Élections 2023 : les citoyens exigent une meilleure sécurité des centres-villes

Des mois après le retour de la plupart des travailleurs dans les centres-villes d'Ed‐ monton et de Calgary, les problèmes d'itinérance, de détresse mentale et de toxicomanie sont plus pré‐ sents que jamais. Alors que la campagne électorale se met en branle, Radio-Cana‐ da fait le point sur cet en‐ jeu et les solutions propo‐ sées par les partis.

Le 22 mars dernier, Alex Baril-Blouin revenait de chez une amie à bord du train léger sur rail (LRT) d’Edmonton en début de soirée. À bord de son wagon, tout était calme.

Alors qu’il sortait à la sta‐ tion Corona, il a senti un homme le suivre et, sans crier gare, celui-ci l'a frappé violem‐ ment à la tête avec un balai à vitres.

Il m'a frappé sur la tête du côté droit et tout est devenu blanc, tellement j’étais en douleur.

Alex Baril-Blouin, résident d’Edmonton

L’homme lui a volé son cel‐ lulaire au passage, mais ne s’est pas enfui très loin. Il a été rapidement rattrapé par les policiers, alertés par des pas‐ sants qui attendaient les se‐ cours en compagnie d’Alex.

[Les secours] m’ont amené à l'Hôpital Royal Alexandra, et là, il a été constaté que j'avais besoin de quatre points de suture, que j'avais une frac‐ ture de l'os occipital du côté droit et une ecchymose assez mémorable. Je m'en suis sorti par chance, mais cela aurait pu être pire, laisse tomber le jeune homme.

Ce genre d'attaque non provoquée est exactement ce que bien des Albertains vivant dans les grands centres ur‐ bains craignent. Leur senti‐ ment d'insécurité est accen‐ tué par la hausse des pro‐ blèmes de toxicomanie, de détresse mentale et d'itiné‐ rance dans les centres-villes ces dernières années.

Dans les transports en commun d'Edmonton, par exemple, le nombre d'appels à la police pour violence a bondi de 53 % entre 2021 et 2022.

Guéri de sa blessure, Alex Baril-Blouin est maintenant beaucoup plus vigilant dans les transports en commun.

Je ne pense pas que de juste ajouter des agents de sécurité va être suffisant. C'est une crise des sans-abri, de la santé mentale. C'est un problème avec plusieurs couches. Ça ne va pas dispa‐ raître du jour au lendemain. J'aimerais que ce soit aussi simple, soupire-t-il.

Il veut témoigner de ce qui lui est arrivé pour pousser les politiciens à trouver des solu‐ tions, mais aussi la population à se faire entendre.

C'est bien beau de dire 'ré‐ glez le problème', mais si l'on ne donne pas de solutions, on se retrouve à la case départ.

Alex Baril-Blouin, passager agressé dans les transports en commun

Besoin d’une volonté po‐ litique

La sécurité est le sujet de conversation numéro un des clients de Chad Helm, proprié‐ taire de la boutique de com‐ plets de luxe pour hommes The Helm Clothing, au centreville d’Edmonton.

Selon lui, la situation s’y détériore depuis 2018 et n’a été qu’aggravée par l’exode des travailleurs durant la pan‐ démie de COVID-19. Leur re‐ tour avec la fin du télétravail est pourtant loin d’avoir été une baguette magique.

Les politiciens ont attendu trop longtemps et mainte‐ nant nous faisons face à une crise, dénonce-t-il.

Sa propre boutique a été la cible de plusieurs entrées par effractions et actes de vandalisme au cours des der‐ nières années. Exaspéré, Chad Helm exhorte les politiciens à agir, peu importe leur couleur politique.

Je vois les politiciens et la police qui se montrent mu‐ tuellement du doigt et per‐ sonne ne veut s’attaquer au problème.

Chad Helm, entrepreneur Je veux qu’ils s'assoient en‐ semble et développent un plan clair pour s’attaquer aux problèmes du LRT, mais aussi de consommation de drogue en public. Nous avons aussi besoin d’une solution de long terme, comme du finance‐ ment pour le logement, en plus d’actions qui feront une différence en 90 jours, ex‐ plique Chad Helm, dont l’en‐ treprise fait partie de la Coali‐ tion pour la reprise écono‐ mique du centre-ville d’Ed‐ monton.

Sa présidente, Alexandra Hryciw, estime que ces pro‐ blèmes demandent des ap‐ proches sur tous les fronts, en même temps.

La police n'est pas la seule solution, mais augmenter la présence policière améliore le sentiment de sécurité. Ce que nous vivons est notamment un problème de perception.

Alexandra Hryciw, prési‐ dente de la Coalition pour la reprise économique du

centre-ville d'Edmonton

De nombreux interve‐ nants dénoncent le cercle vi‐ cieux causé par ces pro‐ blèmes de sécurité : ceux-ci font fuir les résidents vers les banlieues, ce qui nuit à la re‐ prise économique du centreville et aggrave les problèmes déjà présents. La revitalisa‐ tion passe donc par un regain de confiance en la sécurité du centre-ville et les attraits qu’il présente.

C’est pourquoi la Coalition pour la reprise économique du centre-ville d’Edmonton réclame un nouveau refuge de jour pour les sans-abri.

Elle veut aussi des investis‐ sements en santé mentale et en lutte aux dépendances ain‐ si que des efforts pour embel‐ lir le centre-ville. Il faut égale‐ ment retirer rapidement les matériaux des chantiers lors‐ qu’ils sont terminés, dit la coa‐ lition, qui travaille à attirer da‐ vantage d’événements d’en‐ vergure comme les prix Junos, qui ont été tenus à Edmonton au printemps.

Pour les projets onéreux comme la construction de lo‐ gements pour les plus vulné‐ rables, par contre, les centresville ont besoin de toute la force de frappe du gouverne‐ ment provincial.

Nous avons besoin que la province présente des solu‐ tions à moyen et long terme, pas seulement des projets-pi‐ lotes. Nous avons bien ac‐ cueilli l'ajout de shérifs et la création d'un groupe de tra‐ vail par le gouvernement, mais nous attendons la suite, mentionne Alexandra Hryciw.

Les citoyens ont donc une attente claire pour le prochain gouvernement : obtenir des résultats.

Les solutions proposées par le Parti conservateur uni

Ajout de 100 policiers à Ed‐ monton et Calgary sur 18 mois (15 M$) Subvention de 5 M$ chaque pour Calgary et Edmonton pour la sécurité et le nettoyage des réseaux de transport en commun Fi‐ nancement additionnel de 8 M$ sur trois ans pour plus d'équipes conjointes de poli‐ ciers et de spécialistes en san‐ té mentale Création d'une Équipe d'appui aux shérifs pour l'appréhension des fugi‐ tifs, composée de 20 em‐ ployés (2 M$)

Les solutions proposées par le Nouveau Parti démo‐ cratique

Ajout de 150 policiers et 150 travailleurs sociaux tra‐ vaillant en équipe (32 M$ don‐ nés aux municipalités)

Investir 10 M$ dans la Gen‐ darmerie royale du Canada pour des équipes spécialisées dans la diminution du crime en milieu rural

Fournir un logement abor‐ dable à 40 000 Albertains vul‐ nérables, dont des sans-abri, en cinq ans

Augmenter le financement pour la santé mentale