Quand l’intelligence artificielle combat la tricherie en classe
Alors que des étudiants uti‐ lisent des rédacteurs fan‐ tômes ou l’intelligence ar‐ tificielle comme Chat GPT pour faire rédiger leurs tra‐ vaux, des applications dans le domaine de l’éducation traquent ce genre de tri‐ cherie. Une façon de com‐ battre les nuisances de l’in‐ telligence artificielle par l'intelligence artificielle.
En ce vendredi matin dans une des salles du Collège communautaire et technique Somerset de London, dans le sud de l’État du Kentucky, Barry Burkett participe à une table ronde sur l’intelligence artificielle. Devant un parterre d’enseignants, sa mission est claire, faire comprendre à ses spectateurs ce que peut faire cette intelligence pas comme les autres.
Que savez-vous de Chat GPT, leur demande-t-il. Avezvous un exemple d’intelli‐ gence artificielle à me donner ? Les enseignants s’inté‐ ressent mais, comme le com‐ mun des mortels non initiés, ils ne savent pas trop quoi ré‐ pondre.
Avec sa barbe et ses che‐ veux tirés en queue de cheval, le natif du Kentucky leur ex‐ plique qu’il a mis au point une application d'intelligence arti‐ ficielle qui pourrait leur être bien utile afin de vérifier si leurs étudiants sont bel et bien les auteurs des travaux écrits qu’ils remettent en classe.
Une triche différente du plagiat
Barry Burkett a fondé Sika‐ nai, une jeune entreprise in‐ novante qui essaie de com‐ mercialiser Auth+. Notre ob‐ jectif est d'utiliser l'IA pour dé‐ terminer si un étudiant a écrit un document. L'avantage de notre solution est que nous examinons la manière dont une personne a rédigé son travail et l’application lui pose des questions en fonction de cela. Peut-il identifier son style d'écriture parmi d’autres ? Peut-il retrouver son conte‐ nu au milieu d’autres travaux ? Se souvient-il de ce qu’il a écrit et de la manière dont il l'a fait ?
L’objectif est donc de véri‐ fier que l’étudiant n’a pas utili‐ sé soit les services d’un rédac‐ teur fantôme – les fameux ghost writers – ou même l’in‐ telligence artificielle comme Chat GPT qui peut écrire bien des choses à sa place.
Attention, ce n’est pas des‐ tiné à détecter le plagiat qui est d'ailleurs tout à fait autre chose et plus facilement iden‐ tifiable, selon Burkett.
Des tricheurs démas‐ qués
Afin de démontrer l’effica‐ cité de Auth+, Barry Burkett a fait passer un test à Andrew Reynolds, qui étudie en mar‐ keting et économie à l’Univer‐ sité Northern Kentucky. Pour l’exercice, il lui demande d’uti‐ liser dans ce cas-ci Chat GPT,
donc l'intelligence artificielle comme rédacteur fantôme pour rédiger une biographie de Shakespeare en 500 mots.
Une fois qu’il a soumis son travail dans le système de vé‐ rification, Auth+ va lui poser six questions sur ce qu’il a écrit dans son travail. Des questions sur les informa‐ tions contenues dans le texte, le style d’écriture et certains détails que l’étudiant seul peut connaître si c’est bel et bien lui qui a rédigé le travail demandé.
Et pas question de tergi‐ verser dans ses réponses qu’il doit entrer avec son clavier, il doit le faire en moins de 30 se‐ condes. Donc pas le temps de passer en revue son texte, c’est comme un jeu de rapidi‐ té.
Le verdict tombe quelques instants plus tard. Sans sur‐ prise, Barry Burkett reçoit le rapport de Auth+ qui lui confirme que Andrew a échoué au test. L’intelligence artificielle a détecté un taux de 33 % en termes de paterni‐ té du travail, donc il n'est pas l’auteur du document qu’il a soumis. Le jeune Andrew est impressionné. Je pense que c'est le cauchemar de tous les tricheurs. Cela permet de tes‐ ter les gens pour savoir s'ils connaissent vraiment le contenu. Et même au-delà, ce‐ la montre si vous avez vrai‐ ment retenu quoi que ce soit de ce que vous avez écrit.
L’industrie du ghost wri‐ ting
Si Barry Burkett s’occupe de la mise en marché de Auth+, à des milliers de kilo‐ mètres de là, quelque part à Londres, le jeune Wasi Khan, d’origine pakistanaise a eu l’idée de l’intelligence artifi‐ cielle dans la traque des tri‐ cheurs.
Il sait de quoi il parle, puisque pendant plusieurs années, depuis son Pakistan natal, il a écrit une quantité impressionnante de travaux collégiaux et universitaires pour des étudiants d’un peu partout dans le monde, prêts à payer pour réussir leurs cours.
C’est une industrie pros‐ père au Pakistan et dans d'autres régions du tiersmonde parce que les revenus sont en devises étrangères. Ce secteur, qui aide en quelque sorte les étudiants à tricher, n'est par contre pas payant pour les auteurs fan‐ tômes. En fait, je dirais même qu'il s'agit d'ateliers clandes‐ tins d'écriture où les per‐ sonnes qui dirigent ces entre‐ prises s'approprient la ma‐ jeure partie des bénéfices. Pour vous donner un exemple, à l'époque, j'étais payé environ 5 ou 10 cents la page.
Lassé de profiter de ce genre de commerce peu relui‐ sant, il a donc décidé d’utiliser l’intelligence artificielle dans Auth Plus pour aider les ensei‐ gnants à détecter ceux qui utilisent les services de rédac‐ teurs fantômes. Ce qui n’est pas une mince affaire, ce qui est selon lui.
En général, les étudiants qui ont triché régulièrement et qui payent quelqu'un d'autre pour faire leur travail à leur place ne cherchent pas forcément de bonne note, ils veulent réussir. Et surtout ne pas se faire prendre avec des notes mirobolantes peu re‐ présentatives de leur talent réel, dans certains cas.
Wasi Khan, créateur de Auth+
Bref, comment appelle-ton un étudiant de médecine qui a fini ses études, peu im‐ porte ses examens acadé‐ miques réussis, qu’il ait triché ou pas ? Un docteur...
Démasquer, mais ne pas punir
Au Collège de Georgetown du Kentucky, Andrew Adler est un des premiers profes‐ seurs qui utilisent Auth + pour identifier les étudiants qui trichent en ayant recours à un ghost writer ou à l’intelligence artificielle. Lorsqu’il passe en revue les travaux soumis la semaine dernière par ses étu‐ diants, 87 % ont démontré qu’ils avaient la paternité de leur travail et que 13 % n’ont pas réussi. Son approche n’est toutefois pas punitive envers les étudiants délinquants puisqu’il leur laisse le bénéfice du doute.
Je n'utilise pas le résultat en disant vous avez échoué au test de paternité du texte, donc vous avez échoué dans votre travail. Je cherche plutôt à savoir si les étudiants se connaissent bien en tant qu'auteurs et s'ils peuvent identifier leur propre langage, car cela les aide à clarifier leurs propres pensées.
Mais surtout, il veut les ai‐ der à leur faire prendre conscience de l’impact de la tricherie sur leur future car‐ rière.
Je leur dis souvent, vous al‐ lez être diplômés de notre ins‐ titution à un moment donné et il y aura une certaine at‐ tente d'un employeur qui di‐ ra, vous avez eu de très bonnes notes dans votre cours, ce qui signifie que vous êtes un rédacteur fantastique, nous allons donc vous confier un poste important.
Si vous avez utilisé Chat GPT ou un autre service, ou si vous avez triché, l'employeur découvrira que vous n'êtes pas un excellent employé et cela aura des conséquences très négatives pour vous et votre carrière.
Andrew Adler, enseignant au College Georgetown, Ken‐ tucky
Une mement course à l’ar‐
Barry Burkett est confiant de la capacité de sa plateforme Auth+ à garder la ca‐ dence face à l'amélioration in‐ cessante de l’intelligence arti‐ ficielle et des Chat GPT de ce monde. Le défi est de taille, car les applications sont de plus en plus raffinées et les travaux produits de plus en plus difficiles à analyser pour la tricherie.
Pour Andrew Adler du Col‐ lège Georgetown du Kentu‐ cky, c’est en tout cas une course effrénée qui vaut la peine. Ils utilisent l'intelligence artificielle pour combattre l'in‐ telligence artificielle, c'est que c'est une course à l'armement du genre, nous devons donc améliorer les détecteurs d'IA.
Si certains établissements canadiens étudient l'option d'utiliser Auth+, seule l'Univer‐ sité du Manitoba l'a testé jus‐ qu'à présent. Pour Sikhanai, le marché américain est en tout cas très prometteur avec ses 4200 établissements collé‐ giaux et universitaires.
Beaucoup d'enseignants n'ont pas le temps de poser des questions à chaque étu‐ diant sur ce qu'il a écrit avant même de commencer à le no‐ ter, explique Barry Burkett. Les applications comme Auth+s ne font pas ce que les enseignants ne peuvent pas faire mais elles le font à grande échelle, rapidement et efficacement.
Reste à voir si les collèges et universités sont prêts à se lancer dès maintenant dans cette bataille contre la triche‐ rie générée par l'intelligence artificielle. Andrew Adler lui, a pris sa décision. Je pense qu'il y a une forme d'acceptation à contrecoeur du fait que nous allons devoir le faire. Et donc, si vous ne pouvez pas battre l'intelligence artificielle, rejoi‐ gnez-la et utilisez-là.
équipes seront à pied d’oeuvre pour nettoyer aujourd’hui, car des déchets se sont accumu‐ lés. On a bon espoir d’ouvrir ces rues ce soir ou demain matin. Les eaux se seront alors retirées , a déclaré le maire Bourcier à Radio-Cana‐ da.
Plus en aval, à Saint-Co‐ lomban, les ponts Canuta et Mackenzie demeurent fermés jusqu'à nouvel ordre en rai‐ son du niveau trop élevé de la rivière du Nord.
Encore de la pluie
Bien que meilleure qu’en début de semaine, la situation météorologique demeure préoccupante dans la mesure où on attend encore de 10 à 15 millimètres de pluie mer‐ credi dans Lanaudière, les Laurentides et la Mauricie, où une demi-douzaine de villes ont déclaré l’état d’urgence.
Des dizaines de routes ont été inondées ou coupées par des affaissements de sol pro‐ voqués par les fortes crues des derniers jours. L'eau a également envahi des cen‐ taines de maisons dans La‐ naudière, dans les Lauren‐ tides, en Mauricie ainsi que dans Charlevoix.
Au moins 600 résidences sont actuellement inondées dans l'ensemble du Québec et plus de 1100 autressont iso‐ lées, selon une estimation préliminaire des dommages.
Villes qui ont déclaré l’état d’urgence dans les Laurentides et Lanau‐ dière :
Saint-Côme Sainte-Éméliede-l’Énergie Saint-AlphonseRodriguez Chertsey Mande‐ ville Saint-Jérôme
nistère de l'Environnement vi‐ sant à faire retirer la neige souillée près de deux se‐ maines après l'événement.
Au moment de publier ce reportage, le ministère de l’En‐ vironnement n’avait quant à lui toujours pas répondu à notre demande d’entrevue.
La Fonderie Horne per‐ siste et signe
Malgré les résultats des tests du ministère de l’Envi‐ ronnement, la Fonderie Horne maintient que ses concentrés de cuivres entre‐ posés à l’extérieur ne contiennent pas d’arsenic.
Les concentrés contenant de l’arsenic sont entreposés à l’intérieur en tout temps sur le site de la fonderie. Lors d’échantillonnage de pous‐ sières, on peut en effet re‐ trouver de l’arsenic, car celuici provient des émissions at‐ mosphériques du procédé, soutient la Fonderie Horne par courriel.
Dans ce cas-ci on a eu l’équivalent de plusieurs mois d’un coup en quelques jours comme accumulation de poussières, estime pour sa part Sébastien Sauvé, ajou‐ tant au passage que la concentration de contami‐ nants décelée dans les échan‐ tillons du ministère de l’Envi‐ ronnement est particulière‐ ment étonnante.
La Fonderie Horne pour‐ rait d’ailleurs faire l’objet d’une poursuite pénale en lien avec les poussières qui se sont ré‐ pandues dans plusieurs sec‐ teurs de Rouyn-Noranda. Un avis de non-conformité aux normes environnementales a déjà été signalé à l’entreprise.
le député bloquiste Maxime Blanchette-Joncas.
On se dirige complète‐ ment vers l’agonie de la re‐ cherche en français au Cana‐ da, estime le député blo‐ quiste, qui croit que le gou‐ vernement fédéral échoue à protéger le français en sciences.
Le gouvernement se targue de vouloir protéger le français au pays, mais en sciences, il manque la cible.
Maxime Blanchette-Joncas, député du Bloc québécois
Volonté du gouverne‐ ment
Le gouvernement Trudeau est conscient que la science en français a besoin d’un coup de main supplémentaire.
Dans son plan stratégique sur les langues officielles dé‐ voilé le 26 avril, Ottawa consacre 8,5 millions de dol‐ lars sur cinq ans au Soutien à la création et à la diffusion d’information scientifique en français.
L’objectif consiste à amé‐ liorer l’écosystème de la re‐ cherche en français au Cana‐ da et à soutenir directement les demandes de financement en français [grâce à] un nou‐ veau service d’aide à la re‐ cherche en français.
C'est urgent qu'on ait une stratégie nationale pour ap‐ puyer la recherche en fran‐ çais, sinon les chercheurs francophones vont abdiquer complètement, estime la vicerectrice associée à l’Université d’Ottawa.
D'ailleurs, un rapport pu‐ blié en mars dernier soulignait les disparités qui existent entre le français et l’anglais en sciences au pays.
Il est impératif que les de‐ mandes de financement sou‐ mises à tout organisme de fi‐ nancement fédéral soient trai‐ tées et soutenues de la même manière, quelle que soit la langue officielle dans laquelle elles sont rédigées.
Comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche
Cependant, le ministère responsable de ce dossier n’a pas encore élaboré de nou‐ velles pistes de solution.
Le député bloquiste Maxime Blanchet-Joncas juge insuffisante la réponse d’Otta‐ wa.
Le gouvernement fédéral ne joue pas son rôle. Il dit vouloir défendre les langues officielles, mais il n'y a pas de volonté d'aller de l'avant. C’est le silence radio.
Maxime Blanchet-Joncas, député du Bloc québécois
D’ailleurs, la lettre de man‐ dat du ministre de l’Innova‐ tion, des Sciences et de l’In‐ dustrie, François-Philippe Champagne, ne comprend aucune directive du premier ministre pour améliorer le français dans les sciences au pays.
Avec la collaboration de Mélissa Trépanier et de Ma‐ rie-Chabot Johnson