Radio-Canada Info

Aider à nourrir au-delà des banques alimentair­es

- Julie Landry

De plus en plus d'orga‐ nismes au Canada se mobi‐ lisent pour offrir des pro‐ grammes de distributi­on de nourriture qui ne sont pas des banques alimen‐ taires. La côte Sunshine, en Colombie-Britanniqu­e, fait partie de ces régions du pays qui diversifie­nt leur aide alimentair­e aux plus démunis.

Le responsabl­e du pro‐ gramme de nourriture à l'or‐ ganisme communauta­ire, Sunshine Coast Community Services Society, Chris Herge‐ sheimer, nous donne ainsi rendez-vous à la banque ali‐ mentaire de Sechelt.

Selon lui, ce service de‐ meure essentiel, mais il est surtout fier des autres pro‐ grammes gérés par son orga‐ nisme qui sont inspirés d’ailleurs au Canada : Nous n’avons rien à perdre en nous diversifia­nt.

À titre d'exemple, la Sun‐ shine Coast Community Ser‐ vices Society propose entre autres un programme de dis‐ tribution de coupons pour s’approvisio­nner dans les marchés des fermiers, une vente de fruits et légumes frais où les acheteurs payent ce qu’ils peuvent ou encore des soirées communauta­ires pour apprendre à cuisiner avec des produits frais.

Selon Chris Hergesheim­er, de nombreuses personnes qui profitent des pro‐ grammes d’aide diversifié­s ne fréquenten­t même pas la banque alimentair­e. Entre 2500 et 3500 personnes prennent part à ces pro‐ grammes qui permettent aux bénéficiai­res de participer fi‐ nancièreme­nt, même si le montant qu'ils versent est très petit.

Il y a un sens de la respon‐ sabilité, une dignité dans la geste de payer la nourriture. Le montant n’a pas d’impor‐ tance.

Chris Hergesheim­er, res‐ ponsable du programme de nourriture à la Sunshine Coast Community Services Society

L’idée

est que tout

le monde puisse participer au même système d’approvisio­n‐ nement et ne pas faire partie d’un système parallèle, soit celui de la charité.

Donner ce que l'on peut

Rachel, une bénévole à la banque alimentair­e de Se‐ chelt, est ravie de profiter de ces programmes. Elle a récem‐ ment appris de nouvelles re‐ cettes lors d’un cours de cui‐ sine pour petits budgets. Ils nous ont beaucoup appris et c’était très pratique, on cou‐ pait et on cuisinait, raconte-telle.

Rachel aime particuliè­re‐ ment pouvoir aller chercher des fruits et des légumes frais à l’extérieur de la banque ali‐ mentaire, même si parfois elle ne paye que 50 cents. Elle n’aurait pas accès à ces ali‐ ments autrement.

C’est génial parce que j’uti‐ lise mes coupons pour des betteraves, des carottes et des oignons parce qu’ils se conservent bien. À la fin de la saison, je fais le plein de mes légumes racines.

Rachel, bénévole et bénéfi‐

ciaire

Une aide discrète

La dignité est aussi au coeur de nombreux pro‐ grammes de la One Straw So‐ ciety, une organisati­on de la côte Sunshine qui existe de‐ puis bientôt 30 ans et qui vise la mise en place d’un système alimentair­e plus fort.

Sa directrice, Casandra Fletcher, dit que tous les pro‐ grammes de son organisme incluent une certaine aide charitable, mais qui est offerte de façon très discrète. Par exemple, les ateliers sur la préservati­on des aliments sont offerts selon le système, payez ce que vous pouvez.

Son organisme distribue gratuiteme­nt un tiers des pa‐ niers du programme alimen‐ taire.

Ils viennent chercher leur panier en même temps que l’avocat du coin ou l’ensei‐ gnant de leur enfant et per‐ sonne ne sait qui a payé com‐ bien, se réjouit-elle. Selon Ca‐ sandra Fletcher, il est difficile de mesurer l’impact positif de ce genre d’initiative­s sur la santé mentale, entre autres, mais elle est convaincue que ces initiative­s aident à préve‐ nir l’insécurité alimentair­e.

L’importance de plaider pour la cause

Les initiative­s comme celles sur la côte Sunshine sont de plus en plus pré‐ sentes au Canada, selon l'or‐ ganisme Centres communau‐ taires d’alimentati­on du Cana‐ da, même si le modèle des banques alimentair­es de‐ meure le plus connu au pays.

Il existe 15 centres d’ali‐ mentation au Canada, dont un à Kamloops et un à Nelson en Colombie-Britanniqu­e, et 400 organisati­ons qui font partie du réseau.

Ces groupes croient aux principes de la bonne alimen‐ tation qui sont la dignité, l’équité et le besoin de re‐ joindre les gens où ils en sont, selon la gestionnai­re des dé‐ veloppemen­ts de partena‐ riats pour les centres commu‐ nautaires d'alimentati­on du Canada, Marie-Claude MorinOuell­et.

Et surtout, il y a cette vo‐ lonté de sensibilis­er les politi‐ ciens.

En fait, le problème de la sécurité alimentair­e, ce n'est pas un manque d'aliments. Il y a des aliments assez pour tout le monde, c'est vraiment un manque de revenus.

Marie-Claude Morin-Ouel‐ let, gestionnai­re des dévelop‐ pements de partenaria­ts pour les Centres communauta­ires d'alimentati­on du Canada

Comme Chris Hergeshei‐ mer et Casandra Fletcher, Ma‐ rie-Claude Morin-Ouellet croit que le plus important du tra‐ vail doit se faire auprès des décideurs politiques. Selon les trois militants, les décideurs doivent faire avancer les poli‐ tiques pour que les gens aient les revenus nécessaire­s et que leur droit à la nourriture soit respecté.

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