Un nombre record de jeunes capitaines aux Îles pour la pêche au homard
Vingt nouveaux jeunes ca‐ pitaines s'ajouteront aux 305 autres qui partiront en mer des îles-de-la-Made‐ leine, samedi, pour l'ouver‐ ture de la pêche aux ho‐ mards.
Selon la coordonnatrice des activités pour la mise à l'eau des cages, Hélène Ri‐ chard, il s'agit d'un nombre exceptionnel de nouveaux ca‐ pitaines.
Elle affirme qu'il se passe quelque chose de vraiment spécial cette année sur l'archi‐ pel.
On s'entend que dans le monde d'aujourd'hui, on se détache des traditions, de tout ce qui est du côté coeur. Mais présentement, ce qui se passe ici, ça fait longtemps qu'on n'a pas senti ça, ex‐ plique-t-elle.
Elle raconte que toute la communauté madelinienne est fébrile depuis le début de la semaine.
Selon elle, toutes les conversations tournent au‐ tour de l'ouverture de la pêche au homard, même chez les 32 élèves de l’école du vil‐ lage de Grande-Entrée.
Ils ne tiennent pas en place, c'est comme la veille d'une tempête de neige. C’est tout ce dont ils parlent entre eux : le nouveau capitaine, la couleur d'un nouveau bateau, c'est vraiment impression‐ nant! On ne pense plus qu'une culture peut être au‐ tant habitée par les gens en‐ core aujourd'hui, souligne-telle.
Tous les élèves de l’école seront présents au quai ven‐ dredi matin pour faire bénir les petits bateaux en bois qu’ils ont fabriqués, aux cou‐ leurs des vrais bateaux. Ils vont chanter une chanson du village sur la pêche et ils vont aller faire leur propre mise à l’eau de leurs petits bateaux de bois, explique la coordon‐ natrice.
Choisir la mer
Les festivités de cette an‐ née se déroulent sous le thème Choisir la mer.
On a choisi ce thème parce que, au prix que ça coûte, il faut vraiment vouloir le faire ce métier-là!, s’exclame Mme Richard.
Considérant qu’un bateau et tout l’équipement pour la pêche au homard peuvent coûter jusqu’à deux millions de dollars, il faut avoir de la motivation pour trouver cet argent-là quand tu sais que tu es totalement dépendant de la nature, ajoute la coordon‐ natrice.
La pandémie a été un mo‐ tivateur pour ces nouveaux capitaines, selon Mme Ri‐ chard. Les jeunes réalisent que tout est fragile, qu’il n’y a aucune assurance nulle part dans la vie, que si tu ne t'orga‐ nises pas pour être heureux, tu vas passer à côté. C'est offi‐ ciel, explique-t-elle.
Hélène Richard avance que ce qu’elle sent chez les vingt nouveaux capitaines, c’est une envie de vivre heu‐ reux.
Elle leur a demandé pour‐ quoi avoir choisi la mer et chacun a répondu à sa façon, raconte-t-elle.
Plusieurs d’entre eux avaient quitté le monde de la pêche pour devenir agricul‐ teurs ou travailler dans la construction. Ils assistaient aux mises à l’eau des cages et se demandaient pourquoi ils n’y participaient pas.
Ça leur faisait mal de ne pas être là, ajoute Hélène Ri‐ chard.
À 11 h vendredi, Mgr Claude Lamoureux, le nouvel évêque du diocèse de Gaspé procédera à la tradi‐ tionnelle bénédiction des ba‐ teaux au quai de Grande-En‐ trée.
Les homardiers quitteront les quais sur le coup de 5 h sa‐ medi matin, pour la mise à l'eau des cages.
Hélène Richard croit que, comme c'est le cas habituelle‐ ment, de très nombreux Ma‐ delinots et Madeliniennes se‐ ront sur les quais pour voir les feux d’artifice de l’aube et sa‐ luer les pêcheurs.
Elle raconte que les femmes de la communauté ont cuisiné 1150 galettes la se‐ maine dernière pour honorer la tradition.
Il n’y a pas un pêcheur qui prendra la mer sans avoir de galette faite maison dans sa boîte à lunch.
Hélène Richard, coordon‐ natrice des activités pour la mise à l'eau des cages
Selon le président de l'As‐ sociation des pêcheurs pro‐
priétaires des Îles, Mario De‐ raspe, les pêcheurs s'at‐ tendent à une année nor‐ male.
Il y a toujours l'ombre de la baleine noire qui nous plane au-dessus des têtes, s’in‐ quiète-t-il.
Les pêcheurs s’attendent également à de bons prix.