La C.-B. craignait le débat public sur la sécurité du bois massif, selon une note interne
Des documents obtenus par CBC grâce à la Loi sur l’accès à l’information dé‐ montrent que le Bureau de la mise en oeuvre de la construction massive en bois (OMTI), créé par le gou‐ vernement de la ColombieBritannique, avait des in‐ quiétudes quant au débat public sur la construction de bâtiments en bois de six étages et plus.
L’OMTI a vu le jour en 2020. C'est le premier bu‐ reau gouvernemental au monde ayant un mandat large et fort afin de faciliter la construction avec du bois massif. Le bois massif est un matériau utilisé pour rempla‐ cer l'acier et le béton dans la structure des murs porteurs, des planchers et des toits.
Dans une note interne (en anglais) préparée au ministère des Affaires municipales et du Logement datant du 18 août 2020, le Bureau était si préoccupé par un débat pu‐ blic conflictuel qu’il a interdit aux municipalités provinciales de construire des bâtiments de six étages et plus en bois massif, sauf si leur service d’in‐ cendie était d'accord avec elles.
Cela s’inscrit, selon la note, dans sa politique d’harmoni‐ sation organisationnelle, qui cherche à éviter les messages contradictoires sur les avan‐ tages et les désavantages de la construction massive en bois en public.
Toujours selon la note, la stratégie se base sur l’an‐ née 2009, lorsque la construc‐ tion de bâtiments en bois est passée de quatre étages à six étages en Colombie-Britan‐ nique.
À cette époque, dit la note, la couverture médiatique pré‐ sentait des opinions contra‐ dictoires sur le bois, parfois de la part d’autorités d’une même compétence, comme le personnel du département de planification qui accueillait un moyen de densification ur‐ baine plus abordable, alors que les services d'incendie fai‐ saient part de leurs préoccu‐ pations concernant le risque d'incendie.
Une façon de taire les pompiers?
En 2009, au moment de changer le code de construc‐ tion en Colombie-Britannique, plusieurs services d’incendie, dont celui de Victoria, ont ex‐ primé leurs craintes devant la construction massive en bois d’un bâtiment de six étages.
À Richmond, le chef de la prévention des incendies, Dave Clou, avait dit à CBC/Ra‐ dio-Canada qu’il craignait que l’échelle du camion pompier ne soit pas adéquate pour ce type de construction. Deux ans plus tard, un bâtiment de six étages en bois massif construit sous le nouveau code a été la proie des flammes.
Les pompiers n’avaient pas réussi à éteindre le feu.
Keven Lefebvre, le pré‐ sident du comité des codes de l’Association canadienne des chefs de pompiers, dit qu’il n’a jamais vu une poli‐ tique d’harmonisation organi‐ sationnelle comme celle de l’OMTI. J’espère que le Bureau ne muselle pas les gens, ajoute-t-il.
Le chef des pompiers en Alberta explique que la re‐ cherche liée aux bâtiments en bois massif n’avance pas au même rythme que leur construction.
Keven Lefebvre précise qu’auparavant, certaines composantes en bois utili‐ saient des adhésifs qui contri‐ buaient à la défaillance des planchers en cas d'incendie. Il ajoute que, même mainte‐ nant, le Code national du bâti‐ ment n’exige pas que les plan‐ chers tiennent assez long‐ temps pour permettre aux pompiers d’atteindre le 12e étage d’un bâtiment en bois.
Le bois massif, vedette de l’industrie forestière
Le président du Conseil ca‐ nadien du bois, Rick Jeffery, af‐ firme qu’il n’était pas au cou‐ rant de la politique de l’OMTI.
Il estime qu’il n’y a aucune raison de faire taire qui‐ conque a des inquiétudes face aux bâtiments en bois. Pour lui, le bois massif est l’étoile montante de l’indus‐ trie forestière en ColombieBritannique, car il peut ré‐ duire de manière importante les émissions de gaz à effet de serre dans les bâtiments.
Ravi Kahlon, le ministre qui était responsable du dévelop‐ pement du plan stratégique de bois massif publié en 2022 (en anglais), affirme qu’il n’était pas au courant de la politique de l’OMTI ou si elle existe toujours et qu’il ne peut pas faire de commen‐ taires sur la note obtenue par CBC/Radio-Canada.
La porte est ouverte à toute personne qui veut par‐ ler d'un quelconque pro‐ blème. [...] Je pense qu'il est important d'avoir ces discus‐ sions en public.
Ravi Kahlon, ministre du
Logement mentaire
Avec les informations de Curt Petrovich
et leader parle‐