50 ans après la Triple couronne, Ron Turcotte se rappelle son aventure avec Secretariat
Ron Turcotte est un homme fort occupé depuis quelques semaines. Le jo‐ ckey à la retraite enchaîne les entrevues pour parler de son sujet de prédilec‐ tion. Ce n'est pas tous les jours qu'on célèbre un an‐ niversaire aussi important.
Oui, 50 ans, ça ne se crée pas, ce n'est pas croyable!, lance M. Turcotte. Je me de‐ mande où le temps est passé.
Avant de s'asseoir avec Ra‐ dio-Canada Acadie, mercredi, il venait de terminer une en‐ trevue avec Fox Sports qui s'était déplacé chez lui; avant cela, le jockey acadien avait répondu aux appels de l'Asso‐ ciated Press, du Louisville Courier Journal et du Horse Racing News.
À 82 ans, M. Turcotte est le dernier survivant de l'équipe de Secretariat, qui comprenait la propriétaire Penny Chene‐ ry, l'entraîneur Lucien Laurin, le palefrenier Eddie Sweat et Charlie Davis, responsable de l'entraînement.
C'est à lui que revient de raconter la fabuleuse histoire d'un cheval qui fascine encore aujourd'hui.
Pendant cinq semaines, au printemps 1973, Secretariat a fait vibrer les amateurs de sports, passionnés ou non de courses de chevaux.
Un coup de foudre
Ce cheval était si gentil, si généreux et il était vraiment intelligent, extrêmement in‐ telligent, explique le jockey.
Il adorait le monde, puis le monde l'adorait et il l'adore encore aujourd'hui. Ils l'ont adopté dans leurs coeurs.
Ron Turcotte, au sujet de son cheval Secrétariat.
Le jockey donne beaucoup de crédit à la monture. Mais si Sercretariat pouvait parler, il rendrait probablement les compliments à Ron Turcotte.
Originaire de Drummond, dans le nord-ouest du Nou‐ veau-Brunswick, il a grandi en s'occupant des chevaux de la famille.
Lorsque le jockey acadien rencontre Secretariat, c'est le coup de foudre. L'amour au premier coup d'oeil, l'amour à la première sortie : love at first sight, love at first ride, dit-il.
Il sent qu'il a devant lui un grand cheval.
Je le regardais les yeux. Puis, on s'étudiait l'un l'autre, c'était un transfert des émo‐ tions, de l'un à l'autre. Et c'est de même qu'on est venu à se comprendre.
Ron Turcotte
Trois courses, trois vic‐ toires, une consécration
Cette histoire d'amour commence en 1972, lorsque Secrétariat remporte des courses ici et là. Mais c'est vraiment le 5 mai 1973, au Kentucky Derby, qu'un pre‐ mier déclic s'opère auprès des non-initiés.
Mené par Ron Turcotte, il remporte la première de ses trois victoires de la Triple cou‐ ronne.
Pendant cinq semaines, des dizaines de millions de personnes suivent ensuite les courses de chevaux en per‐ sonne ou à la télévision.
Mais, il s'en fallut de peu pour que cet exploit de ga‐ gner la Triple couronne ne se réalise pas.
Je savais qu'il y avait un problème, mais je ne savais pas ce que c'était, se sou‐ vient-il.
Le cheval fait une contreperformance lors du Woods Memorial, deux semaines avec le Derby du Kentucky. Plusieurs émettent des doutes sur Secrétariat et même sur Turcotte.
En fait, Secretariat avait un abcès dans sa gueule. Je ne sais pas pourquoi on ne me l'avait pas dit, se demande le jockey.
Il voulait que je les rassure, qu'on allait gagner avant le Kentucky Derby, explique M. Turcotte.
Je l'ai dit : "Je ne peux pas rien vous promettre. Atten‐ dez demain matin, je vais tra‐ vailler [sur sa préparation] avant le Derby". Ils ont dit, c'est correct, on va attendre.
Ron Turcotte
Une course historique
Ce samedi-là, la course commence mal. Ils sont en 6e place. Mais Ron Turcotte sa‐ vait comment faire avant son complice. Et, jamais il ne lui donne de coups. Il le brosse et le tapote un peu.
Je ne l'ai jamais battu, puis il m'a toujours bien écouté quand je lui demandais pour courir plus vite. Je faisais juste du chirp, ajoute le jockey en imitant des bruits qui res‐ semblent à des petits becs. C'était à peu près tout ce que j'avais à faire.
La stratégie réussit et Se‐ crétariat dépasse les cinq montures devant lui, par l'ex‐ térieur. Cette fin de course ef‐ frénée soulève la foule.
La course du Kentu‐ cky Derby, du 5 mai 1973 (en anglais)
Dans les semaines sui‐ vantes, Secrétariat remporte le Preakness et leBelmont