Un pionnier de RadioCanada au couronnement de la reine Élisabeth II
Au coeur de l’abbaye de Westminster en 1953, il y avait 20 caméras pour cap‐ ter le couronnement de la reine Élisabeth II. La télévi‐ sion venait de naître. La BBC allait montrer au monde entier la puissance et la magie du direct pour un événement d’envergure mondiale.
La radio, moins lourde techniquement, était aussi présente. Deux Britanniques de la BBC, un Français, Jacques Sallebert, et Gérard Arthur, de Radio-Canada, dé‐ crivaient la cérémonie de cou‐ ronnement.
À l’extérieur, sur le par‐ cours du cortège, Judith Jas‐ min et René Lévesque, entre autres, rendaient compte de l’événement.
Les enfants de Gérard Ar‐ thur, Isabelle et Pierre, ont re‐ trouvé tous les documents de préparation à l’émission du couronnement en direct : des textes dactylographiés par Gérard Arthur lui-même sur l’histoire de la monarchie, sur l’abbaye de Westminster, les rites ancestraux de la cérémo‐ nie religieuse, les descriptions déjà placées entre certains passages des hymnes.
Gérard Arthur était un journaliste minutieux, perfec‐ tionniste. Il recevra la médaille du couronnement et un ca‐ deau de Sa Majesté, une chaise de l’abbaye de West‐ minster, en guise de remercie‐ ment.
Le premier correspon‐ dant de guerre de RadioCanada
Gérard Arthur commence à faire de la radio en 1935 à Québec. En 1937, il inaugure la station CBF, le premier poste de Radio-Canada à Montréal, et devient annonceur en chef. Il sera aussi directeur adjoint des programmes du réseau français. Il aura la responsabi‐ lité, entre autres, de la planifi‐ cation de la visite du roi George VI en 1939.
En janvier 1940, il part pour Londres en tant que premier correspondant de guerre francophone du Cana‐ da. Il est envoyé en France qu’il quittera à l’invasion alle‐ mande.
Il devient la voix française de la BBC pour le Canada, mais aussi une des voix de la France libre. Il lit à la radio le fameux discours du général de Gaulle, l’appel du 18 juin, qui n’avait pas été enregistré par la BBC.
En octobre 1941, il est nommé à Ottawa agent de liaison avec le gouvernement pour les programmes de guerre.
Il est revenu au Canada pour mettre sur pied le ser‐ vice international. Puis on voit dans ces notes qui parlaient de guerre psychologique et tout ça, c'est parce qu'il fallait trouver des moyens de com‐ munication avec les troupes canadiennes, mais également si jamais l'Angleterre tombait aux mains des Allemands. Isabelle Arthur
De là est né le service Ra‐ dio-Canada international, dont il est un des fondateurs.
Il a quitté Radio-Canada en 1974, puis il s’est consacré, entre autres, à la promotion du français au Canada et au bilinguisme à la radio et à la télévision. Il est décédé en 1985 à l’âge de 71 ans.
Des images pour les Ca‐ nadiens
Pony Express est le nom de l’opération militaire mise sur pied pour acheminer les images du couronnement jus‐ qu’au Canada.
Les bobines de film ont été transportées le jour même par un bombardier Canberra de la Royal Air Force de l’aéroport d’Heathrow jus‐ qu’à Goose Bay au Labrador.
Un avion-chasseur CF 100 de la Royal Canadian Air Force a pris le relais jusqu’à l’aéro‐ port de Saint-Hubert.
Les enregistrements ont par la suite été transportés par hélicoptère jusqu’à l’édi‐ fice de Radio-Canada à Mont‐ réal pour leur mise en ondes.
À 16 h 15, le premier enre‐ gistrement des cérémonies du couronnement a été diffu‐ sé au Canada, 30 minutes avant les réseaux américains.