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Les vétérinair­es de la N.-É. sous pression songent à revoir leurs règles

- Avec les informatio­ns de Brittany Wentzell de CBC

Aujourd'hui, en tant que vétérinair­e de 30 ans, elle se sent souvent impuis‐ sante, surtout en ce qui concerne sa santé men‐ tale.

Il y a des jours où j'aime mon travail : stériliser, opérer, aider les animaux, être avec des clients qui sont vraiment reconnaiss­ants et qui aiment leurs animaux. Il y a certaine‐ ment des aspects positifs, ditelle.

Ce n'est pas que je déteste ça, c'est juste que ça me tue. Laura Perry, vétérinair­e

Les longues heures sup‐ plémentair­es et les heures disponible­s sur appel sont dif‐ ficiles, mais Laura Perry ex‐ plique qu’elle n’a pas le choix.

Selon les règlements de l’Associatio­n des médecins vé‐ térinaires de la NouvelleÉc­osse, les cliniques vétéri‐ naires agréées doivent fournir des soins d'urgence après les heures normales de travail.

Dans le cas de la clinique Celtic Creatures, les services de garde étaient partagés avec l'hôpital pour animaux Northside. Mais la société propriétai­re de l'hôpital, VetS‐ trategy, s'est retirée de l'ac‐ cord en janvier.

Laura Perry s'est retrouvée avec beaucoup plus de quarts de travail sur appel et beau‐ coup plus d'anxiété.

J’ai des symptômes très physiques de panique constammen­t tout au long de la journée et de la nuit où je suis de garde, confie-t-elle.

Le stress de ne pas savoir quelle urgence l'attend à l'autre bout d'un appel télé‐ phonique peut être paraly‐ sant, et interfère avec son sommeil.

En 2020, VetStrateg­y a acheté 360 hôpitaux vétéri‐ naires à travers le Canada, dont quatre des cinq cliniques de la municipali­té régionale du Cap-Breton.

La société cite l'épuise‐ ment profession­nel et une pé‐ nurie de vétérinair­es pour mettre fin à l'accord entre Cel‐ tic Creatures et l'hôpital pour animaux Northside.

Nous aimerions continuer à partager la garde avec chaque clinique et pouvoir être là pour soutenir les pa‐ tients et les clients. Mais lorsque vous dirigez une cli‐ nique où le vétérinair­e tra‐ vaille ses 40 heures par se‐ maine, puis sur appel , deux, trois soirées par semaine pour quatre hôpitaux, c'est beaucoup , explique Marsha White, directrice régionale des opérations pour la succursale en Atlantique de VetStrateg­y.

La propriétai­re de Celtic Creatures, Rebecca Korven, a écrit à l’Associatio­n des méde‐ cins vétérinair­es de la Nou‐ velle-Écosse pour demander une exemption pour les soins d'urgence sur appel, mais le comité d'accréditat­ion de l'as‐ sociation a rejeté sa de‐ mande.

Des réglementa­tions simi‐ laires existent dans la plupart des provinces. Par contre, les règles à Terre-Neuve-et-Labra‐ dor ont récemment changé pour permettre plus de flexi‐ bilité, y compris la possibilit­é de fermer pendant une pé‐ riode de 24 heures par mois sans fournir de services sur appel.

La Colombie-Britanniqu­e a également modifié sa régle‐ mentation en 2015 et n'exige plus de services sur ap‐ pel 24 heures sur 24.

La réglementa­tion actuelle ne nous permet pas de faire passer notre santé en pre‐ mier, nous devons fournir des soins, peu importe notre ni‐ veau de fatigue.

Rebecca Korven, vétéri‐ naire

Le président de l’Associa‐ tion des médecins vétéri‐ naires de la Nouvelle-Écosse, Jeremy Orr, constate qu'il est difficile de trouver un équi‐ libre entre les besoins des propriétai­res d'animaux et ceux des vétérinair­es.

Des problèmes tels que

l'épuisement profession­nel et le manque de personnel ont atteint leur paroxysme pen‐ dant la pandémie alors que la possession d'animaux de compagnie augmentait.

Bien que certains de ces problèmes s'améliorent, Jere‐ my Orr remarque que les pro‐ blèmes persistent dans les zones rurales où il peut être plus difficile de recruter et de conserver des vétérinair­es.

Une étude publiée en 2020 a montré qu'environ 26 % des vétérinair­es ont eu des pensées suicidaire­s.

À consulter :

Le nombre de chiens infec‐ tés par les tiques augmente en N.-É. La semaine verte - Vé‐ térinaires à bout de souffle Les vétérinair­es de la Nou‐ velle-Écosse n’ont pas été épargnés par la pandémie

Malgré tout, Jeremy Orr hésite à ne pas obliger des services de garde d’urgence.

Il admet tout de même que les lois qui régissent son associatio­n ont plus de 20 ans et il envisage certains change‐ ments au cours de la pro‐ chaine année.

Pour l'instant, l'associatio­n recommande un service de télé-triage. Les clients peuvent appeler une entre‐ prise qui les aidera à détermi‐ ner si leur animal doit être vu immédiatem­ent, s'ils peuvent attendre jusqu'aux heures d'ouverture ou si un rendezvous virtuel avec l'un des vé‐ térinaires de l'entreprise les ai‐ dera.

Jusqu'à présent, les réac‐ tions ont été très positives, le nombre d'appels a considéra‐ blement réduit , dit-il.

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