Radio-Canada Info

Quand l’intelligen­ce artificiel­le combat la tricherie en classe

- Frédéric Arnould

Alors que des étudiants uti‐ lisent des rédacteurs fan‐ tômes ou l’intelligen­ce ar‐ tificielle comme Chat GPT pour faire rédiger leurs tra‐ vaux, des applicatio­ns dans le domaine de l’éducation traquent ce genre de tri‐ cherie. Une façon de com‐ battre les nuisances de l’in‐ telligence artificiel­le par l'intelligen­ce artificiel­le.

En ce vendredi matin dans une des salles du Collège communauta­ire et technique Somerset de London, dans le sud de l’État du Kentucky, Barry Burkett participe à une table ronde sur l’intelligen­ce artificiel­le. Devant un parterre d’enseignant­s, sa mission est claire, faire comprendre à ses spectateur­s ce que peut faire cette intelligen­ce pas comme les autres.

Que savez-vous de Chat GPT, leur demande-t-il. Avezvous un exemple d’intelli‐ gence artificiel­le à me donner ? Les enseignant­s s’inté‐ ressent mais, comme le com‐ mun des mortels non initiés, ils ne savent pas trop quoi ré‐ pondre.

Avec sa barbe et ses che‐ veux tirés en queue de cheval, le natif du Kentucky leur ex‐ plique qu’il a mis au point une applicatio­n d'intelligen­ce arti‐ ficielle qui pourrait leur être bien utile afin de vérifier si leurs étudiants sont bel et bien les auteurs des travaux écrits qu’ils remettent en classe.

Une triche différente du plagiat

Barry Burkett a fondé Sika‐ nai, une jeune entreprise in‐ novante qui essaie de com‐ mercialise­r Auth+. Notre ob‐ jectif est d'utiliser l'IA pour dé‐ terminer si un étudiant a écrit un document. L'avantage de notre solution est que nous examinons la manière dont une personne a rédigé son travail et l’applicatio­n lui pose des questions en fonction de cela. Peut-il identifier son style d'écriture parmi d’autres ? Peut-il retrouver son conte‐ nu au milieu d’autres travaux ? Se souvient-il de ce qu’il a écrit et de la manière dont il l'a fait ?

L’objectif est donc de véri‐ fier que l’étudiant n’a pas utili‐ sé soit les services d’un rédac‐ teur fantôme – les fameux ghost writers – ou même l’in‐ telligence artificiel­le comme Chat GPT qui peut écrire bien des choses à sa place.

Attention, ce n’est pas des‐ tiné à détecter le plagiat qui est d'ailleurs tout à fait autre chose et plus facilement iden‐ tifiable, selon Burkett.

Des tricheurs démas‐ qués

Afin de démontrer l’effica‐ cité de Auth+, Barry Burkett a fait passer un test à Andrew Reynolds, qui étudie en mar‐ keting et économie à l’Univer‐ sité Northern Kentucky. Pour l’exercice, il lui demande d’uti‐ liser dans ce cas-ci Chat GPT,

donc l'intelligen­ce artificiel­le comme rédacteur fantôme pour rédiger une biographie de Shakespear­e en 500 mots.

Une fois qu’il a soumis son travail dans le système de vé‐ rification, Auth+ va lui poser six questions sur ce qu’il a écrit dans son travail. Des questions sur les informa‐ tions contenues dans le texte, le style d’écriture et certains détails que l’étudiant seul peut connaître si c’est bel et bien lui qui a rédigé le travail demandé.

Et pas question de tergi‐ verser dans ses réponses qu’il doit entrer avec son clavier, il doit le faire en moins de 30 se‐ condes. Donc pas le temps de passer en revue son texte, c’est comme un jeu de rapidi‐ té.

Le verdict tombe quelques instants plus tard. Sans sur‐ prise, Barry Burkett reçoit le rapport de Auth+ qui lui confirme que Andrew a échoué au test. L’intelligen­ce artificiel­le a détecté un taux de 33 % en termes de paterni‐ té du travail, donc il n'est pas l’auteur du document qu’il a soumis. Le jeune Andrew est impression­né. Je pense que c'est le cauchemar de tous les tricheurs. Cela permet de tes‐ ter les gens pour savoir s'ils connaissen­t vraiment le contenu. Et même au-delà, ce‐ la montre si vous avez vrai‐ ment retenu quoi que ce soit de ce que vous avez écrit.

L’industrie du ghost wri‐ ting

Si Barry Burkett s’occupe de la mise en marché de Auth+, à des milliers de kilo‐ mètres de là, quelque part à Londres, le jeune Wasi Khan, d’origine pakistanai­se a eu l’idée de l’intelligen­ce artifi‐ cielle dans la traque des tri‐ cheurs.

Il sait de quoi il parle, puisque pendant plusieurs années, depuis son Pakistan natal, il a écrit une quantité impression­nante de travaux collégiaux et universita­ires pour des étudiants d’un peu partout dans le monde, prêts à payer pour réussir leurs cours.

C’est une industrie pros‐ père au Pakistan et dans d'autres régions du tiersmonde parce que les revenus sont en devises étrangères. Ce secteur, qui aide en quelque sorte les étudiants à tricher, n'est par contre pas payant pour les auteurs fan‐ tômes. En fait, je dirais même qu'il s'agit d'ateliers clandes‐ tins d'écriture où les per‐ sonnes qui dirigent ces entre‐ prises s'approprien­t la ma‐ jeure partie des bénéfices. Pour vous donner un exemple, à l'époque, j'étais payé environ 5 ou 10 cents la page.

Lassé de profiter de ce genre de commerce peu relui‐ sant, il a donc décidé d’utiliser l’intelligen­ce artificiel­le dans Auth Plus pour aider les ensei‐ gnants à détecter ceux qui utilisent les services de rédac‐ teurs fantômes. Ce qui n’est pas une mince affaire, ce qui est selon lui.

En général, les étudiants qui ont triché régulièrem­ent et qui payent quelqu'un d'autre pour faire leur travail à leur place ne cherchent pas forcément de bonne note, ils veulent réussir. Et surtout ne pas se faire prendre avec des notes mirobolant­es peu re‐ présentati­ves de leur talent réel, dans certains cas.

Wasi Khan, créateur de Auth+

Bref, comment appelle-ton un étudiant de médecine qui a fini ses études, peu im‐ porte ses examens acadé‐ miques réussis, qu’il ait triché ou pas ? Un docteur...

Démasquer, mais ne pas punir

Au Collège de Georgetown du Kentucky, Andrew Adler est un des premiers profes‐ seurs qui utilisent Auth + pour identifier les étudiants qui trichent en ayant recours à un ghost writer ou à l’intelligen­ce artificiel­le. Lorsqu’il passe en revue les travaux soumis la semaine dernière par ses étu‐ diants, 87 % ont démontré qu’ils avaient la paternité de leur travail et que 13 % n’ont pas réussi. Son approche n’est toutefois pas punitive envers les étudiants délinquant­s puisqu’il leur laisse le bénéfice du doute.

Je n'utilise pas le résultat en disant vous avez échoué au test de paternité du texte, donc vous avez échoué dans votre travail. Je cherche plutôt à savoir si les étudiants se connaissen­t bien en tant qu'auteurs et s'ils peuvent identifier leur propre langage, car cela les aide à clarifier leurs propres pensées.

Mais surtout, il veut les ai‐ der à leur faire prendre conscience de l’impact de la tricherie sur leur future car‐ rière.

Je leur dis souvent, vous al‐ lez être diplômés de notre ins‐ titution à un moment donné et il y aura une certaine at‐ tente d'un employeur qui di‐ ra, vous avez eu de très bonnes notes dans votre cours, ce qui signifie que vous êtes un rédacteur fantastiqu­e, nous allons donc vous confier un poste important.

Si vous avez utilisé Chat GPT ou un autre service, ou si vous avez triché, l'employeur découvrira que vous n'êtes pas un excellent employé et cela aura des conséquenc­es très négatives pour vous et votre carrière.

Andrew Adler, enseignant au College Georgetown, Ken‐ tucky

Une mement course à l’ar‐

Barry Burkett est confiant de la capacité de sa plateforme Auth+ à garder la ca‐ dence face à l'améliorati­on in‐ cessante de l’intelligen­ce arti‐ ficielle et des Chat GPT de ce monde. Le défi est de taille, car les applicatio­ns sont de plus en plus raffinées et les travaux produits de plus en plus difficiles à analyser pour la tricherie.

Pour Andrew Adler du Col‐ lège Georgetown du Kentu‐ cky, c’est en tout cas une course effrénée qui vaut la peine. Ils utilisent l'intelligen­ce artificiel­le pour combattre l'in‐ telligence artificiel­le, c'est que c'est une course à l'armement du genre, nous devons donc améliorer les détecteurs d'IA.

Si certains établissem­ents canadiens étudient l'option d'utiliser Auth+, seule l'Univer‐ sité du Manitoba l'a testé jus‐ qu'à présent. Pour Sikhanai, le marché américain est en tout cas très prometteur avec ses 4200 établissem­ents collé‐ giaux et universita­ires.

Beaucoup d'enseignant­s n'ont pas le temps de poser des questions à chaque étu‐ diant sur ce qu'il a écrit avant même de commencer à le no‐ ter, explique Barry Burkett. Les applicatio­ns comme Auth+s ne font pas ce que les enseignant­s ne peuvent pas faire mais elles le font à grande échelle, rapidement et efficaceme­nt.

Reste à voir si les collèges et université­s sont prêts à se lancer dès maintenant dans cette bataille contre la triche‐ rie générée par l'intelligen­ce artificiel­le. Andrew Adler lui, a pris sa décision. Je pense qu'il y a une forme d'acceptatio­n à contrecoeu­r du fait que nous allons devoir le faire. Et donc, si vous ne pouvez pas battre l'intelligen­ce artificiel­le, rejoi‐ gnez-la et utilisez-là.

équipes seront à pied d’oeuvre pour nettoyer aujourd’hui, car des déchets se sont accumu‐ lés. On a bon espoir d’ouvrir ces rues ce soir ou demain matin. Les eaux se seront alors retirées , a déclaré le maire Bourcier à Radio-Cana‐ da.

Plus en aval, à Saint-Co‐ lomban, les ponts Canuta et Mackenzie demeurent fermés jusqu'à nouvel ordre en rai‐ son du niveau trop élevé de la rivière du Nord.

Encore de la pluie

Bien que meilleure qu’en début de semaine, la situation météorolog­ique demeure préoccupan­te dans la mesure où on attend encore de 10 à 15 millimètre­s de pluie mer‐ credi dans Lanaudière, les Laurentide­s et la Mauricie, où une demi-douzaine de villes ont déclaré l’état d’urgence.

Des dizaines de routes ont été inondées ou coupées par des affaisseme­nts de sol pro‐ voqués par les fortes crues des derniers jours. L'eau a également envahi des cen‐ taines de maisons dans La‐ naudière, dans les Lauren‐ tides, en Mauricie ainsi que dans Charlevoix.

Au moins 600 résidences sont actuelleme­nt inondées dans l'ensemble du Québec et plus de 1100 autressont iso‐ lées, selon une estimation préliminai­re des dommages.

Villes qui ont déclaré l’état d’urgence dans les Laurentide­s et Lanau‐ dière :

Saint-Côme Sainte-Éméliede-l’Énergie Saint-AlphonseRo­driguez Chertsey Mande‐ ville Saint-Jérôme

nistère de l'Environnem­ent vi‐ sant à faire retirer la neige souillée près de deux se‐ maines après l'événement.

Au moment de publier ce reportage, le ministère de l’En‐ vironnemen­t n’avait quant à lui toujours pas répondu à notre demande d’entrevue.

La Fonderie Horne per‐ siste et signe

Malgré les résultats des tests du ministère de l’Envi‐ ronnement, la Fonderie Horne maintient que ses concentrés de cuivres entre‐ posés à l’extérieur ne contiennen­t pas d’arsenic.

Les concentrés contenant de l’arsenic sont entreposés à l’intérieur en tout temps sur le site de la fonderie. Lors d’échantillo­nnage de pous‐ sières, on peut en effet re‐ trouver de l’arsenic, car celuici provient des émissions at‐ mosphériqu­es du procédé, soutient la Fonderie Horne par courriel.

Dans ce cas-ci on a eu l’équivalent de plusieurs mois d’un coup en quelques jours comme accumulati­on de poussières, estime pour sa part Sébastien Sauvé, ajou‐ tant au passage que la concentrat­ion de contami‐ nants décelée dans les échan‐ tillons du ministère de l’Envi‐ ronnement est particuliè­re‐ ment étonnante.

La Fonderie Horne pour‐ rait d’ailleurs faire l’objet d’une poursuite pénale en lien avec les poussières qui se sont ré‐ pandues dans plusieurs sec‐ teurs de Rouyn-Noranda. Un avis de non-conformité aux normes environnem­entales a déjà été signalé à l’entreprise.

le député bloquiste Maxime Blanchette-Joncas.

On se dirige complète‐ ment vers l’agonie de la re‐ cherche en français au Cana‐ da, estime le député blo‐ quiste, qui croit que le gou‐ vernement fédéral échoue à protéger le français en sciences.

Le gouverneme­nt se targue de vouloir protéger le français au pays, mais en sciences, il manque la cible.

Maxime Blanchette-Joncas, député du Bloc québécois

Volonté du gouverne‐ ment

Le gouverneme­nt Trudeau est conscient que la science en français a besoin d’un coup de main supplément­aire.

Dans son plan stratégiqu­e sur les langues officielle­s dé‐ voilé le 26 avril, Ottawa consacre 8,5 millions de dol‐ lars sur cinq ans au Soutien à la création et à la diffusion d’informatio­n scientifiq­ue en français.

L’objectif consiste à amé‐ liorer l’écosystème de la re‐ cherche en français au Cana‐ da et à soutenir directemen­t les demandes de financemen­t en français [grâce à] un nou‐ veau service d’aide à la re‐ cherche en français.

C'est urgent qu'on ait une stratégie nationale pour ap‐ puyer la recherche en fran‐ çais, sinon les chercheurs francophon­es vont abdiquer complèteme­nt, estime la vicerectri­ce associée à l’Université d’Ottawa.

D'ailleurs, un rapport pu‐ blié en mars dernier soulignait les disparités qui existent entre le français et l’anglais en sciences au pays.

Il est impératif que les de‐ mandes de financemen­t sou‐ mises à tout organisme de fi‐ nancement fédéral soient trai‐ tées et soutenues de la même manière, quelle que soit la langue officielle dans laquelle elles sont rédigées.

Comité consultati­f sur le système fédéral de soutien à la recherche

Cependant, le ministère responsabl­e de ce dossier n’a pas encore élaboré de nou‐ velles pistes de solution.

Le député bloquiste Maxime Blanchet-Joncas juge insuffisan­te la réponse d’Otta‐ wa.

Le gouverneme­nt fédéral ne joue pas son rôle. Il dit vouloir défendre les langues officielle­s, mais il n'y a pas de volonté d'aller de l'avant. C’est le silence radio.

Maxime Blanchet-Joncas, député du Bloc québécois

D’ailleurs, la lettre de man‐ dat du ministre de l’Innova‐ tion, des Sciences et de l’In‐ dustrie, François-Philippe Champagne, ne comprend aucune directive du premier ministre pour améliorer le français dans les sciences au pays.

Avec la collaborat­ion de Mélissa Trépanier et de Ma‐ rie-Chabot Johnson

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