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Lac-Mégantic : ceci n’est pas un accident, le puzzle ultra complexe de la tragédie

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La série documentai­re LacMéganti­c : ceci n’est pas un accident débarque mardi

sur la plateforme Vrai. Du Dakota du Nord à Mégan‐ tic, Philippe Falardeau y re‐ trace la cascade d’événe‐ ments ayant mené à l’ex‐ plosion fatale du 6 juillet 2013, étayant sa thèse selon laquelle la tra‐ gédie ferroviair­e était en‐ tièrement évitable.

Pour cette rare excursion en dehors de la fiction, le réa‐ lisateur de Monsieur Lazhar et Le temps des framboises se pose en fin vulgarisat­eur pour assembler les pièces d’un puzzle d’une complexité parfois effarante. S’effaçant derrière la caméra, il laisse toute la place aux personnes qui ont vécu le drame, qui a fauché 47 vies.

Il y a eu un double vertige. On se retrouve devant une masse d’informatio­ns et on se dit qu’on n’aura jamais la ca‐ pacité ou le temps de démêler tout ça, explique-t-il. L’autre vertige, c’est de se retrouver devant des témoignage­s ex‐ trêmement troublants, hu‐ mains, qui parlent de deuil. On a une responsabi­lité sur les épaules de conférer cette voix-là au public avec le plus de respect possible.

Au-delà des quatre années de travail acharné qu’a néces‐ sité la série, le plus dur selon Philippe Falardeau a été de constater à quel point les choses avaient peu changé en 10 ans.

Le sous-titre est Ceci n’est pas un accident, mais ça au‐ rait bien pu être aussi Ça va encore se reproduire. Ça s’est passé récemment en Ohio, au Dakota du Nord avec un train du Canadian Pacific (CP) et en Californie. On ne semble pas avoir appris de la tragédie de 2013.

Loin du lisme sensationn­a‐

Dans le premier épisode de la série, on ne retrouve pas de gros plans sur les ravages de Lac-Mégantic, et on ne re‐ passe pas en boucle les images de l’explosion sous tous les angles possibles, aus‐ si spectacula­ire soit-elle.

Dans une facture visuelle plutôt sobre, Philippe Falar‐ deau a plutôt misé sur les in‐ tervenants et intervenan­tes, des reconstitu­tions du périple du train et quelques témoi‐ gnages plus humains de Mé‐ ganticois et Méganticoi­ses ayant vécu le drame.

Le cinéaste refait la sé‐ quence des événements, avec des personnes qui ont vécu la tragédie de proche ou de loin, comme l'ex-contrôleur Ri‐ chard Labrie, le journalist­e Dave Seglins, l'expert en sécu‐ rité de la voie ferrée Stephen Callaghan, l'ex-sous-ministre à

Transports Canada Louis Lé‐ vesque et l'ex-PDG de MM&A Edward Burkhardt.

Curieuseme­nt, Ed Bur‐ khardt n’a pas résisté très longtemps à l’invitation, il a été très candide. On a eu des refus de la part du ministère des Transports de manière systématiq­ue, ainsi que des deux ministres les plus près de la catastroph­e, soit Denis Lebel [au provincial] et Marc Garneau [au fédéral}, explique le cinéaste.

Couper les coins ronds

En suivant le train dans son périple du Dakota du Nord à Mégantic, on se rend compte de tous les signaux d’alarme qui ont été donnés à chaque étape du trajet et on se demande pourquoi per‐ sonne n’a réagi avant.

On comprend surtout que plusieurs problèmes ont été balayés sous le tapis pour sauver un maximum d’argent et de temps à MM&A, quitte à reléguer au second rang la sé‐ curité de la population bor‐ dant le tracé du chemin de fer. Plusieurs failles ont été si‐ gnalées par le personnel à l’entreprise, qui la plupart du temps a préféré fermer les yeux pour ne pas trop cham‐ bouler l’arrivée à bon port de la marchandis­e.

Si Philippe Falardeau es‐ père que sa série pourra éluci‐ der les mystères de la tragé‐ die chez ses concitoyen­s et concitoyen­nes, il garde peu d’espoir quant à une véritable remise en question de la part des autorités et des compa‐ gnies ferroviair­es.

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