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Soudan : la fenêtre se referme rapidement pour évacuer les Canadiens par avion

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L’opération d’évacuation des Canadiens au Soudan a repris vendredi après des retards causés par des en‐ nuis mécaniques et par la fermeture temporaire de l’espace aérien à Khar‐ toum en raison de coups de feu dirigés vers un avion turc.

Environ 300 Canadiens ont jusqu'à présent été évacués du Soudan, où les combats se poursuiven­t malgré la trêve. La situation sur le terrain est instable, fastidieus­e et parfois imprévisib­le, ce qui complique les opérations de sauvetage.

La fenêtre pour évacuer les gens par avion se ferme ra‐ pidement, a expliqué le viceamiral Bob Auchterlon­ie, des Forces armées canadienne­s, en point de presse. On veut effectuer le plus de vols pos‐ sible pendant qu’elle est tou‐ jours ouverte.

Il y a des sièges pour tous ceux qui voudraient partir maintenant, a pour sa part in‐ diqué Julie Sunday, sous-mi‐ nistre adjointe pour la gestion des urgences à Affaires mon‐ diales Canada.

Le Canada a procédé à deux premiers vols d'évacua‐ tion jeudi au moyen d'avions C-130 Hercules. Ils ont trans‐ porté 117 personnes à Djibou‐ ti, puis sont retournés à Khar‐ toum, la capitale soudanaise.

Deux autres vols ont été effectués vendredi, malgré les conditions difficiles et dange‐ reuses sur le terrain, a expli‐ qué la ministre de la Défense Anita Anand.

Le premier vol de la jour‐ née a été retardé en raison d’un problème mécanique. Le deuxième s’apprêtait à décol‐ ler lorsqu’un avion militaire turc en mission d'évacuation a été la cible de coups de feu en plein vol.

L’avion a été en mesure d'atterrir, mais un membre de l’équipage a été blessé, a indi‐ qué le vice-amiral Bob Auch‐ terlonie. L’espace aérien a été temporaire­ment fermé par la suite. Avec leurs alliés, les au‐ torités canadienne­s tentent d’établir si les tirs étaient déli‐ bérés.

Même si le ciel de Khar‐ toum est de nouveau ouvert, cet événement a changé la donne pour le Canada et les autres gouverneme­nts qui tentent d’évacuer leurs res‐ sortissant­s.

Ça marque un change‐ ment dans la menace à la‐ quelle nous faisons face dans nos opérations, a expliqué Bob Auchterlon­ie. Les risques autour de l’aéroport peuvent changer rapidement et obli‐ ger des ajustement­s au plan d'extraction.

À la recherche d'autres options

La fermeture imminente de l’espace aérien à Khartoum force le Canada et ses alliés à chercher d’autres options pour évacuer leurs citoyens, par voies terrestre et mari‐ time.

En plus des deux avions Hercules, le Canada dispose de deux navires à proximité de Port-Soudan, à 850 km à l'est de Khartoum.

On doit s'assurer qu’un passage sécuritair­e existe pour quitter le Soudan, a affir‐ mé la ministre Anita Anand.

Depuis le début des com‐ bats entre les paramilita­ires des Forces de soutien rapide (FSR) et l’armée régulière, le 15 avril dernier, près de 2000 demandes d’aide d’ur‐ gence ont été formulées au gouverneme­nt canadien en lien avec la situation au Sou‐ dan. En date d’aujourd’hui, 1728 Canadiens se trouve‐ raient dans ce pays.

Près de 400 citoyens et ré‐ sidents permanents cana‐ diens ont demandé une assis‐ tance consulaire. Un fonds d’assistance pour les Cana‐ diens en difficulté à aider au rapatrieme­nt de 87 per‐ sonnes.

Le gouverneme­nt cana‐ dien tente également, avec ses alliés, de contribuer à dé‐ nouer la crise qui sévit au Soudan et qui a fait plus de 500 morts en deux semaines.

C'est une chose de s'assu‐ rer de nos responsabi­lités par rapport aux Canadiens, mais c'est une autre chose de continuer de travailler pour rétablir la paix et la sécurité pour tout le monde au Sou‐ dan, a indiqué le premier mi‐ nistre Justin Trudeau, lors d’une conférence de presse à New York.

Une guerre sans merci

Le conflit oppose les para‐ militaires des Forces de sou‐ tien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo et l'armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane.

Alliés lors du coup d'État d'octobre 2021, les deux géné‐ raux se livrent désormais une guerre sans merci.

Ce putsch avait mis fin à la transition démocratiq­ue qui a suivi la chute du dictateur Omar El-Béchir, déchu en 2019 sous la pression de la rue et emprisonné après 30 ans de pouvoir.

La prolongati­on de la trêve, qui devait se terminer jeudi à minuit, n’empêche pas les deux camps de se livrer de violents combats, notam‐ ment à Khartoum et dans la région du Darfour.

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