Projets pilotes d’immigration : des « essais », mais peu de candidats
Lancés en grande pompe par le gouvernement de François Legault, les pro‐ jets pilotes d'immigration visant les préposés aux bé‐ néficiaires, les travailleurs de la transformation ali‐ mentaire ainsi que les ex‐ perts du secteur de l'intelli‐ gence artificielle auraient clairement manqué leur cible, selon le Parti libéral du Québec.
Annoncés dès 2020 par l'ancien ministre de l'Immigra‐ tion Simon Jolin-Barrette, ces programmes devaient per‐ mettre à un maximum de 550 personnes, annuellement et par catégorie, de bénéficier d'un accès rapide vers la rési‐ dence permanente.
Or, comme l'avait déjà dé‐ taillé Radio-Canada quelques mois après le déclenchement de ces projets pilotes, Québec peine à attirer des candidats.
Selon des données gou‐ vernementales, un total de 617 personnes, sur un maxi‐ mum de 1650, ont obtenu un Certificat de sélection du Qué‐ bec (CSQ) au cours de la der‐ nière année financière.
Nombre de CSQ délivrés en 2022-2023 (au 28 fé‐ vrier 2023)
Transformation alimen‐ taire : 8 requérants princi‐ paux, 17 personnes à charge Préposé aux bénéficiaires : 93 requérants principaux, 147 personnes à charge Intel‐ ligence artificielle, technolo‐ gies de l’information et effets visuels : 152 requérants princi‐ paux, 147 personnes à charge
Interrogée jeudi sur ce su‐ jet durant l'étude des crédits budgétaires, l'actuelle mi‐ nistre de l'Immigration a évo‐ qué des essais et quelque chose de nouveau qui doit encore être promu. Il faut faire connaître [ces projets pi‐ lotes] et être patient, a recon‐ nu Christine Fréchette, tout en défendant leur utilité.
C'est en train de donner des résultats. Les chiffres montrent qu'il y a une crois‐ sance intéressante, a-t-elle as‐ suré.
Aux yeux du député libéral Monsef Derraji, c'est un échec.
Trois ans plus tard, pas be‐ soin d'une thèse doctorale pour dire que c'est un échec.
Monsef Derraji, député du Parti libéral du Québec
Ce dernier a accusé le gou‐ vernement Legault d'avoir voulu changer les règles du Programme de l'expérience québécoise, qui a fait l'objet d'une réforme controversée, avant de créer ces projets pi‐ lotes qui devraient désormais prendre fin, a-t-il lancé.
Hors de question de mettre un terme, maintenant, à ces programmes censés du‐ rer cinq ans, a rétorqué Chris‐ tine Fréchette.
Il faut donner le temps qui est estimé au départ pour évaluer la pertinence et les re‐ tombées.
Christine Fréchette, mi‐ nistre de l'Immigration
Cette dernière a refusé également d'assouplir les cri‐ tères d'accès. C’est au terme des programmes pilotes qu’on verra s'il y a lieu de re‐ conduire, annuler, modifier, amplifier [ces programmes], a-t-elle répété.
Pas croire les médias, dit Fréchette
Interrogée par le député Guillaume Cliche-Rivard concernant une éventuelle hausse des seuils d'immigra‐ tion l'année prochaine, la mi‐ nistre Christine Fréchette a clamé qu'il ne faut pas croire tout ce qui est écrit dans les médias.
Pourtant, cette possibilité a été publiquement évoquée par le premier ministre Le‐ gault en novembre dernier, après un reportage de RadioCanada. J’imagine que ça signi‐ fie qu’il ne faut pas croire ce que le premier ministre nous dit, a rétorqué le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Pla‐ mondon, sur Twitter.
S’attaquer au messager est un truc vieux comme le monde. Si la ministre a des exemples précis, des erreurs rapportées par des médias, qu’elle le dise clairement. Si‐ non, en tenant des propos aussi généraux, elle ne fait que contribuer à miner la confiance du public, a de son côté dénoncé ÉricPierre Champagne, vice-pré‐ sident de la Fédération pro‐ fessionnelle des journalistes du Québec.
Plusieurs réformes à ve‐ nir
Au cours de cet exercice annuel, la ministre Fréchette a confirmé qu'une série de ré‐ formes en immigration seront annoncées durant les pro‐ chaines semaines.
Québec vise notamment à améliorer le fait français qui a été en déclin. Un axe impor‐ tant, a-t-elle spécifié, en men‐ tionnant le travail colossal de ses équipes.
Outre un accès à la rési‐ dence permanente qui sera simplifié pour les étudiants étrangers francophones, d'autres programmes seront modifiés. Le gouvernement souhaite par exemple rendre plus facile pour les em‐ ployeurs et les employés de recourir aux programmes d'immigration.
[On veut] essayer de dé‐ ployer de nouvelles passe‐ relles permettant aux gens de passer d’un statut de tempo‐ raire à un statut de perma‐ nent, moyennant bien sûr un certain nombre de critères qui devront être rencontrés, a ajouté la ministre Fréchette, tout en clamant vouloir dans le même temps régionaliser le plus grand nombre d'immi‐ grants possible.