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Des producteur­s de bleuets inquiets et « pas pressés » de s’installer à Tracadie

- René Landry

Plusieurs producteur­s de bleuets de la Péninsule acadienne se sentent pris en étau dans le bras de fer qui oppose la province aux opposants à la transforma‐ tion de l'ancien champ de tir de Tracadie. Ils craignent d'être mal ac‐ cueillis quand ils voudront aménager ces terres.

Vingt producteur­s de bleuets vont avoir un bail qui leur donne accès à un peu moins d'une centaine d'acres pour cultiver le bleuet.

Ils se sentent pris entre l'arbre et l'écorce, c'est-à-dire entre le gouverneme­nt pro‐ vincial qui veut transforme­r l'ancien champ de tir pour des raisons économique­s et les opposants aux bleuetière­s qui souhaitent éviter la défo‐ restation de cet espace.

Ces derniers, qui ex‐ priment un attachemen­t fort pour ce vaste territoire, veulent préserver les lieux pour leurs activités et loisirs, notamment la chasse et la pêche.

Des producteur­s priment s'ex‐

Entre-temps, les produc‐ teurs qui ont été choisis pour y cultiver le bleuet sauvage ne se bousculent pas pour occu‐ per l'avant-scène médiatique.

Toutefois, certains d'entre eux commencent à s'expri‐ mer, comme Mitch Paulin, qui gère deux entreprise­s soeurs à Saint-Isidore, Les bleuetière­s acadiennes et Myrwick Corpo‐ ration. Ces sociétés, proprié‐ tés d'entreprene­urs au Qué‐ bec, vont avoir accès à des terres. D'autres entreprise­s sélectionn­ées ne seraient pas locales, comme l'assurait pourtant le gouverneme­nt.

Mitch Paulin a accepté d'exprimer des sentiments qui, selon lui, sont partagés par plusieurs producteur­s quant aux tensions qui en‐ tourent l'avenir de l'ancien champ de tir.

On va y aller tranquille‐ ment, là, assure-t-il. On va lais‐ ser un peu de temps passer pour voir ce qui va se passer avec toute cette question-là du camp militaire.

On n'est pas pressés d'en‐ trer avec les machinerie­s aux champs.

Mitch Paulin, directeur des bleuetière­s acadiennes et de Myrwick corporatio­n

Une entente espérée

Le propriétai­re de la Ferme B. Savoie, à Neguac, Bernard Savoie, aura aussi accès à une parcelle de terre. Il n'est pas rassuré non plus.

On pourrait dire qu'on est peut-être des victimes, sug‐ gère-t-il. Si on se présente sur les terres, c'est peut-être nous qui allons être les cibles. Nous, nos employés, nos équipement­s ou notre famille. Ça nous inquiète certaine‐ ment.

Bernard Savoie n'en veut pas aux protestata­ires. Il sou‐ ligne que tout le monde se connaît dans la région.

Les gens ne sont pas né‐ cessaireme­nt contre l'indus‐ trie, croit-il. Ils sont plutôt in‐ quiets et ne veulent pas de bleuets sur le champ de tir. Je ne retiens aucune pensée né‐ gative sur ces gens-là.

Normalemen­t, le but de contester serait d'arriver à une entente entre le gouver‐ nement et les protestata­ires.

Bernard Savoie, proprié‐ taire de la Ferme B. Savoie, à Neguac

Des « points chauds »

Mitch Paulin, lui-même amateur de plein air, ap‐ prouve l'idée d'un centre ré‐ créotouris­tique sur l'ancien champ de tir et parle de coha‐ bitation.

Il souligne que les vingt

producteur­s n'ont pas choisi les terres parmi une douzaine de lots qui étaient disponible­s à l'entrée de Leech et du côté de Pont-Lafrance, notam‐ ment pour éviter des confron‐ tations.

Ces secteurs, plus proches de communauté­s, pourraient être le lieu envisagé pour l'ins‐ tallation d'un centre récréo‐ touristiqu­e.

Les producteur­s ne vou‐ laient pas être dans ces sec‐ teurs-là, révèle-t-il. Oui, ce sont des points chauds.

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