de 82 ans au poste suprême, du jamaisvu dans l’histoire présiden‐ tielle américaine.

Même si les électeurs sont majoritair­ement peu enclins à souhaiter qu’il tente un deuxième mandat au 1600 de l'avenue Pennsylvan­ia, les dé‐ mocrates et aspirants au poste de son parti n’ont pas le choix de se ranger derrière lui. Les gouverneur­s de la nou‐ velle vague démocrate tels que le Californie­n Gavin New‐ som, la numéro un du Michi‐ gan Gretchen Whitmer et le démocrate pennsylvan­ien Josh Shapiro, à chacun des‐ quels on prête un certain inté‐ rêt pour la Maison-Blanche, devront passer leur tour.

Peu importe qui lui fera face chez les républicai­ns en 2024, la campagne électorale risque d'être bien plus exi‐ geante que celle de 2020, alors que la pandémie avait considérab­lement marqué la cadence des apparition­s de Biden parmi de maigres par‐ terres de partisans, mesures sanitaires obligent.

Les dissidents

Originaire du Texas et vi‐ vant aujourd'hui à Beverly Hil‐ ls, en Californie, Marianne Williamson, l'autrice de plus d'une douzaine de livres de croissance personnell­e, a me‐ né une campagne indépen‐ dante infructueu­se au Congrès en Californie en 2014. Candidate à l’investitur­e dé‐ mocrate en 2020, elle a alors davantage lancé des appels à la guérison spirituell­e que soutenu réellement les élec‐ teurs. Enfin, par sa candida‐ ture à la présidence pour 2024, elle est la première dé‐ mocrate à défier officielle‐ ment le président Joe Biden.

Lors du lancement de sa candidatur­e devant quelques centaines de personnes à Wa‐ shington il y a un mois, elle a déclaré ceci : Nous sommes bouleversé­s par ce pays, nous sommes inquiets pour ce pays, il nous appartient de créer une vision de justice et d'amour si puissante qu'elle l'emportera sur les forces de la haine, de l'injustice et de la peur.

Mme Williamson, 70 ans, a déclaré qu'elle s'opposait à la mentalité du marché libre et au système politique corrom‐ pu. Des slogans faciles, mais offrant peu jusqu’ici de solu‐ tions concrètes à ce qu’elle dé‐ nonce. Ses chances de succès sont évidemment quasi nulles, comme l'indiquera probableme­nt son incapacité à organiser une campagne de financemen­t viable politique‐ ment avant d’arriver aux pri‐ maires démocrates de février prochain.

Un Kennedy dans la course

Robert F. Kennedy fils, au‐ jourd'hui âgé de 69 ans, s'est aussi lancé dans la course aux primaires démocrates. Neveu de l'ancien président, cet an‐ cien avocat spécialist­e de l'en‐ vironnemen­t qui a contribué à l'assainisse­ment du fleuve Hudson s’est surtout récem‐ ment illustré par son opposi‐ tion aux vaccins.

Au grand plaisir des mil‐ lions d’Américains qui adhèrent aux théories du complot, Kennedy a défendu l'idée que les vaccins pour en‐ fants étaient liés à l'autisme et

s'est insurgé contre les obliga‐ tions de vaccinatio­n contre le coronaviru­s et d'autres me‐ sures d'atténuatio­n des pan‐ démies, allant jusqu’à faire un parallèle avec l'Allemagne na‐ zie, ce dont il s'est excusé par la suite.

Lors de son lancement de campagne, RFK fils a large‐ ment évité de parler des vac‐ cins et a préféré mettre en avant des thèmes populistes, dont les déboires auxquels fait face la classe moyenne américaine. Tout comme sa concurrent­e Williamson, la candidatur­e de Kennedy, qui n’a jamais été élu à un poste de pouvoir, n’a aucune chance d’aboutir à autre chose qu’à un coup d’épée dans l’eau.

Donald Trump, le revan‐ chard

Chez les républicai­ns, Do‐ nald Trump a été le premier à s’être déclaré candidat dans une annonce de candidatur­e pour reconquéri­r la MaisonBlan­che, histoire surtout de couper l’herbe sous le pied à d’éventuels concurrent­s sé‐ rieux tels que Ron DeSantis. Son instinct semble lui avoir donné raison puisque le gou‐ verneur floridien, dont la pos‐ sible candidatur­e à l’investi‐ ture se fait toujours attendre, n’arrive pas à décoller dans les sondages pour l'instant face à celui qui a toujours la main‐ mise sur le Parti républicai­n.

Pas plus que Biden, une majorité d’Américains ne sou‐ haitent le voir en piste pour un autre mandat à la MaisonBlan­che, mais là encore les membres du Parti républicai­n (ou le Parti Trump comme le pensent certains d’entre eux) le soutiendro­nt. Soixante-huit pour cent des électeurs répu‐ blicains ont déclaré que les enquêtes qui ciblent l’ancien président sont une tentative politiquem­ent motivée d'arrê‐ ter Trump et qu'aucun autre candidat n'est comme lui, nous devons le soutenir.

Seulement 26 % des répu‐ blicains estiment qu'il est plus important de désigner un candidat qui ne se laissera pas distraire et qui pourra battre Joe Biden.

À moins d’une spirale de mauvaises nouvelles ou d’autres inculpatio­ns domma‐ geables, Trump pourrait, dans l’état actuel des choses, obte‐ nir l’investitur­e républicai­ne sans trop être inquiété par d’autres concurrent­s. Rappe‐ lons qu’une investitur­e est loin d’être le concours de po‐ pularité ultime que repré‐ sente la présidenti­elle améri‐ caine. Et sur ce point, une vic‐ toire de Trump est plus diffi‐ cile que jamais. Disons qu’il se voit déjà comme Grover Cle‐ veland, le 22e puis 24e pré‐ sident des États-Unis, soit le seul commandant en chef à avoir été élu pour deux man‐ dats non consécutif­s.

Nikki Haley, seule dans son coin

Nikki Haley, ancienne gou‐ verneure de la Caroline du Sud et ambassadri­ce des Na‐ tions unies sous Trump, a été la première à se présenter contre Donald Trump à titre de membre d'une nouvelle génération de dirigeants au sein du Parti républicai­n.

Longtemps considérée comme une étoile montante du Parti républicai­n, capable d'éviter certains extrêmes tout en conservant le soutien de sa base, la seule femme dans la course républicai­ne peine à déchaîner les passions partisanes et à attirer les por‐ tefeuilles bien garnis pour sa campagne d'ici les primaires.

Asa qui?

Asa Hutchinson, ancien gouverneur de l'Arkansas pendant deux mandats, est une denrée politique rare chez les républicai­ns, puisqu’il a ouvertemen­t critiqué l'an‐ cien président Trump, notam‐ ment au sujet de la croisade trumpiste contre les résultats de l’élection de 2020. Le seul à avoir demandé au leader dans les sondages à l’investi‐ ture de se retirer de la course.

Même si son expérience politique passée à la Chambre des représenta­nts ou à la tête d’organisati­ons fédérales, comme l'Agence américaine de lutte contre la drogue et la Direction de la sécurité des frontières et des transports du départemen­t de la Sécuri‐ té intérieure, demeurent très pertinente­s, sa candidatur­e, à 72 ans, est considérée comme un dernier coup d’éclat de fin de carrière politique.

Un autre multimilli­on‐ naire dans la course

Une candidatur­e dont on entend peu parler, si ce n’est sur Fox News de temps à autre, est celle de Vivek Ra‐ maswamy, entreprene­ur mul‐ timillionn­aire et auteur.

Fils d'immigrés indiens, cet homme d'affaires prospère se préoccupe des questions so‐ ciales, économique­s et de po‐ litique étrangère. Érudit, sa seule chance de briller pour rester dans la course sera lors du premier débat républicai­n en août prochain. Sinon, sa pertinence risque de s’étioler assez rapidement, million‐ naire ou pas.

Et les autres?

Ancien colistier de Trump, Mike Pence a dit qu'il fera connaître ses intentions pour 2024 d’ici le mois de juin. Hési‐ tant à critiquer clairement Do‐ nald Trump et se limitant à dire qu’il y aura probableme­nt de meilleurs candidats que l’ancien président, Pence, fervent croyant et très conservate­ur, peine jusqu’ici à grimper très haut dans les sondages d’intentions pour l’investitur­e républicai­ne.

De son côté, Tim Scott, élu de la Caroline du Sud, a lancé il y a peu un comité explora‐ toire pour une possible candi‐ dature à l’investitur­e prési‐ dentielle. Un des rares AfroAméric­ains à peut-être se lan‐ cer dans le camp républicai­n, ses performanc­es récentes face aux questions des jour‐ nalistes sur des sujets forcé‐ ment inévitable­s sont loin d'avoir convaincu les élec‐ teurs, par exemple le droit à l’avortement à propos duquel il a été incapable de formuler une réponse claire et précise.

Enfin, Ron DeSantis, cible de choix par excellence de Trump, n’en finit pas de se faire damer le pion par l’an‐ cien président. Tant sur le nombre de soutiens d’élus de la Floride, pourtant son propre État, que sur l’ampleur du financemen­t récemment engrangé, sans oublier les in‐ tentions de vote aux pro‐ chaines primaires républi‐ caines. Se lancera-t-il bientôt pour freiner le mal que lui in‐ flige Donald Trump dans l’es‐ prit des républicai­ns?

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