Des producteurs de bleuets inquiets et « pas pressés » de s’installer à Tracadie
Plusieurs producteurs de bleuets de la Péninsule acadienne se sentent pris en étau dans le bras de fer qui oppose la province aux opposants à la transforma‐ tion de l'ancien champ de tir de Tracadie. Ils craignent d'être mal ac‐ cueillis quand ils voudront aménager ces terres.
Vingt producteurs de bleuets vont avoir un bail qui leur donne accès à un peu moins d'une centaine d'acres pour cultiver le bleuet.
Ils se sentent pris entre l'arbre et l'écorce, c'est-à-dire entre le gouvernement pro‐ vincial qui veut transformer l'ancien champ de tir pour des raisons économiques et les opposants aux bleuetières qui souhaitent éviter la défo‐ restation de cet espace.
Ces derniers, qui ex‐ priment un attachement fort pour ce vaste territoire, veulent préserver les lieux pour leurs activités et loisirs, notamment la chasse et la pêche.
Des producteurs priment s'ex‐
Entre-temps, les produc‐ teurs qui ont été choisis pour y cultiver le bleuet sauvage ne se bousculent pas pour occu‐ per l'avant-scène médiatique.
Toutefois, certains d'entre eux commencent à s'expri‐ mer, comme Mitch Paulin, qui gère deux entreprises soeurs à Saint-Isidore, Les bleuetières acadiennes et Myrwick Corpo‐ ration. Ces sociétés, proprié‐ tés d'entrepreneurs au Qué‐ bec, vont avoir accès à des terres. D'autres entreprises sélectionnées ne seraient pas locales, comme l'assurait pourtant le gouvernement.
Mitch Paulin a accepté d'exprimer des sentiments qui, selon lui, sont partagés par plusieurs producteurs quant aux tensions qui en‐ tourent l'avenir de l'ancien champ de tir.
On va y aller tranquille‐ ment, là, assure-t-il. On va lais‐ ser un peu de temps passer pour voir ce qui va se passer avec toute cette question-là du camp militaire.
On n'est pas pressés d'en‐ trer avec les machineries aux champs.
Mitch Paulin, directeur des bleuetières acadiennes et de Myrwick corporation
Une entente espérée
Le propriétaire de la Ferme B. Savoie, à Neguac, Bernard Savoie, aura aussi accès à une parcelle de terre. Il n'est pas rassuré non plus.
On pourrait dire qu'on est peut-être des victimes, sug‐ gère-t-il. Si on se présente sur les terres, c'est peut-être nous qui allons être les cibles. Nous, nos employés, nos équipements ou notre famille. Ça nous inquiète certaine‐ ment.
Bernard Savoie n'en veut pas aux protestataires. Il sou‐ ligne que tout le monde se connaît dans la région.
Les gens ne sont pas né‐ cessairement contre l'indus‐ trie, croit-il. Ils sont plutôt in‐ quiets et ne veulent pas de bleuets sur le champ de tir. Je ne retiens aucune pensée né‐ gative sur ces gens-là.
Normalement, le but de contester serait d'arriver à une entente entre le gouver‐ nement et les protestataires.
Bernard Savoie, proprié‐ taire de la Ferme B. Savoie, à Neguac
Des « points chauds »
Mitch Paulin, lui-même amateur de plein air, ap‐ prouve l'idée d'un centre ré‐ créotouristique sur l'ancien champ de tir et parle de coha‐ bitation.
Il souligne que les vingt
producteurs n'ont pas choisi les terres parmi une douzaine de lots qui étaient disponibles à l'entrée de Leech et du côté de Pont-Lafrance, notam‐ ment pour éviter des confron‐ tations.
Ces secteurs, plus proches de communautés, pourraient être le lieu envisagé pour l'ins‐ tallation d'un centre récréo‐ touristique.
Les producteurs ne vou‐ laient pas être dans ces sec‐ teurs-là, révèle-t-il. Oui, ce sont des points chauds.