L’Hôpital Chaleur déborde d’aînés, alors que 34 lits d'un foyer à proximité sont vides
Au moment où les hôpi‐ taux du Nouveau-Bruns‐ wick débordent, de nom‐ breux lits demeurent fer‐ més dans les foyers de soins en raison du manque de personnel. C'est le cas à Bathurst, où des dizaines de places sont libres tout près de l'Hôpital régional Chaleur.
Le taux d'occupation de plusieurs hôpitaux de la pro‐ vince est très élevé. À l'Hôpital régional Chaleur, à Bathurst, il était de 110 % à la fin avril, une situation qualifiée d'alar‐ mante par le Réseau de santé Vitalité.
Une des causes de cet en‐ gorgement est le nombre éle‐ vé de patients qui attendent une place dans un foyer de soins ou de l'aide à domicile. Ils occupent plus de la moitié des lits disponibles à l'Hôpital régional Chaleur.
Des places sont pourtant libres dans des établisse‐ ments de soins de longue du‐ rée de la région. Au foyer Notre-Dame-de-Lourdes, tout près de l'hôpital, 34 des 130 lits de niveau 3 sont ac‐ tuellement vides.
Selon la directrice générale de ce foyer de soins, Hélène Roy, cette situation s'explique par le manque d'employés.
Le manque de personnel en soins de santé, c’est une crise qui existe partout dans tous les secteurs, les foyers de soins inclus. Les infirmières auxiliaires sont particulière‐ ment difficiles à recruter. Il nous en manque plusieurs ici.
Hélène Roy, directrice du foyer Notre-Dame-deLourdes
Hélène Roy avance qu'il faudrait qu'elle parvienne à recruter une trentaine d'em‐ ployés, dont au moins cinq ou six infirmières certifiées, pour pouvoir accueillir 130 rési‐ dents.
Impossible de remplir des lits sans personnel sup‐ plémentaire
Les établissements de soins de longue durée sont réglementés par le ministère du Développement social du Nouveau-Brunswick.
Un des critères est l’offre d’un minimum de 3,09 heures de soins par patient aux 24 heures, ce qui rend actuel‐ lement impossible l'admission de nouveaux résidents au foyer Notre-Dame-deLourdes.
On a des normes à respec‐ ter en termes d’heures de soins minimaux qu’un patient doit recevoir et je ne peux pas permettre de donner moins que ça. Ils méritent mieux, ex‐ plique Hélène Roy.
Elle ajoute que la pandé‐ mie a eu un effet majeur dans ce foyer, qui a perdu jusqu’à 70 employés par année au sommet de la pandémie, en 2020-2021.
Il y a eu un exode de per‐ sonnel plus important à ce moment-là, côté épuisement professionnel, changement de carrière, retraite anticipée. Ç'a été majeur cette année-là. Depuis, ça s’est stabilisé, af‐ firme-t-elle.
Les choses semblent tou‐ tefois en voie de se stabiliser. La direction du foyer NotreDame-de-Lourdes envisage être en mesure de faire dix nouvelles admissions au cours des six prochaines se‐ maines.
Un scandale, selon Da‐ vid Coon
Le foyer Notre-Dame-deLourdes
de Bathurst n'est pas le seul dans cette situation. Le chef du Parti vert du Nou‐ veau-Brunswick, David Coon, avance que 280 lits sont fer‐ més dans les foyers de soins de la province en raison du manque de personnel.
C’est un scandale pour les personnes âgées et pour les patients qui sont à l’hôpital, affirme-t-il.
On doit augmenter les sa‐ laires et donner les primes pour augmenter le nombre de places dans les foyers de soins et pour rouvrir les lits qui sont actuellement fermés. Ça, c’est une première étape très importante, dit David Co‐ on.
Cet avis est partagé par la directrice du foyer NotreDame-de-Lourdes, Hélène Roy. Avec ce que les gens du centre hospitalier reçoivent comme incitatifs, c’est un peu difficile pour les foyers de soins de faire compétition. On ne peut pas offrir les mêmes choses, dit-elle.
Comme les verts, les libé‐ raux demandent une amélio‐ ration des conditions de tra‐ vail du personnel des foyers de soins pour, au moins, stop‐ per l’hémorragie dans un pre‐ mier temps.
La province doit aussi ac‐ croître ses efforts en matière de recrutement, disent-ils.
On a vu qu’il y a un mon‐ tant du budget qui a été mis de côté pour faire le recrute‐ ment des infirmières, mais on n’a rien vu dans le [budget du ministère du] Développement social pour recruter, affirme le député libéral de Bathurst– Ouest-Beresford, René Lega‐ cy.
La province dans son en‐ semble a besoin d’infirmières. Si on commence à les démé‐ nager d’une organisation à l’autre, on ne réglera pas le problème à long terme.
René Legacy affirme d'ailleurs que la ministre du Développement social lui a dit que la situation à Bathurst de‐ vrait s’améliorer d’ici à la mimai. Elle lui aurait dit que de 20 à 30 lits devraient être disponibles dans des établis‐ sements de soins de longue durée afin d'accueillir des pa‐ tients de l’Hôpital régional Chaleur.
Les ministres de la Santé et du Développement social n’ont pas répondu à nos de‐ mandes d’entrevue.
D’après le reportage de Nicolas Steinbach