À l’Hôpital Chaleur, plus de la moitié des lits occupés par des patients en attente
Les patients en attente d’une place en foyer de soins ou d’autres services occupent plus de la moitié des lits disponibles à l’Hôpi‐ tal régional Chaleur. Une situation qui accapare les ressources de l’établisse‐ ment et qui a de nom‐ breuses conséquences.
Les taux d’occupation dans les hôpitaux du Nou‐ veau-Brunswick atteignent des taux alarmants depuis des années. Il n’est pas rare qu’ils dépassent 100 %. C’est le cas en ce moment à l’Hôpi‐ tal régional Chaleur.
Le 26 avril, le taux d’occu‐ pation des lits était de 110 % dans cet établissement, alors que la moyenne à l’échelle du Réseau de santé Vitalité était de 104 %. La régie qualifie ces taux d’alarmants.
Le taux d’occupation au‐ jourd’hui est plus élevé que lors de la crise de COVID-19, c’est substantiel pour le per‐ sonnel et pour le fonctionne‐ ment de l’hôpital.
Anne-Marie Lavigne, direc‐ trice des activités hospita‐ lières de l'Hôpital régional Chaleur
La situation est dûe en partie au nombre élevé de pa‐ tients hospitalisés qui ont la désignation Niveau de soins alternatifs. Il s’agit de per‐ sonnes qui sont en attente d’une place dans un établisse‐ ment de soins de longue du‐ rée, d’aide à domicile ou de ressources en communauté.
Les NSA, comme ils sont appelés dans le milieu, oc‐ cupent 87 des 144 lits de l’Hô‐ pital régional Chaleur, soit 60 % des lits. L’étage réservé aux chirurgies est durement frappé, selon la directrice des activités hospitalières de l’éta‐ blissement, Anne-Marie La‐ vigne.
Elle explique que la pré‐ sence de ces patients a des impacts réels. Presque tous les lits sont remplis avec des NSA. Chaque jour, on annule des chirurgies parce qu’on n’a pas de place à cause des NSA. Les listes d’attentes viennent de plus en plus longues, ex‐ plique-t-elle.
À l’étage médical – qui est normalement réservé aux pa‐ tients aux prises avec des pro‐ blèmes cardiaques, d’hyper‐ tension, de symptômes post AVC – la totalité des lits (sauf ceux réservés aux soins pallia‐ tifs) sont occupés par des pa‐ tients en attente d’une place en foyer ou d’aide à domicile.
Les conditions sont diffi‐ ciles et les patients sont par‐ fois entassés, parfois jusqu’à cinq par chambre.
Ça veut dire que les pa‐ tients ont beaucoup plus de difficulté pour marcher avec leur marchette, on n’a pas d’espace, explique Anne-Marie Lavigne.
Leur seule façon de sor‐ tir de l'hôpital, c'est de mourir
Les taux d’occupation ont aussi des conséquences néga‐ tives à l’extérieur de l’hôpital. Ils donnent des maux de tête aux médecins de famille, comme la Dre Nathalie Cau‐ chon.
Cette médecin vient de re‐ cevoir un appel. L’une de ses patientes – qui est encore à la maison – ne pourra pas être admise à l'hôpital.
Sa situation est mainte‐ nant critique et il n’y a pas de lit à l’hôpital. Il va falloir faire des miracles pour être ca‐ pable de la rentrer à l’hôpital. Elle ne peut pas rester à la maison, explique-t-elle.
La médecin de famille est à court d'option, elle n’a jamais vu une situation aussi difficile tant pour ces patients que pour ceux qui sont à l'hôpital en attente d’un transfert.
Ils ne se lèvent plus, ils marchent plus, le petit peu de goût de vivre qu'il leur reste, ça s'en va [...] C'est triste à dire, c'est un scandale, mais leur seule façon de sortir de l'hôpital, c'est de mourir. On voit beaucoup beaucoup de patients qui se laissent aller.
Une situation qu'elle attri‐ bue à la difficulté d'avoir une place dans les foyers de soins de la région.
Elle exhorte le ministère du Développement social à in‐ tervenir le plus rapidement possible pour placer les pa‐ tients.
Il faut que les places pro‐ vinciales soient libérées par le gouvernement. S'il faut mettre sous tutelle et bien qu'il le fasse. On est rendu là présentement, la situation est critique. Et puis la population ne va pas accepter que cette situation là perdure, affirme la Dre Cauchon.
À la recherche de solu‐ tions
Le Réseau de santé Vitalité dit pour sa part être en dis‐ cussion avec le gouverne‐ ment pour ouvrir des lits en foyers de soins et pour trou‐ ver des solutions.
Pour la santé de notre hô‐ pital, de nos soins, on ne de‐ vrait pas les accepter. Mais est-ce qu’on a les soins alter‐ natifs disponibles en commu‐ nauté pour ces gens-là?, af‐ firme la vice-présidente princi‐ pale aux affaires médicales de Vitalité, la Dre Nathalie Ban‐ ville.
Elle ajoute que les réseaux doivent travailler avec le gou‐ vernement pour trouver des solutions afin que les patients en attente d’une place en foyer ou d’aide à domicile puissent obtenir le soutien dont ils ont besoin et rester chez eux.
D’après le reportage de Nicolas Steinbach